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MSF renvoit en France une infirmière pour comportement scandaleux

[Niger] Malnourished child in the MSF therapeutic centre in Keita, Tahoua region, June 2005.
Liliane Bitong Ambassa/IRIN
Malnourished child at MSF therapeutic centre in Niger
L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a declaré lundi qu’elle renverrait en France une infirmière française qui avait perdu son calme et avait élevé la voix contre une ministre nigérienne alors que cette dernière visitait le centre de nutrition thérapeutique pour enfants malnourris où cette infirmière exerçait.

Un haut représentant du gouvernement a déclaré que l’infirmière française, Annick Cousin, avait été expulsée du Niger sur ordre du ministre de la Santé, Ibrahim Ari, pour « comportement scandaleux vis-à-vis des autorités ».

Le représentant, qui a requis l’anonymat, a révélé à IRIN qu’Annick Cousin avait tenté d’empêcher Zeinabou Ousmane Moulaye, la ministre de la Promotion de la femme et de la Protection de l’enfant, de visiter, le 17 juin dernier, le centre de nutrition thérapeutique de MSF France, situé à Maradi, une ville qui se trouve à 680 km à l’est de Niamey.

Toutefois, Marc Schakal, représentant de MSF France au Niger, a déclaré que le gouvernement, bien qu’il ait vivement protesté contre le comportement de Cousin et exigé que celle-ci quitte Maradi, n’avait pas formellement expulsé l’infirmière du pays.

« Les autorités n’ont pas donné d’ordre officiel d’expulsion », a affirmé Schakal, avant d’ajouter que MSF avait néanmoins décidé de renvoyer l’infirmière en France afin d’éviter d’autres altercations avec les autorités.

Au Niger, MSF gère quatre centres de nutrition thérapeutique pour enfants malnourris. Ces centres ont accueilli cette année plus de 8 700 enfants, selon Schakal. Un cinquième centre devait ouvrir ses portes lundi à Aguie, une ville située à 90 km à l’est de Maradi, selon le représentant de MSF.

L’organisation caritative française a largement contribué à sensibiliser la communauté internationale au sort des quelque 3,6 millions de Nigériens qui risquent d’être touchés par la famine cette année, en raison des dommages causés par la sècheresse et par l’invasion des criquets pèlerins, qui ont dévasté les cultures et les pâturages en 2004.

Selon Schakal, l’incident a débuté lorsque Moulaye a informé MSF, deux heures à l’avance seulement, qu’elle souhaitait visiter le centre dans le cadre de la Journée internationale de l’enfant africain, instaurée par l’ONU.

La ministre est ensuite arrivée, suivie d’une délégation de 25 personnes, comprenant des journalistes. Elle a demandé à distribuer à quelques-uns des 300 enfants traités au centre du lait, des dattes, des biscuits et d’autres aliments qu’elle avait amenés, a-t-il expliqué.

Cousin, qui avait temporairement la charge du centre de nutrition, a essayé d’empêcher Moulaye et ses accompagnateurs de pénétrer en masse dans l’enceinte du centre et de déranger les enfants, a raconté Schakal.

Elle a essayé de les séparer en petits groupes et, surtout, de limiter les visites du service de soins intensifs, qui abritait 30 enfants, a-t-il poursuivi.

Selon Schakal, l’infirmière a également répété que les patients du centre de nutrition suivaient un régime spécial et ne devaient pas recevoir de nourriture supplémentaire. Elle a cependant fini par perdre son calme, ce qui a donné lieu à une discussion houleuse avec la ministre.
Cousin, qui travaillait d’arrache-pied au centre depuis trois mois, a fini par « craquer ». Furieuse, elle a quitté les lieux, laissant un autre membre du personnel s’occuper de la visite, a-t-il poursuivi.

Schakal a déclaré que MSF déplorait cet incident, qui n’a toutefois pas fait obstacle au travail de l’organisation dans ce vaste pays enclavé, deuxième Etat le plus pauvre du monde, selon les Nations unies.

« Notre programme continue pourtant, comme avant », a-t-il expliqué.

Juste après l’incident de Maradi, le gouvernement nigérien a accusé Bernard Kouchner, l’un des fondateurs de MSF, d’avoir exagéré l’ampleur de la mortalité infantile au Niger et d’avoir tenté de ternir la réputation du pays.

Selon l’agence France Presse, Kouchner, ancien ministre français de la Santé, aurait déclaré, lors d’une conférence internationale de fabricants et de revendeurs de produits alimentaires à Budapest le 22 juin dernier que « 30 000 enfants mouraient de faim ou des suites de maladies curables chaque jour au Niger ».
Selon la radio nationale, Ibrahim Ari, le ministre de la Santé nigérien, a déclaré que Kouchner « avait tout bonnement inventé ces chiffres » puisqu’un tel taux de mortalité conduirait à la disparition pure et simple de la population nigérienne.

Le ministre de la Santé, qui a visité le centre de nutrition thérapeutique de Maradi vendredi dernier, aurait déclaré que seuls 6 470 enfants malnourris avaient été hospitalisés cette année, dont 310 étaient décédés.

Une évolution positive par rapport à l’année 2004, au cours de laquelle, selon lui, 573 enfants seraient décédés sur les 9 632 admis dans les centres de nutrition du Niger.

Selon la radio nationale, Ari se serait plaint de la publication « d’informations erronées, dont le seul but est de ternir l’image du Niger ».

Les Nations unies ont sollicité la communauté internationale à hauteur de 16,2 millions de dollars américains afin de faire face à la crise alimentaire au Niger. Néanmoins, la semaine dernière, encore, seul un quart de la somme avait pu être mobilisé.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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