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La famine menace, mais les fonds tardent à arriver

[Niger] A young girl, identified as slaves by Timidria, Niger's leading 
anti-slavery organisation, watch silently at a meeting organised to liberate 7000 slaves, on 5th March, in In Ates in far west Niger, as their masters spoke out stating slavery does IRIN/ G. Cranston
Niger, the poorest country in the world according to the UN
La situation alimentaire des populations nigériennes se dégrade rapidement en cette période de soudure, mais les fonds d’urgence requis pour venir en aide aux populations réduites à consommer des baies sauvages tardent à arriver, ont indiqué des responsables onusiens cette semaine.

De passage à Genève, Jan Egeland, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence a qualifié la crise nigérienne de «l’urgence humanitaire la plus oubliée et la plus négligée».

Il a indiqué que près du tiers des 12 millions de Nigériens sont menacés par la famine. Sur ces derniers, 2,5 millions ont urgemment besoin d’assistance.

Près d’un enfant sur cinq vivant dans les régions de Maradi et Tahoua, au sud du Niger, est malnutri, selon les résultats préliminaires d’une enquête effectuée récemment par l’organisation non gouvernementale Médecins Sans Frontières (MSF).

«Le taux de malnutrition global est alarmant. On est inquiets pour tous les enfants malnutris modérés qui, s’ils n’ont pas à manger, tomberont dans la malnutrition sévère», a déclaré à IRIN Johanne Sekkenes, chef de mission de MSF depuis Niamey, la capitale du pays.

Elle a précisé que MSF avait admis plus de 5000 enfants malnutris dans ses centres de nutrition thérapeutiques depuis le début de l’année, contre 2200 l’année dernière à la même période.

En pleine période de soudure, il existe peu de perspectives d’amélioration.

«La probabilité que la situation s’améliore est quasi nulle car les mois d’avril à septembre sont les plus difficiles pour les populations rurales qui ont de toute façon déjà épuisé leurs stocks de céréales», a expliqué à IRIN depuis Niamey Gian Carlo Cirri, le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) au Niger.

«On assiste à une détérioration de la situation ; il y a un nombre toujours plus élevé de zones et départements où les populations vendent leurs maigres bien personnels, bradent leurs troupeaux, arrivent au bout de leur capacité d’adaptation,» a-t-il ajouté.

Pourtant, les bailleurs de fonds tardent à réagir à l’appel lancé par le gouvernement nigérien et les Nations unies.
«La semaine dernière, nous avons demandé 16,2 millions de dollars de contributions pour le Niger. Jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu la moindre réponse à cet appel. Nous avons urgemment besoin d’aide pour le Niger», a déclaré Egeland.

Le PAM, qui gère déjà un programme régulier d’aide alimentaire, a requis 3,5 millions de dollars pour nourrir les populations jusqu’au mois de septembre. A ce jour, pourtant, l’agence attend toujours le tiers de la somme, selon Cirri.

L’année dernière au Niger, les pluies se sont arrêtées trop tôt, et des nuées de criquets pèlerins se sont abattues sur les pâturages et cultures du pays semi-désertique, provoquant la perte de 15 pour cent de la production céréalière et de 40 pour cent des fourrages du pays d’élevage.

Le prix des céréales a fortement grimpé, tandis que le prix de vente du bétail amaigri a chuté, a expliqué à IRIN Seydou Bacari, le coordinateur de la cellule crise alimentaire du gouvernement.

N’ayant plus rien à manger, les populations du pays majoritairement rural en sont réduites à consommer des racines et fruits sauvages voire à fouiller des fourmilières dans l’espoir de trouver des grains oubliés par les insectes, a expliqué Bacari.

Egeland a affirmé que 150 000 enfants présentent déjà des signes de malnutrition sévère et mourront s’ils ne reçoivent pas d’aide.

Les travailleurs humanitaires présents sur le terrain signalent que la situation se dégrade.

«Le nombre d’admissions [dans les centres de nutrition thérapeutiques] augmente chaque semaine», a déclaré Sekkenes.

Elle a précisé que les trois centres de traitement nutritionnel thérapeutique et les 21 centres ambulatoires gérés par MSF dans les régions de Maradi et Tahoua, au sud du pays, avaient admis respectivement 484 enfants contre 350 la semaine précédente, et 124 enfants contre 66 la semaine précédente.

L’organisation, qui ne comptait en début d’année que le centre de Maradi et sept centres ambulatoires a dû augmenter ses activités et tripler son personnel, passé d’une centaine à plus de 300 personnes.

«Il faut que les autres acteurs sur le terrain agissent concrètement et prennent en charge les autres actions d’urgence pour les enfants malnutris modérés qui, si rien n’est fait, tomberont dans la malnutrition sévère», a déclaré Sekkenes.

Le gouvernement nigérien dispose d’une cellule crise alimentaire qui coordonne les efforts des organisations présentes sur le terrain. De concert avec ses partenaires, il a décidé la vente à prix modéré de 67 000 tonnes de céréales, a expliqué Bacari.

Dans ce cadre, le sac de 100 kg de mil, qui se vend actuellement en moyenne à 20 000 CFA (40 dollars américains), est cédé à 10 000 CFA. Il est aussi vendu au détail.

Cette mesure ne profitera pourtant pas aux ménages les plus démunis.

«L’opération de vente à prix modérés est énigmatique pour les ménages qui n’ont absolument pas de moyens, et nous réfléchissons à un système de crédits», a déclaré Bacary.

Il a précisé que le gouvernement n’envisage de distributions gratuites de nourriture que pour les enfants malnutris et les femmes enceintes pour ne pas affecter les processus endogènes de développement.

La Cellule de Crise Alimentaire a aussi décidé la mise en place de travaux à haute intensité de main d’œuvre sur 300 sites, la mise en place de 660 banques de céréales et 150 banques d’aliments pour le bétail, ainsi que la distribution de semences, a indiqué Bacary.

Mais l’Etat a épuisé les réserves du fonds national d’urgence et compte sur l’assistance de la communauté internationale.

«Les besoins sont énormes, nos finances sont à plat, il nous faut reconstituer le stock national de sécurité, on ne sait pas comment sera la campagne 2005, et il y a l’inconnue de la situation acridienne», a déclaré Bacari.

Il a expliqué que la tombée de pluies précoces à la fin du mois d’avril avait poussé 25 pour cent des paysans démunis à mettre leurs rares semences en terre, mais que l’arrêt des pluies fin avril menaçait fortement ces semis.

Il a en outre précisé que des essaims de criquets pèlerins avaient aussi été observés dans les cieux nigériens.

Les experts de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont indiqué que les pays du Sahel ne connaîtraient pas de grave infestation acridienne cette année. Au Niger pourtant, le danger semble réel.

Mercredi, dans sa mise à jour sur le criquet pèlerin, la FAO a déclaré que plusieurs essaims immatures se déplaçant vers l’Est dans le sud, de Maradi à Zinder et Diffa, où de bonnes pluies sont tombées, ont été observés.

La FAO a également indiqué qu’une reproduction de petite échelle était en cours dans le centre du Niger où éclosions et formation de bandes larvaires ont commencé. Elle a précisé que 420 hectares avaient été traités.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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