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D'anciens adversaires politiques concluent une alliance pour barrer la route à la réélection de Gbagbo

[Cote d'lvoire] Former Prime minister Alassane Ouattara: Will he be able to run for presidential elections in 2004? Abidjan Post
Opposition leader, Alassane Ouattara, has been cleared to run in this year's presidential elections
Les deux figures emblématiques de l’opposition ivoirienne ont mis un terme à leur long différend politique en concluant un pacte visant à battre leur ennemi commun, le président Laurent Gbagbo, aux prochaines élections présidentielles.

Alors que le pays se prépare à organiser d’importantes élections présidentielles le 30 octobre prochain, quatre groupes de l’opposition, dont les deux principaux partis et deux petites formations politiques, ont conclu un accord à Paris en vue de constituer l’alliance du “Rassemblement des Houphouëtiste pour la démocratie et la paix”.

Ce pacte permet aux différentes composantes de l’alliance de présenter leur candidat respectifs à l’élections présidentielle prévue cette année.

Toutefois, si aucun candidat n’obtient la majorité des suffrages au premier tour et qu’un deuxième tour est organisé entre les candidats ayant réuni les plus de voix, les partis de l’alliance s’engagent à reporter leurs voix sur le candidat de l’opposition le mieux placé.

Selon certains diplomates, ce pacte met une forte pression sur Gbagbo qui ne devrait pas réunir 50% des suffrages au premier tour du scrutin.

Le nom de la nouvelle alliance fait référence au premier président élu de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny qui a dirigé cet état d’Afrique de l’ouest autrefois très prospère, de 1960, année de l’indépendance du pays, jusqu’à sa mort en 1993.

Le pacte signé à Paris réunit plusieurs responsables politiques qui, à la différence de Gbagbo, étaient tous très proches de l’homme qu’ils considèrent comme le père de la nation.

Les principaux leaders membres signataires cette nouvelle alliance sont Henri Konan Bédié, le président du Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI) créé par Houphouët-Boigny et Alassane Ouattara, le chef de file du Rassemblement des républicains (RDR).

Les deux hommes vivent actuellement en exil à Paris, mais Konan Bédié fait de temps en temps la navette entre la France et la Côte d'Ivoire.

Deux autres petites formations politiques, l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), créée par l’ancien chef d’état militaire le Général Guéi Robert, et le Mouvement des forces de le l’avenir (MFA) ont aussi paraphé l’accord créant le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix.

Ancien premier ministre originaire du nord de la Côte d’Ivoire, Ouattara jouit d’un important soutien parmi la population de cette région occupée par les forces rebelles depuis que le pays a été coupé en deux en septembre 2002, le sud étant resté sous le contrôle des forces armées nationales ivoiriennes.

Konan Bédié, qui avait succédé au président Houphouët-Boigny a la mort de ce dernier, a dirigé le pays pendant plusieurs années avant d’être destitué par le Général Robert Guéi lors du coup d’état de décembre 1999. Son parti bénéficie d’une grande sympathie au sein des Baoulés, un groupe ethnique originaire du centre de la Côte d’Ivoire.

L’UPDCI, pour sa part, est bien implanté dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, la région d’ou est originaire Robert Guéi.

Les élections d’Octobre seront organisées conformément à l’accord de paix signé à Pretoria le mois dernier entre Gbagbo, le mouvement des Forces nouvelles et les principaux partis de l’opposition.

Cet accord prévoit le désarmement des Forces nouvelles et des milices pro-gouvernementales avant l’organisation de l’élection présidentielle dans ce pays de 16 millions d’habitants.

Le processus de désarmement qui devait démarrer la semaine dernière, débutera en définitive le 27 juin pour se terminer le 10 août.

La nouvelle alliance est une "alternative crédible"

Après la cérémonie de signature du pacte de l’opposition, Ouattara a décrit le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix comme étant "un acte qui va incontestablement changer le cours des choses dans notre pays".

"Nous disposons d’un levier important pour rallier à nous la majorité des suffrages lors des prochaines élections générales parce que notre Rassemblement constitue une alternative sérieuse et crédible", a-t-il ajouté.

Pour certains diplomates et observateurs, une opposition unie et forte aurait toutes les chances de battre Gbagbo et le Front populaire ivoirien (FPI) aux prochaines élections.

"C’est le meilleur projet" a indiqué Abdoulaye Sangaré, rédacteur en chef du journal 24 Heures proche de l’opposition. "Ce seront des élections historiques pour la Côte d’ivoire et il est important que tous les candidats puissent se présenter. Et Gbagbo ne pourra pas en sortir vainqueur sans truquer les élections".

"Mais je ne pense pas que ce soit une alliance désintéressée", a ajouté Sangaré. "C’est une stratégie politique très réaliste".

Quelque soit le candidat qui sortira vainqueur de cette élection, les anciens adversaires politiques Konan Bédié et Ouattara envisagent de constituer un gouvernement élargi, a confié à IRIN un membre de l’opposition qui a requis l’anonymat.

"Bien sûr qu’ils peuvent gouverner ensemble" a-t-il ajouté. "Dans le monde politique ivoirien, tout est possible".

"Un pacte diabolique"

Mais Konan Bédié et Ouattara ont pendant longtemps été des adversaires politiques.

En 1995, Konan Bédié, alors président de la Côte d’Ivoire, avait approuvé le nouveau code électoral conçu tout particulièrement pour écarter Ouattara de la course à l’élection présidentielle de cette année-là.

Economiste de formation et ancien fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI), Ouattara avait été choisi par Houphouët-Boigny pour mettre en œuvre des réformes économiques impopulaires pendant ses dernières années au pouvoir.

Konan Bédié avait également introduit le concept très controversé de l’"Ivoirité" (le concept de citoyenneté ivoirienne), selon lequel tout candidat à la magistrature suprême devait être né de père et de mère ivoiriens, interdisant ainsi le droit de vote aux électeurs qui n’étaient pas d’origine ivoirienne.

Ouattara avait été écarté des deux derniers scrutins présidentiels au motif très contesté que son père était originaire du Burkina Faso, mais, sous la pression grandissante de la communauté internationale, Gbagbo dut se résoudre à autoriser sa candidature pour la prochaine élection d’octobre 2003.

Ouattara et Konan Bédié n‘ont pu se présenter aux élections de 2000 qui ont en définitive opposé Gbagbo au Général Guéi, auteur du coup d’état qui lui a permis d’accéder au pouvoir en 1999.

Guéi s’était autoproclamé vainqueur à l’issue du scrutin, mais après de violentes manifestations de rues il fut contraint de quitter le pouvoir, ouvrant ainsi la voie à la présidence de la république à Laurent Gbagbo.

Guéi fut ensuite assassiné par un commando non identifié en septembre 2002 a la suite de la tentative avortée de coup d’état qui a plongé le pays dans la guerre civile.

La perspective d’une nouvelle alliance entre Bédié et Ouattara a fait l’objet de vives polémiques dans la plupart des quotidiens locaux.

Dans son numéro de mercredi, Notre Voie, le quotidien du parti au pouvoir, le FPI de Gbagbo, a décrit cette alliance comme étant un "pacte diabolique visant à détruire la Côte d'Ivoire".

Le quotidien a publié quelques extraits d’une interview de Konan Bédié en 1999 dans laquelle ce dernier affirmait que Ouattara n’était pas un vrai ivoirien.

"De toute façon, Ouattara est Burkinabé," disait alors Konan Bédié. "Je répète que le président [Houphouët-Boigny] voulait qu’Alassane Ouattara se consacre uniquement à la politique économie du pays".

Alors que la plupart des journaux de l’opposition accueillent favorablement l’idée de l’alliance, le journal indépendant L'Inter fait part de sa surprise face à cette alliance contre nature, indiquant à demi-mot qu’elle a des relents d’opportunisme.

'Le PDCI, le RDR et les autres formations disent qu’ils adhèrent à cette alliance par respect pour les valeurs Houphouëtistes que sont la paix, l’amour et la fraternité'. Mais pendant 10 ans, ces valeurs ont rarement été défendues dans le monde politique ivoirien' note le quotidien.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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