Début novembre, l’agence des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avait déjà prévenu que la Mauritanie risquait de perdre 50 pour cent de sa production céréalière, après le passage des essaims de criquets dans les plantations de ce pays d’Afrique de l’ouest désertique.
Confirmant les prédictions de la FAO, le directeur de l’Agriculture, Hmalla Moma, a confié à IRIN jeudi que la Mauritanie accuserait un déficit céréalier d’environ 190 000 tonnes l’année prochaine.
Pour y faire face, les autorités mauritaniennes ont fait appel à la communauté internationale et demander d’urgence 84 000 tonnes de céréales et 27 000 tonnes de produits alimentaires pour venir en aide aux 2,8 millions d’habitants du pays.
"Nous avons été envahis par les criquets une bonne partie de l’année et en plus les pluies n’ont pas été abondantes," a indiqué Moma depuis Nouakchott.
"C’est un cocktail explosif... une situation qu’on peut réellement qualifier de catastrophique."
Mais la famine ne menace pas seulement les paysans. La survie des 17 millions de chameaux, de bœufs, de chèvres et de moutons, dont dépendent les populations nomades mauritaniennes pour leur subsistance, est également en question.
Selon certains experts agricoles, les pâturages clairsemés des zones désertiques ont aussi été rasés par des criquets voraces, au grand désespoir des bergers nomades qui n’ont plus d’herbe pour le bétail.
"Le pâturage n’était pas abondant en raison d’une mauvaise saison des pluies, mais le peu d’herbe qu’il y avait a été rasé," a fait remarquer Moma.
"Nous demandons aussi 135 000 tonnes d’aliment pour bétail," a t-il ajouté.
A en croire certains hauts fonctionnaires de la FAO, la demande d’aide de la Mauritanie a été formellement introduite lors d’une réunion des autorités gouvernementales avec les ambassadeurs étrangers en poste à Nouakchott.
Selon Mohamed Abdallahi Ould Babah, directeur mauritanien de la campagne contre le péril acridien, près de 1,6 millions d’hectares ont été infestés par les criquets au plus fort de la crise en août.
Les criquets, qui peuvent manger chaque jour leur poids en nourriture, ont envahi tout le pays. Même le gazon du stade national de football à Nouakchott n’a pas été épargné lors des passages répétés des essaims de criquets sur la capitale.
Les résidents ont tenté en vain de brûler des ordures, des pneus et des feuilles mortes pour produire de la fumée censée éloigner les essaims de criquets jaunes.
Certains paysans ont accusé les autorités de n’avoir rien fait pour maîtriser le péril acridien. En septembre dernier, au cours d’un voyage de trois jours dans la région sud de la Mauritanie, particulièrement touchée par l’invasion des criquets, le correspondant d’IRIN n’a rencontré aucune équipe mauritanienne chargée de lutter contre les criquets.
Le programme de lutte contre le péril acridien n’a démarré en fait qu’au mois d’octobre, après que les donateurs occidentaux aient envoyé plusieurs avions d’épandage et des insecticides et que le Sénégal, pays voisin, ait dépêché des équipes d’assistance pour intervenir à l’intérieur du territoire mauritanien.
Si la plupart des essaims ont migré en direction du nord, vers le désert du Sahara et loin des zones de culture du sud mauritanien, les criquets n’ont pas totalement disparus.
"Nous avons encore quelques essaims dans la région du sud-est," a indiqué à IRIN Ould Babah, le responsable de la lutte antiacridienne
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