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Le rapatriement des réfugiés suspendu suite aux émeutes sanglantes

[Liberia] Monrovia city - religious clashes - October 2004. WFP
Un couvre-feu est toujours en place à Monrovia
Les travailleurs humanitaires ont suspendu leurs programmes de rapatriement des réfugiés libériens suite aux violents affrontements qui ont éclaté dans la capitale Monrovia et causé la mort de 16 personnes.

Les émeutes, les plus violentes dans le pays depuis la fin de la guerre civile il y a un an, ont éclaté jeudi soir dans la banlieue Est de Paynesville, à la suite d’un conflit foncier qui a rapidement dégénéré en violence généralisée, des jeunes armés de bâtons, de couteaux et de bouteilles cassées mettant le feu aux voitures et aux immeubles.

Le gouvernement de transition du Liberia a imposé un couvre-feu général, mais les affrontements ont repris de plus belle dimanche, le dernier jour du programme de désarmement du pays.

La mission des Nations Unies pour le Liberia (MINUL) a indiqué lundi que 16 personnes ont été tuées au cours des émeutes et 208 autres blessées dont 47 gravement.

«La plupart des grands hôpitaux de la ville sont pleins de blessés,» a indiqué à IRIN un médecin de l’hôpital principal de Monrovia. Il a ajouté que de nombreuses victimes présentaient des blessures causées par des objets métalliques tranchants et des pierres.

D’après la MINUL, 250 personnes ont été arrêtées, certaines pour meurtre, d’autres pour incendie volontaire ou pour non-respect du couvre-feu.

En raison de l’instabilité qui prévaut dans la capitale, les Nations Unies ont provisoirement suspendu leur programme de rapatriement des réfugiés libériens se trouvant en Guinée et de retour des personnes déplacées à l'intérieur du Liberia.

«Nous suspendons le programme de rapatriement prévu aussi bien pour les réfugiés que pour les personnes déplacées en raison de l’insécurité qui prévaut dans la capitale Monrovia,» a indiqué à IRIN Francesca Fontanini, le porte-parole de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Liberia.

A compter de lundi, et jusque fin décembre, le HCR envisageait de rapatrier le tiers des 300 000 libériens ayant fui leur village pour s'installer dans les camps de réfugiés installés à la périphérie de la capitale.

Toutefois, les autorités n’ont pas indiqué si les récents événements allaient remettre en question cette échéance.

En 14 ans de guerre civile, 350 000 personnes se sont également par ailleurs réfugiées dans les pays voisins du Liberia. En Guinée par exemple, les 200 personnes qui espéraient retourner chez elles ce week-end n’ont pu effectuer le voyage de retour.

«Les événements qui se déroulent actuellement dans le pays ne sont pas rassurants, et il serait contraire à notre politique de rapatrier des réfugiés dans un pays qui n’est pas sécurisé,» a indiqué samedi à IRIN un délégué du HCR présent dans la capitale guinéenne Conakry.

La Guinée, qui connaît elle-même une période d’instabilité, est le pays qui a accueilli le plus grand nombre de réfugiés libériens; l’ONU estime à 58 000 le nombre de ressortissants libériens vivant actuellement dans le pays.

Le Liberia tente de se reconstruire après 14 ans d’une guerre civile qui a détruit les infrastructures du pays et paralysé son économie.

Selon l’ONU, quelques 95 000 ex-combattants ont été désarmés dans le cadre du programme de démobilisation, soit plus du double du nombre envisagé.

Toutefois, nombre de critiques ont fait remarquer que seul le tiers des ex-combattants désarmés ont en fait restitué une arme ? Les autorités ont fait savoir qu’elles n’avaient pas les moyens financiers de réintégrer toutes les personnes qui se sont présentées.

Avertissement

" La concentration des ex-combattants à Monrovia, capitale déjà fort encombrée et dépourvue de possibilités d’emploi représente une menace grave pour la sécurité nationale”, rapporte un document soumis aux bailleurs de fonds internationaux par les Nations Unies et le gouvernement libérien qu’IRIN a réussi à se procurer.

Dans un premier temps, on a pensé que les émeutes de la semaine dernière trouvaient leur origine dans des différends religieux, mais les autorités comme les diplomates et les résidents de la ville réfutent cette thèse, affirmant que des anciens combattants en mal de violence sont derrière les troubles.

"Les enquêtes ont révélé que ce ne sont ni des musulmans qui ont incendié les églises, ni des chrétiens qui ont mis le feu aux mosquées”, a declaré dimanche Gyude Bryant, le président transitoire du Libéria, sur les ondes de la radio libérienne.

"Nous avons déjà identifié les auteurs de ces actes … et nous les poursuivrons, » a-t-il ajouté, sans plus de précisions.

Jacques Klein, le représentant des Nations Unies s’est montré plus direct.

"Ce à quoi on assiste, c’est à l’agonie du (vieux) régime,” a-t-il declaré à la BBC. "Le bon vieil argument ethnique ne faisant plus recette, ils recourent aujourd’hui à l’argument religieux. »

Stephen Lincoln, un résident de la banlieue secouée par les violences, partage l’opinion selon laquelle l’argument religieux sert en fait à masquer les tensions politiques existant entre le mouvement rebelle des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD), dont les recrues sont pour la plupart issues du groupe ethnique majoritairement musulman des mandingues, et les partisans de l’ancien président Charles Taylor.

"D’anciens combattants du LURD, essentiellement des mandingues, attaquent les personnes d’une autre tribu qu’ils perçoivent comme des chrétiens, et parmi lesquels on dénombre beaucoup d’anciens combattants de Taylor », a-t-il déclaré.

Des témoins ont affirmé à IRIN que les forces de maintien de la paix avaient arrêté près de 80 personnes qui se trouvaient au domicile de Philip Kamara, un ancien commandant du LURD.

Des soldats de maintien de la paix lourdement armés, appartenant au contingent de 15 000 casques bleus déployé au Liberia patrouillaient encore dans les rues de Monrovia lundi.

Les magasins et banques avaient repris leurs activités mais les écoles gardaient leurs portes closes tandis que nombre de résidents choisissaient de rester chez eux.

Selon UNMIL, un calme relatif est revenu dans la capitale, mais le couvre feu reste en vigueur entre 16.00 et 7.00 jusqu’à nouvel ordre.

Pour les diplomates, un retour à la violence pourrait effrayer des bailleurs de fonds qui n’ont déjà pas fourni la totalité des fonds nécessaires pour reconstruire le pays.

"Le Liberia ne peut se permettre de retourner aux chapitres sombres de la guerre et de la violence,” a averti Abdulsalami Abubakar, le général nigérian qui a aidé à négocier la paix au Liberia.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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