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Le parti de Gbagbo exige la démission du Premier ministre

[Cote d'Ivoire] Former prime minister Pascal Affi N'Guessan is the leader of the ruling party.
IRIN
L'ancien premier ministre Pascal Affi N'Guessan
Le président du Front populaire ivoirien (FPI), parti du président Laurent Gbagbo, a demandé au Premier ministre Seydou Diarra de démissionner de ses fonctions, après le non démarrage du processus de désarmement des ex-combattants ivoiriens prévu le 15 octobre.

Dans une conférence de presse tenue samedi dernier, l’ancien premier ministre et président actuel du FPI, Pascal Affi N’Guessan, a demandé au premier ministre Diarra de tirer les leçons de la situation et de démissionner de ses fonctions.

Selon Affi N’Guessan, le gouvernement de réconciliation nationale élargi dirigé par Diarra doit être dissous car il n’a eu aucune réaction face au refus des rebelles de désarmer.

Il a par ailleurs exhorté la population à se préparer à une possible reprise des hostilités face aux rebelles qui occupent le nord du pays depuis le début de la guerre civile, il y a deux ans.

Le FPI et ses alliés «demandent au premier ministre de consensus, Monsieur Seydou Elimane Diarra, de faire preuve de courage et de dignité pour démissionner de ses fonctions sans délai,» a indiqué Affi N’Guessan.

Dans le même temps, il a demandé au président Gbagbo de «mettre en place un gouvernement de sauvegarde nationale.» Affi N’Guessan a indiqué lundi à IRIN que ce «gouvernement serait composé de patriotes qui seraient prêts à se battre pour l’intégrité du territoire et la réconciliation nationale.»

Dans sa conférence de presse de samedi dernier, le président du FPI a demandé au président Gbagbo «de mobiliser et d’engager sans attendre tous les moyens politiques, diplomatiques et militaires en vue de libérer les zones occupées et de restaurer l’intégrité du territoire et l’autorité de l’état.»

A la question de savoir si cela signifiait qu’il optait pour une solution militaire à la crise actuelle, Affi N’Guessan a déclaré à IRIN : «Tous les moyens sont bons. La solution militaire est une éventualité.»

Les Forces Nouvelles et les partis d’opposition à l’assemblée nationale ont immédiatement condamné la déclaration d'Affi N’Guessan, l’accusant d’envenimer encore plus une situation politique déjà tendue.

«Il ne fait que jeter de l’huile sur le feu,» a déclaré Alphonse Djedje-Mady, le porte-parole officiel du G7, une alliance des partis d’opposition et du mouvement des Forces nouvelles. «Nous n’avons pas besoin de cela pour la paix,» a t-il conclu.

Selon certains diplomates, Affi N’Guessan, premier ministre de Gbagbo de 2000 à mars 2003, est un proche confident de Gbagbo qui se fait souvent le porte-voix de positions très dures que Gbagbo lui-même n'ose exprimer.

Jusqu’à présent, Gbagbo n’a fait aucun commentaire sur la dernière sortie d'Affi N’Guessan et n’a pas pris la décision de renvoyer le premier ministre Diarra qui est considéré par la communauté internationale comme le faire-valoir du processus de paix en Côte d’Ivoire.

«Ils ont lancé un ballon d’essai,» a déclaré un professeur d’université à Abidjan, car selon lui, Affi N’Guessan exprime tout haut un avis largement partagé au sein du parti du président.

Certains diplomates tentant désespérément d’éviter que la Côte d’Ivoire ne retombe dans un conflit, en sont à se demander si Gbagbo peut sérieusement envisager de se séparer de son premier ministre.

Une telle décision serait un accroc majeur aux accords de paix de Linas-Marcoussis signés sous l’égide de la France et qui ont servi jusqu’à présent de plan de sortie de crise.

Avec ses 4000 soldats de maintien de la paix présents en Côte d’Ivoire, la France a déclaré officiellement lundi qu’elle soutenait le premier ministre.

« Nous continuons d’apporter notre soutien au premier ministre de la réconciliation nationale,» a indiqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à l’AFP. D'après lui, les accords de paix de Marcoussis signés en janvier 2003 sont le seul moyen pour résoudre la crise et amener la Côte d’Ivoire aux élections prévues l’année prochaine.

Le discours d’Affi N’Guessan n'a provoqué aucune réaction immédiate des patriotes, ces groupes de jeunes miliciens, partisans de Gbagbo, qui se sont souvent attaqués aux sympathisants supposés des ex-combattants dans le sud de la Côte d’Ivoire et ont exigé une action militaire pour reconquérir le Nord.

Le chef des Jeunes patriotes, Charles Blé Goudé, est porté malade depuis plusieurs jours. Il serait hospitalisé et se remettrait d’une maladie qui n’a pas été révélée, selon la presse pro-gouvernementale.

Le cabinet du premier ministre a lancé un appel au calme. Dans un bref communiqué, le premier ministre a fait savoir qu’il consultera dans les prochains jour les parties à la mise en œuvre de l’accord de paix de Linas-Marcoussis et l’accord d’Accra III du 30 juillet censé remettre sur les rails l’accord de Marcoussis.

Il a par ailleurs indiqué que, à l’issue de ces consultations, il «délivrera une importante déclaration sur la situation socio-politique.»

L’accord de Marcoussis a permis à Diarra, un ancien haut-fonctionnaire de l’état, sans étiquette politique, de prendre la direction d’un gouvernement de partage du pouvoir composé de membres du FPI, de l’opposition parlementaire et du mouvement des Forces nouvelles.

Son gouvernement est chargé d’appliquer les réformes politiques, de superviser le désarmement des ex-combattants et de préparer la Côte d’Ivoire à de nouvelles élections présidentielles prévues pour octobre 2005.

Mais Gbagbo et le FPI ont constamment entravé l’application des réformes politiques.

En réaction, les Forces nouvelles ont ignoré à plusieurs reprises les échéances fixées pour la restitution de leurs armes aux 6000 forces d’interposition de l’ONU.

La dernière de ces échéances – le 15 octobre – était inscrite dans l’accord d’Accra III. Ce dernier stipulait que toutes les réformes exigées par l’accord de paix de Marcoussis devraient être inscrites dans la constitution avant la fin du mois de septembre, soit quinze jours avant la date de démarrage du processus de désarmement.

Mais jusqu’à présent, le seul résultat positif du sommet du Ghana a été le retour au gouvernement de réconciliation nationale des ex-combattants et des partis d’opposition.

Ces dispositions ont été prises en avril 2003, mais Gbagbo a bafoué à plusieurs reprises l’autorité de Diarra et de son gouvernement, provoquant ainsi la colère des partis d’opposition et des Forces nouvelles.

Tous les 27 ministres représentant les ex-combattants et les partis d’opposition ont choisi de démissionner de leur poste en mars 2003 après la répression sanglante d’une manifestation de l’opposition interdite dans Abidjan.

Selon certains diplomates, la décision de Gbagbo de limoger trois ministres en mai dernier a failli provoquer la démission de Diarra.

Conformément aux dispositions de l’accord d’Accra III, les trois ministres ont été reconduits dans leur fonction.

Le chef des Forces nouvelles, Guillaume Soro, a déclaré la semaine dernière à IRIN qu’il n’était pas question de reprendre la guerre en Côte d’Ivoire, mais qu’il continuerait d’administrer la zone Nord du pays jusqu’à ce Gbagbo soit près pour une réconciliation véritable.

Mais suite aux déclarations d’Affi N’Guessan exigeant la démission du premier ministre Diarra, le porte-parole des Forces nouvelles, Sidiki Konaté, a accusé le bras droit de Gbagbo d’engager de nouveau le pays dans une dynamique de guerre.

Selon Sidiki Konaté, "Affi N’Guessan a torpillé tous les accords de paix signés à Paris et Accra. Il a mis un terme au processus de paix", a t-il déclaré dimanche à Radio France Internationale (RFI).

C’est peut être une vision un peu exagérée de la situation, mais des analystes politiques ont déclaré dimanche qu’il ne restait plus beaucoup de temps pour empêcher le plus prospère des pays d’Afrique de l’Ouest de sombrer dans le chaos.

«Le gouvernement doit comprendre que le temps ne joue pas en sa faveur,» a indiqué le professeur d’université. «A mesure que nous nous approchons de la date du 25 octobre 2005, les solutions s’amenuisent, en particulier les solutions pacifiques.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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