1. Accueil
  2. East Africa
  3. Burundi

Pas de désarmement sans réformes politiques - Guillaume Soro

[Cote d'Ivoire] Chief political rebel leader, Guillaume Soro. Abidjan.net
Soro: "Nothing left to give"
Le chef des Forces Nouvelles (FN) de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, a catégoriquement refusé de commencer à désarmer ses troupes vendredi, conformément à l'accord signé avec le président Laurent Gbagbo, au motif que les réformes politiques qui devaient précéder le désarmement n’ont pas été appliquées.

Dans un entretien qu’il accordé mardi à IRIN dans son fief de Bouaké, au centre de la Côte d’Ivoire, Soro a indiqué qu’il attendra «aussi longtemps qu’il le faudra» l’application des réformes politiques décidées dans l’accord de paix de janvier 2003.

Mais le leader des FN a précisé qu’il ne donnera pas l’ordre à ses hommes de restituer leurs armes aux forces de maintien de la paix de l’ONU tant que ces réformes ne seront pas appliquées dans leur intégralité.

«Le 15, il n’y aura rien. Nous sommes encore armés, le pays est divisé, l’Assemblée nationale ne vote pas les lois. Tant qu’il n’y aura pas un minimum de confiance, qui doit être comme un contrat entre les acteurs politiques, n’allez pas me parler de DDR (Désarmement, démobilisation, et réhabilitation),» a indiqué Soro.

D’après l’ancien leader estudiantin de 35 ans, si l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix se prolonge, la tenue des élections présidentielles prévues en octobre 2005 pourrait être compromise.

Si les élections étaient ajournées ou annulées, Gbagbo, qui a été élu en 2000, perdrait toute légitimité en tant que Président de la république, a t-il précisé.

Soro a catégoriquement démenti les allégations selon lesquelles les FN allaient reprendre la guerre en raison de l’impasse politique actuelle, rompant ainsi une trêve observée depuis mai 2003.

«Au sein des FN, une chose est claire : il n’est pas question de reprendre la guerre, mais d’administrer et de gérer nos zones pour améliorer l’éducation et la santé. Nous n’avons d’autre choix que de soulager les souffrances des populations,» a t-il conclu.

«Nous sommes prêts à attendre aussi longtemps qu’il le faudra».

«Le jour où le camp présidentiel voudra la réconciliation vraie, nous serons prêts. Nous avons 60 pour cent du territoire. Nous ne sommes pas plus pressés que le camp présidentiel. Contrairement à hier, nous sommes prêts à attendre aussi longtemps qu’il le faudra.»

Mais Soro a accusé le gouvernement de préparer une campagne de déstabilisation du nord de la Côte d’Ivoire occupé par les FN en envoyant des militaires et des miliciens en Guinée voisine pour attaquer les positions des FN au Nord-Est du pays, à partir de la frontière guinéenne.

«Des groupes de patriotes (des membres de la milice pro-Gbagbo) et de militaires ont été acheminés en Guinée,» a indiqué Soro. «Nous savons que le clan du Président cherche à s’inscrire dans l’option militaire. Il veut lancer une offensive militaire à partir de la Guinée vers nos zones très prochainement.»

Des articles sur la préparation de telles attaques sont parus dans la presse à Abidjan et circulent depuis des mois dans les milieux diplomatiques en Afrique de l’Ouest.

Gabgbo, les parties d’opposition à l’Assemblée nationale et les FN ont convenu de la date du 15 octobre comme date limite pour le début du désarmement lors d’une réunion de crise tenue dans la capitale ghanéenne Accra en fin juillet. Cette réunion à laquelle assistaient le secrétaire général des Nations unies Koffi Annan et une douzaine de chefs d’état africains était destinée à remettre sur les rails l’accord de paix moribond de la Côte d’Ivoire.

Mais jusqu’à présent, le seul résultat positif de la réunion Accra III a été la résurrection d’un gouvernement de réconciliation nationale élargi.

Ce gouvernement est dirigé par un premier ministre indépendant, Seydou Diarra, et plus de la moitié de son cabinet ministériel est composé de ministres membres de l’opposition parlementaire et du mouvement des FN.

Les activités du gouvernement de la coalition ont été mises en veilleuse pendant quatre mois après la sanglante répression d’une manifestation de l’opposition par les forces de sécurité à Abidjan le 25 mars 2004.

Bien que les parties aient accepté à Accra de voter, d’ici fin septembre, toutes les réformes politiques imposées par l’accord de paix de Linas-Marcoussis signé sous l’égide de la France, le gouvernement de Diarra n’a pu faire avancer les mesures à l’Assemblée nationale en raison des manœuvres du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Gbagbo.

La plupart des réformes visaient à accorder aux quatre millions d’immigrés vivant en Côte d’Ivoire et originaires des autres pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’à leurs descendants, le droit de posséder des terres et d’acquérir la nationalité ivoirienne. Ces immigrés proviennent des pays voisins comme le Burkina Faso, le Mali et la Guinée et représentent le quart de la population de la Côte d’Ivoire.

Avant la fin du mois de septembre, Gbagbo était censé prendre une série de mesures visant à réviser la constitution pour permettre aux ivoiriens d’adoption de se présenter aux élections présidentielles.

Gagbo défend son bilan

Mais dans un discours télévisé mardi, le Président a indiqué qu’il ne mettrait en route le processus de réforme constitutionnelle que lorsque les FN auraient commencé à désarmer.

Entre temps, un horrible message a été envoyé au bénéficiaire des réformes constitutionnelles, Alassane Ouattara, ancien premier ministre de la Côte d’Ivoire. Il lui avait été interdit de se présenter aux élections présidentielles de 2000 au motif (contestable) que son père était Burkinabé.

Selon des témoins, le 4 octobre, quatre employés de la maison de Ouattara à Abidjan ont été détenus et interrogés par des gendarmes. Trois de ces employés ont été battus puis relâchés, mais le corps du jardinier a été retrouvé dans la lagune d’Abidjan deux jours plus tard. Ouattara lui-même vit en exil en France depuis le début de la guerre civile en septembre 2002.

L’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a protesté auprès du gouvernement à propos de cet incident qu’elle a décrit comme une forme de «résurgence des violations des droits de l’homme» dans le pays.

Dans son discours, Gbagbo a défendu son bilan en matière de réformes, arguant que sept des seize mesures préconisées par l’accord de Linas-Marcoussis 21 mois auparavant ont été appliquées et que cinq autres ont été approuvées par le gouvernement.

Dans le même temps, il a accusé les FN d’avoir cherché à gagner du temps sur la question du désarmement pendant plus d’un an après avoir bénéficié d’une amnistie en août 2003.

«Avançons vers le désarmement et la réconciliation du pays,» a indiqué le chef de l’état.

Mais Soro et les six autres ministres du mouvement des Forces Nouvelles ne se sont pas présentés aux deux réunions convoquées par Gbagbo cette semaine pour débattre du désarmement, l’une prévue dans la capitale officielle Yamoussoukro, lundi dernier, et l’autre à Abidjan, la capitale commerciale, mercredi dernier.

Le chef des Forces Nouvelles a indiqué à IRIN qu’il redoutait une tentative d’assassinat s’il s’aventurait dans le Sud de la Côte d’Ivoire contrôlé par le gouvernement.

«Nous avons entendu parler d’assassinats ciblés visant la première autorité des Forces Nouvelles par les escadrons de la mort», a confié Soro à IRIN dans l’atmosphère détendue de sa maison à Bouaké où quelques gardes étaient présents.

«Je suis soucieux de ma sécurité,» a déclaré Soro qui est par ailleurs ministre de la communication dans le gouvernement.

«Si j’étais sûr qu’elle soit assurée, j’exercerais mes fonctions au conseil des ministres. Pour le moment les tensions sont trop vives. Je suis courageux, mais pas téméraire.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join