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La CEDEAO a décidé d'envoyer des troupes nigérianes au plus tard lundi

[Liberia] Eyadema, Obasanjo, Kufuor,  Chambas.
IRIN
La CEDEAO a décidé d'envoyer les troupes nigérianes au plus tard lundi
Les dirigeants africains ont décidé jeudi, l'envoi d'ici lundi, d'un détachement nigérian comme avant-garde d'une force multinationale de maintien de la paix au Liberia ravagé par la guerre.

Le président Charles Taylor aurait alors trois jours pour renoncer au pouvoir et quitter le pays, ont-ils indiqué dans un communiqué publié à l'issue du sommet de la CEDEAO, tenu à la hâte dans la capitale ghanéenne Accra.

Des lourds combats se sont à nouveau produits dans la capitale libérienne Monrovia, une heure après l'annonce. Des témoins oculaires ont affirmé que le mouvement rebelle Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD) avait capturé Gardnersville, un quartier au nord de la capitale, jetant des milliers de civils pris de panique en direction de Paynesville, plus à l’est.

Le Nigeria a mis en alerte environ 1 500 militaires en vue d'un déploiement immédiat au Liberia, en guise d'avant-garde de la force multinationale de maintien de la paix, qui sera constituée de 5 000 hommes.

Le communiqué du sommet déclare : "Les chefs d'Etat et de gouvernements ont formellement approuvé le déploiement au Liberia d'une avant-garde de la force d'interposition, appelant à un premier déploiement lundi 4 août au plus tard ".

Le secrétaire exécutif de la CEDEAO, Mohamed Ibn Chambas, a précisé à la presse que la force ouest-africaine disposerait de 3 250 militaires sur le terrain à la fin août.

"Dans un mois, la force au complet sera en place ", a-t-il affirmé.

Les combats entre les forces gouvernementales et les rebelles à Monrovia se sont apaisés jeudi à l'aube, après une nuit de bombardement à l'arme lourde, ce qui a permis à l'Equipe ouest-africaine de reconnaissance militaire, arrivée mercredi, de faire le tour de la ville.

Seuls trois des quinze chefs d'Etats des pays membres de la CEDEAO ont fait le déplacement à Accra : les présidents John Kufuor du Ghana, Olusegun Obasanjo du Nigeria, et Gnassingbé Eyadéma du Togo.

La Gambie était représentée par son vice-président, la Guinée par son Premier ministre, et d'autres pays de la CEDEAO par des ministres d'Etat.

Le sous secrétaire d'Etat américain aux Affaires africaines, Walter Kansteiner, a également assisté au sommet. Washington a offert en espèces 10 millions de dollars pour aider au déploiement des casques bleus ouest-africains, et sa flottille navale avec 2 300 Marines à bord navigue vers le Liberia ; cependant les Etats-Unis demeurent réticents quant à l'envoi de troupes dans le pays.

Tandis que les deux bataillons nigérians seront les premiers sur le terrain, le Ghana, le Bénin, le Togo et le Mali ont offert d'envoyer des soldats pour la seconde phase du déploiement.

La somme de leur conbribution portera le dispositif de la force à 3 250 militaires, mais M. Kufuor, le président en exercice de la CEDEAO, a néanmoins signalé qu'il faudrait davantage de soldats.

A l'ouverture du sommet, il a déclaré : "Des contributions de troupes supplémentaires sont nécessaires pour élever la force totale à un niveau égal à la tâche qui l'attend, qui pourrait s'étendre à toute la période de transition préconisée d'au moins un an ".

Le général nigérian Festus Okwonkwo, commandant de la force de maintien de la paix, s'est rendu mercredi à Monrovia, à la tête des douze membres de l'Equipe de reconnaissance, pour préparer l'arrivée des deux premiers bataillons de soldats nigérians.

M. Okonkwo et son équipe ont visité jeudi la ville assiégée, sous les acclamations de milliers de civils déplacés. Ceux-ci poussaient des vivats au passage des dix-huit véhicules du convoi de l'Equipe de reconnaissance dans les rues de la ville meurtrie par les hostilités.

M. Okonkwo et ses adjoints ont visité l'Hôpital John F. Kennedy, où une équipe médicale dirigée par le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a soigné près d'un millier de victimes blessées durant la dernière offensive contre Monrovia, ainsi que la Tour de navigation Omega, une ancienne installation américaine de communication militaire, qui deviendra le centre de communication de la Mission de la CEDEAO au Liberia (ECOMIL). Ils ont également eu des entretiens à l'ambassade du Nigeria et des Etats-Unis.

M. Okonkwo a néanmoins indiqué qu'il n'avait pas l'intention de visiter le port ni d'autres zones de la ville tenues par les rebelles. "Nous n'avons pas assez d'hommes pour nous permettre de visiter les zones contrôlées par les rebelles ", a-t-il expliqué.

Profitant d'une accalmie, des centaines de déplacés se sont rassemblés devant l'ambassade des Etats-Unis, dans le quartier de Mamba Point, scandant : "Nous voulons la paix, fini la guerre, nous voulons une force de maintien de la paix ".

Les agences de secours, fortement sollicitées, qui se battent à la fois contre le spectre de la famine et contre la propagation d'une épidémie de choléra dans cette ville d'un million d'habitants, ont réclamé l'arrivée des soldats de la paix pour qu'elles puissent livrer de nouveaux ravitaillements et avoir accès aux nécessiteux.

Un responsable auprès de l'organisation Caritas s'est exclamé : "Le climat est tellement instable que les gens risquent aussi bien de mourir de faim que d'une balle, mais aucune nourriture ou aide médicale ne peut parvenir au pays tant que l'ordre n'est pas rétabli. La situation est trop dangereuse ".

Les opérations humanitaires de l'ONU au Liberia ont été pratiquement paralysées après le retrait du personnel de l'ONU en juin, mais le CICR a indiqué qu'il a réussi à amener un avion cargo jeudi transportant un camion-citerne et du matériel médical d'urgence. Le CICR a néanmoins admis que les récents combats l'ont forcé à réduire ses activités à Monrovia.

Des sources au sommet d'Accra ont informé que l'Equipe de reconnaissance dirigée par M. Okonkwo devait rendre compte samedi à la CEDEAO, ce qui permettrait aux premiers soldats de s'envoler à destination de Monrovia dimanche ou lundi au plus tard.

La force ouest-africaine se transformera dans les prochaines semaines en Force internationale de stabilisation (ISF), mandatée par l'ONU pour imposer la paix au Liberia, qui vit depuis quatorze ans dans un état quasi perpétuel de guerre civile.

Les deux précédentes tentatives d'intervention militaire sous le commandement du Nigeria n'ont pu aboutir à une solution durable du conflit.

La CEDEAO estime qu'il faudrait 104 millions de dollars pour le maintien de la force au Liberia durant six mois.

L'organisation régionale se tourne vers les donateurs occidentaux, les Etats-Unis en particulier, pour aider à payer la note, mais Washington rechigne toujours à engager des troupes au Liberia ou à accroître sa contribution financière au-delà des 10 millions de dollars déjà offerts.

Le porte-parole du Département d'Etat, Richard Boucher, a déclaré à des journalistes, mercredi à Washington : "Nous avons fourni dix millions de dollars pour appuyer le déploiement. Nous examinerons ce qu'il y a lieu de faire à mesure que les choses se développeront. Nous avons certes apporté une contribution initiale, et comptons fournir un appui supplémentaire…Quant à savoir si cela implique de déployer des soldats sur place, c'est là une décision qui sera prise par le Président [George Bush] au moment opportun ".

En dépit des faux-fuyants de Washington, M. Chambas a rétorqué: "Il n'y a absolument rien qui retarde le déploiement d'une force d'avant-garde. A part ce dont nous disposons à présent, d'autres pays ont confirmé leurs engagements financiers. Les Nations Unies vont affréter les troupes et fournir aussi un appui logistique à la force ".

Le sommet de la CEDEAO a invité les factions belligérantes au Liberia à cesser immédiatement les hostilités et à pris bonne note de l'engagement du LURD de remettre aux soldats de la CEDEAO le contrôle du Freeport de Monrovia.

Dans leur communiqué final, les chefs d'Etats ont réitéré qu'il faudrait interdire aux chefs de file des parties belligérantes d'accéder au poste de président et de vice-président dans le gouvernement intérimaire qui prendrait le pouvoir dès le départ de M. Taylor.

Mercredi, les dix-sept partis de l'opposition non armés, représentés aux pourparlers inter-libériens de paix au Ghana ont publié une condamnation cinglante de la Guinée et de la Côte d'Ivoire, accusant leurs gouvernements de continuer à appuyer les deux mouvements rebelles qui se battent contre le gouvernement de M. Taylor et ce, en violation de l'accord de cessez-le-feu du 17 juin dernier.

"La communauté internationale devrait faire pression sur la Guinée et la Côte d'Ivoire pour qu'elles cessent leur soutien diplomatique, politique et militaire au LURD et au MODEL ", a souligné devant les journalistes à Accra, Abraham Mitchell, porte-parole des dix-sept partis.

La Guinée est largement considérée comme le principal soutien du LURD tandis que le deuxième groupe rebelle, le Mouvement pour la démocratie au Liberia (MODEL), dépendrait fortement de l'appui de la Côte d'Ivoire, selon des diplomates.

Ce qui fait dire à M. Mitchell : "Les pays de la CEDEAO, en particulier la Guinée et la Côte d'Ivoire, se doivent d'expulser de leurs pays tous les éléments de la direction politique et militaire du LURD et du MODEL, et de les réexpédier au Liberia pour qu'ils fassent l'expérience des souffrances massives qu'ils sont entrain d'imposer aux Libériens ".

"Les Etats-Unis et l'Union européenne doivent aussi imposer une interdiction de voyage et geler les avoirs des dirigeants du LURD et du MODEL qui résident aux Etats-Unis et en Europe ", a-t-il préconisé.

"Nous avons tous souffert sous Taylor et nous avons été emprisonnés pour nous être dressés contre lui. Nous avons dit aux rebelles que Taylor était un provocateur et qu'il ne faudrait pas qu'ils se laissent entraîner dans des combats par des provocations. Or maintenant, simplement à cause des provocations de Taylor, ils font pleuvoir des missiles et des obus de mortiers sur des quartiers fortement peuplés de civils ", a-t-il ajouté.

La déclaration de M. Mitchell met en exergue le fossé qui se creuse entre les partis d'opposition non armés et les deux mouvements rebelles aux pourparlers de paix d'Accra.

En début de semaine, le MODEL avait menacé de se retirer des négociations si les politiciens civils persistaient à interdire aux rebelles d'avoir un rôle clé dans le gouvernement transitoire post-Taylor.

Des sources proches des pourparlers inter-libériens de paix ont fait savoir que Ellen Sirleaf Johnson, candidate malheureuse face à Taylor aux élections présidentielles de 1997, avait retiré son nom de la liste des candidats éventuels à la tête du gouvernement de transition, qui sera chargé d'organiser de nouvelles élections.

De son côté, Marcus William Jones, président de l'Association des avocats libériens, s'est porté candidat au poste de président intérimaire.

M. Taylor, qui est sous le coup d'une inculpation du Tribunal spécial pour la Sierra Leone pour crimes de guerre, et pour le rôle qu'il a joué en attisant la guerre civile dans ce pays de 1991 à 2001, a reçu une offre d'asile au Nigeria.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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