Jusqu'à présent uniquement cinq pour cent du coton brut de l'Afrique de l'Ouest est transformé en produits manufacturés dans la région.
Cet objectif ambitieux a été fixé jeudi à l'occasion d'une réunion à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, des ministres du Commerce et de l'Agriculture de douze pays producteurs de coton. Elle a été organisée par onze pays de la zone CFA. La Guinée y a également participé.
Les producteurs de coton ont décidé de donner une impulsion à l'industrie textile de la région car les exportations de leur coton brut affichent actuellement sur le marché mondial des prix très bas, sans précédent. Cette situation s'explique par les lourdes subventions payées par les Etats-Unis à leurs propres cultivateurs de coton. Les prix internationaux du coton ont tellement baissé que beaucoup de producteurs africains peuvent à peine couvrir leurs coûts.
"Il s'agit d'un objectif ambitieux que de traiter 25 pour cent du coton", a reconnu Victor Ndiaye, qui a conduit une étude sur la manière d'optimiser les revenus du coton dans la région. "Cela signifie qu'il faudra produire en sept ans cinq fois plus que ce qui nous avons été en mesure de faire jusqu'à maintenant ".
La transformation du coton brut en fil et en habits apporterait une valeur ajoutée au produit final et créerait des emplois vitaux pour l'Afrique de l'Ouest.
M. Ndiaye a ajouté que le programme d'industrialisation sera axé sur la production du fil de coton, que l'Afrique de l'ouest pourrait produire à un prix plus réduit que les Etats-Unis, l'Europe ou l'Inde.
Au cours des dernières années, les fabricants régionaux de vêtements ont eu à faire face à une concurrence farouche des marchandises clandestines et des importations légales de vêtements d'occasion et pas chers. Beaucoup d'usines ont été obligées de mettre la clef sous la porte.
M. Ndiaye a déclaré que l'investissement préconisé dans de nouvelles usines de textiles coûterait 200 milliards de francs CFA (360 millions de dollars ) et aiderait à la création de près de 50 000 emplois.
Les deux jours de réunion à Ouagadougou ont également fait renaître l'idée de créer un collège de textiles à Ségou, au Mali, pour former le personnel de toute la région.
Le ministre burkinabè du Commerce Benoit Ouattara a déclaré par la suite : "La réunion suscite en nous de l'espoir en nous offrant l'occasion de confirmer l'unité nécessaire à la survie de millions de producteurs et de millions d'autres qui dépendent directement du coton ".
Le coton est le principal générateur de revenu pour des centaines de milliers de petits paysans en Afrique de l'Ouest, et apporte entre le tiers et la moitié des revenus de plusieurs pays de la région.
En avril, le Mali, le Burkina Faso, le Bénin et le Tchad, ont déposé une plainte officielle auprès de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) relative aux subventions du coton des Etats-Unis, et ont exigé une indemnisation. Les producteurs de l'Afrique de l'Ouest ont estimé que, depuis 1997, ils avaient perdu 150 millions de dollars par an au titre des revenus à l'exportation du fait de l'appui financier de Washington à ses propres cultivateurs de coton.
Les pays ayant participé à la réunion de Ougadougou sont le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, le Bénin, le Cameroun, la République centrafricaine, la Côte d'Ivoire, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Niger, le Sénégal et le Togo.
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions