Des groupes de jeunes radicaux opposés à l'idée d'un apaisement avec les rebelles ont envahi une petite section de la voie ferrée dans le centre d'Abidjan jeudi matin pour tenter d'empêcher le départ du train. Les responsables du chemin de fer ont indiqué que le train est finalement parti dans la soirée, sous escorte militaire, après la réparation de la ligne.
Les diplomates estiment que ces groupes de jeunes ont des liens étroits avec le président Laurent Gbagbo, qui a subi des pressions de la France, l'ancienne puissance coloniale en Côte d'Ivoire, pour qu'il signe un accord de paix avec les rebelles en janvier dernier. Un gouvernement de réconciliation nationale, intégrant neuf ministres rebelles, a été mis en place début avril.
De nombreux diplomates et travailleurs humanitaires craignent que les associations 'patriotes', qui mènent souvent des opérations de style militaire, se transforment rapidement en milices armées qui seraient utilisées par les opposants aux accords de paix pour attaquer des immigrés d'autres pays ouest-africains.
Les immigrés issus du Burkina Faso, du Mali et d'autres états de la région constituent 30 pour cent des 16 millions d'habitants de la Côte d'Ivoire, et sont fortement soupçonnés de sympathiser avec les rebelles, qui contrôlent encore la moitié nord du pays.
A Bouaké, le conseil de gouvernement, retardé à plusieurs reprises pour des raisons de sécurité invoquées par les ministres favorables à M. Gbagbo, était présidé par le premier ministre, Seydou Diarra. Les ministres ont voyagé en avion à Bouaké, où leur sécurité était assurée par des soldats des forces de paix française et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), et sont retournés après quelques heures.
Au moment où le conseil de gouvernement était réuni à Bouaké, la deuxième grande ville du pays située dans le centre de la Côte d'Ivoire, M.Gbagbo rencontrait pour la deuxième fois en une semaine les dirigeants des mouvements des jeunes radicaux à Abidjan, la capitale économique.
M. Gbagbo a donné à ces organisations un sceau d'approbation public lors d'une première réunion dimanche dernier, soulignant qu'il ne fallait pas les considérer comme des milices tant qu'elles n'étaient pas armées. Un porte-parole présidentiel a indiqué que M. Gbagbo les avait persuadés, lors de la rencontre de jeudi, d'annuler une manifestation qu'ils prévoyaient organiser samedi à Abidjan pour protester contre les termes de l'accord de paix.
Des officiels de la compagnie française de chemin de fer reliant le port d'Abidjan au Burkina Faso au nord, ont informé que le train de marchandises, parti jeudi soir, n'irait que jusqu'à Ferkessedougou, près de la frontière Burkinabè. Les services internationaux à destination de Ouagadougou, la capitale burkinabè, devraient reprendre après une réunion les 28 et 29 mai des chefs d'états- majors de la sécurité des deux pays.
Il n'en reste pas moins que le fait que le trafic ferroviaire normal ait repris entre les deux moitiés de la Côte d'Ivoire est largement perçu comme un important geste de normalisation. Bien que les neuf ministres, choisis au sein du Mouvement Patriotique de Côte d'ivoire (MPCI), ont désormais des bureaux à Abidjan, l'administration civile gouvernementale reste paralysée dans le nord, avec la fermeture des banques et de la plupart des établissements scolaires et des hôpitaux.
Le trafic ferroviaire a été suspendu depuis que la Côte d'Ivoire, le premier producteur mondial de cacao, a chaviré dans une guerre civile au lendemain d'une tentative de Coup d'Etat militaire le 19 septembre dernier. Un train d'inspection est revenu d'un voyage de reconnaissance jusqu'à la frontière Burkinabè la semaine passée.
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