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Un couvre-feu est imposé à l'ouest après des incidents meurtriers

Le gouvernement ivoirien a imposé un nouveau couvre-feu dans deux districts de l'ouest du pays où 68 villageois ont été tués au cours de nouvelles flambées de violence à la fin de la semaine dernière.

Le ministère de la Défense a annoncé mardi qu'il imposait un nouveau couvre-feu de 10H00 du soir à 6H00 du matin à Duékoué, une localité proche de la ligne de front avec les forces rebelles contrôlant le nord du pays, et un couvre-feu de minuit à six heures du matin à Guiglo, où les forces pro-gouvernementales recrutent et arment des Libériens dans un camp de réfugiés situé aux alentours.

La décision a été largement perçue comme un recul par rapport au processus de paix puisque le président Laurent Gbagbo avait levé il y a juste trois jours le couvre-feu dans l'ensemble de la Côte d'Ivoire.

De leur côté, un porte-parole de l'armée et un chef rebelle ont confirmé des informations publiées dans les journaux d'Abidjan stipulant que 68 civils avaient été tués dans une série d'incidents près de Duékoué, à 450 km au nord-ouest d'Abidjan, vers la fin de la semaine passée.

Le porte-parole de l'armée, le lieutenant-colonel Aka N'Goran, a déclaré que 68 villageois ont été tués près de Duékoué dans des incidents survenus les 8 et 10 mai en représailles contre des attaques par des colons du Burkina Faso, qui borde la Côte d'Ivoire au nord.

Le ministre des Sports, Michel Gué, l'un des neuf chefs rebelles à avoir rejoint il y a un mois le gouvernement de réconciliation nationale à l'issue de la négociation en janvier d'un accord de paix, a fourni une même version des faits.

Toutefois, un porte-parole de la force française dans le pays, qui a une forte présence sur le terrain à Guiglo et à Duékoué, a déclaré n'avoir reçu aucune confirmation des incidents mentionnés.

Les huit mois de guerre civile en Côte d'Ivoire ont créé une profonde division entre, d'une part les immigrés issus du Burkina Faso, du Mali ainsi que ceux d'autres pays voisins et leurs descendants, qui constituent trente pour cent de la population, et les ressortissants Ivoiriens d'autre part.

Beaucoup de paysans producteurs de cacao et de café dans l'ouest de la Côte d'Ivoire ont fui leur terre à cause des hostilités dans la région. D'autre part, des combattants libériens indisplinés travaillant pour le compte des forces gouvernementales et rebelles dans la zone, ont été blâmés pour le meurtre de civils, l'incendie des villages et le pillage des biens.

Autre anicroche au processus de paix, une visite prévue à Bouaké, la capitale rebelle dans le centre ivoirien par plusieurs ministres opposés aux rebelles, dirigée par le ministre intérimaire de la Défense, Assoa Adou, a été annulée.

La visite, qui devait avoir lieu mercredi, aurait été la première effectuée par des ministres loyalistes en territoire rebelle depuis le début de la guerre civile en septembre 2002. Mais M. Gué a informé IRIN que le voyage a été reporté sine die à cause de l'opposition de certains éléments de la ligne dure au sein de son MPCI ((Mouvement Patriotique de la Côte d'Ivoire), rebelle, à la présence des ministres dans la ville.

Par ailleurs, des diplomates et des agences de secours ont exprimé leur préoccupation devant l'existence continue de mouvements de milices pro-gouvernementales dans la capitale économique ivoirienne Abidjan. Ils craignent en effet que cette situation provoque une nouvelle vague d'attaques contre les Burkinabè et contre d'autres immigrés de l'Afrique de l'Ouest si la situation de la sécurité venait à se détériorer.

D'après un récent document d'information émanant du ministère de l'Intérieur, parvenu à IRIN, le phénoméne des milices remonte à février 2003, lorsque des jeunes hommes, chômeurs ou ne fréquentant plus l'école pour la plupart, ont commencé à former des groupes de surveillance dans plusieurs quartiers d'Abidjan pour " protéger Abidjan en cas d'attaque rebelle ".

Le document indique de la vaste majorité de ces hommes avait été rejetée par l'armée, après que cette dernière ait invité les jeunes des deux sexes âgés de 20 à 30 ans à s'enrôler au début de cette année.

"Les services de renseignement soulignent que dans la région d'Abidjan, il y aurait dix groupes de ce genre proclamant avoir environ 12 000 membres, alors qu'en réalité ils sont quelque 4 700, tandis que dans la zone occidentale nous en avons dénombrés environ 2 000 ", précise le document.

L'un des chefs miliciens les plus visibles, Eugène Djué, a affirmé à IRIN mercredi qu'il existe entre 20 et 22 de ces groupes opérant dans des régions contrôlées par le gouvernement, coiffés par une organisation appelée l'Association des Patriotes pour la Paix.

Djué, un ancien dirigeant estudiantin, a indiqué que ces groupes ont été créés pour " défendre le pays " en utilisant des " moyens non violents ". Certains d'entre eux ont adopté des noms de guerre tels que ''Mi-24," par allusion aux attaques par hélicoptères pilotés par des Ukrainiens que le gouvernement a utilisés pour bombarder des positions rebelles dans l'ouest du pays. Mais Djué a rejeté le terme 'milice', préférant les appeler 'mouvements patriotiques'.

"Nous n'utilisons pas d'armes. Mais si nous nous sentons menacés nous utiliserons n'importe quel moyen pour défendre le pays ", a-t-il ajouté.

Le document du ministère de l'Intérieur affirme que le gouvernement a donné des consignes fermes en vue du démantèlement de tous ces groupes, qu'il qualifie " sans aucun doute, un danger réel pour le retour à la normale ".


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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