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Il faut déployer une mission d'observation des droits humains, exhorte HRW

Human Rights Watch - HRW logo HRW
Human Rights Watch (HRW) a demandé au Conseil de sécurité des Nations Unies de mettre sur pied une mission en Côte d'Ivoire pour surveiller et informer sur les violations des droits de l'homme par toutes les parties durant les sept mois de conflit dans ce pays ouest-africain. L'appel est contenu dans une série de recommandations formulées par HRW dans une lettre ouverte, adressée lundi au Conseil de sécurité, à la veille de son débat sur la situation en Côte d'Ivoire.

La lettre visait à informer les membres du Conseil de sécurité de la détérioration de la situation des droits humains dans l'Ouet de la Côte d'Ivoire, où les troupes gouvernementales se battent contre deux groupes rebelles, le Mouvement pour la Justice et la Paix (MJP) et le Mouvement populaire ivoirien du Grand Ouest (MPIGO), et à formuler des recommandations quant aux actions que le Conseil de sécurité devrait initier pour traiter cette crise.

"Si des mesures immédiates ne sont pas prises pour contenir le conflit dans l'Ouest du pays et les atteintes contre les droits humains qui l'ont accompagné, la paix déjà fragile en Côte d'Ivoire pourrait s'effondrer et menacer encore davantage la stabilité régionale", a souligné HRW.

Le conflit dans l'Ouest est en train de se transformer en une extension de la guerre du Liberia

"La situation dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire requiert l'attention du Conseil de Sécurité à cause de l'urgent besoin de protection des civils mais également à cause du caractère transfrontalier de ce conflit", a commenté HRW. "…le conflit est en train de se transformer là-bas en une extension de la guerre du Libéria".

Une situation d'offensives, de contre-offensives et de déplacement, parfois multiples, sévit depuis plusieurs mois sur les deux côtés de la frontière entre la Côte d'Ivoire et le Liberia.

En Côte d'Ivoire, la zone la plus affectées s'étend principalement entre Toulepleu et Danané, sur la frontière avec le Liberia, à l'est de Man et Guiglo. Man est située à 80 km à l'Est de Danané, tandis que Guiglo est à 122 km de Man.

De l'autre côté de la frontière, les rebelles opposés au gouvernement du président Charles Taylor contrôlent des parties du comté Grand Gedeh - près de Toulepleu et Danané -, Nimba, qui se trouve plus au nord, et Sinoe, au sud de Grand Gedeh. Les groupes libériens rebelles sont les Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD) et le Mouvement pour la démocratie au Liberia (MODEL).

Massacres, pillages, viols

HRW a constaté que le cessez-le-feu signé le 13 janvier 2003 par le gouvernement ivoirien et par les rebelles du MPIGO et du MJP "a été violé de nombreuses fois par les deux parties".

Les forces du gouvernement et les forces rebelles sont responsables de violations du droit humanitaire international, notamment de viols, d'attaques contre des civils, de pillages systématiques de biens appartenant à des civils et d'exécutions de sympathisants présumés des forces ennemies, selon l'organisation de défense des droits de l'homme, qui a ajouté qu'au moins deux massacres ont été rapportés dans la zone, en mars 2003, à Bangolo et Dah.

"Ces incidents auraient fait au moins 100 victimes civiles", a encore rapporté HRW. "Selon des civils qui ont fui ces deux sites, des Libériens et des Ivoiriens luttant pour le gouvernement ivoirien sont responsables des tueries de Bangolo, alors que les tueries de Dah sont imputables aux combattants rebelles. Human Rights Watch n'a pu se rendre sur ces deux sites et une investigation approfondie est nécessaire".

Au cours des deux derniers mois, Human Rights Watch a recueilli des informations auprès de réfugiés et de civils déplacés en Côte d'Ivoire, en Guinée, au Mali et au Burkina Faso qui ont donné des descriptions cohérentes et fortes sur la grave situation des droits humains. "Il est clair que des abus considérables, y compris des tueries, des viols et des pillages systématiques de biens appartenant à des civils se produisent dans les zones dont l'accès est très limité, ce qui rend le recueil et la vérification indépendante de l'information très difficiles", a-t-elle précisé. "Ceci met en évidence le besoin critique d'une investigation supplémentaire sur les abus qui ont été commis dans l'Ouest"

Tueries perpétrées en représailles; hélicoptères de combat

Les forces du gouvernement et celles des rebelles sont également responsables de tueries perpétrées en représailles, en particulier contre des villes ayant changé de camp, a remarqué HRW.

"Ce fut le cas à Man, en décembre 2002, lorsqu'une contre-offensive loyaliste a permis la prise de la ville et sa tenue pendant environ dix jours', a-t-elle poursuivi, "et à Toulepleu, prise par les rebelles en décembre 2002 puis reprise par le gouvernement, en janvier 2003".

"Les tueries lancées en représailles par les forces du gouvernement se sont souvent basées sur des affiliations ethniques, nationales ou politiques alors que les forces rebelles ont pris pour cibles des responsables du gouvernement ou des sympathisants présumés du gouvernement. Il est essentiel que les deux parties en guerre protègent les civils et fassent tous les efforts pour minimiser les victimes civiles au cours de toute offensive future dans la zone".

Même lorsque le conflit au sol n'a pas pris pour cibles des civils, les hélicoptères de combat du gouvernement ont causé des victimes civiles. Human Rights Watch a recueilli des informations sur "plusieurs incidents au cours desquels des civils ont été les victimes d'attaques lancées à l'aveuglette, par des hélicoptères de combat. Une attaque survenue par exemple, en décembre 2002, à Mahapleu [un village de l'Ouest] a entraîné la mort de neuf civils au moins lorsqu'un hélicoptère de combat a ouvert le feu sur une foule de civils, sur un marché local à une distance de soixante mètres, ce qui constitue une violation évidente du droit humanitaire international.

"L'utilisation répétée par le gouvernement d'hélicoptères de combat à Bin-Houyé et Danané, au cours de la semaine du 7 avril 2003, peut susciter des inquiétudes bien qu'il ne soit pas encore clair si ces attaques ont été limitées à des cibles militaires.

"De plus, dans plusieurs incidents, les forces rebelles portent également la responsabilité de ne pas avoir clairement séparé cibles militaires et sites civils. Par exemple, le déploiement de forces militaires à proximité de civils a entraîné des morts civiles, lors d'une attaque par hélicoptère contre la ville de Vavoua, en décembre 2002".

Human Rights Watch a signalé l'utilisation de combattants libériens par les forces rebelles et celles du gouvernement, dont certains "ont été impliqués dans de graves abus contre les droits humains au Libéria et en Sierra Leone".

Les deux parties utilisent des combattants du Liberia

Human Rights Watch a interrogé des civils qui ont fui, au cours des derniers mois, plusieurs villes de l'Ouest contrôlées par les groupes rebelles. Selon ces récits, les forces rebelles de l'Ouest comportent des combattants ivoiriens, sierra léonais et libériens. Cependant, "les Libériens représentent la proportion la plus importante des forces rebelles de l'Ouest". Les victimes interrogées par Human Rights Watch ont de façon cohérente affirmé que des Libériens anglophones étaient responsables des pillages systématiques de biens appartenant à des civils, accompagnés d'agressions et dans certains cas, de viols des femmes et des filles.

"Des sources crédibles ont affirmé que parmi les Sierra Léonais combattant aux côtés des rebelles se trouvent d'anciens combattants du RUF, y compris Sam Bockarie (" Mosquito"), récemment inculpé par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone", a révélé HRW.

HRW a également informé que plusieurs centaines de Libériens combattant aux côtés des forces gouvernementales sont d'anciens réfugiés qui soit ont été recrutés, soit se sont sentis contraints de rejoindre les forces du gouvernement afin de prouver leur loyauté, face à la montée d'un sentiment anti-libérien en Côte d'Ivoire.

Selon des civils ayant fui Toulepleu, Bloléquin et d'autres villages sous contrôle des forces du gouvernement, les forces armées, dans ces sites, sont en majorité composées de Libériens, bien qu'il y ait également quelques Ivoiriens locaux parmi les combattants.

Enfants soldats

Human Rights Watch a également recueilli des informations sur des cas de pillage systématique des biens de civils, de viols, et sur la présence d'enfants parmi les combattants libériens, dans les deux camps. Nombre de ces enfants ont neuf ans seulement.

"Si les forces du gouvernement comme celles des rebelles sont responsables de l'introduction de combattants libériens dans le conflit ivoirien, il apparaît qu'aucun des deux côtés n'exerce un plein contrôle sur ses combattants libériens et que l'Ouest de la Côte d'Ivoire est devenu un prolongement de la guerre libérienne voisine ", a remarqué HRW.

Recommandations au Conseil de sécurité

L'organisation internationale a invité le Conseil de sécurité de l'ONU à "appeler immédiatement toutes les parties dans le conflit en Côte d'Ivoire à respecter les droits humains et le droit humanitaire international concernant le traitement des civils et d'autres non-combattants, et à tenir pour responsables de leurs actes les membres de leurs forces ayant commis ces abus".

Elle a exhorté le Conseil à "constituer une mission d'observation des droits humains en Côte d'Ivoire, dotée de ressources humaines, financières et techniques appropriées, qui rendra compte de ses activités au Conseil de sécurité". La mission d'observation devrait avoir pour mandat de "rapporter les violations des droits humains et du droit humanitaire international commises par toutes les parties impliquées dans le conflit, y compris les combattants libériens. Elle devrait formuler des recommandations relatives aux mécanismes permettant de tenir pour responsables de leurs actes les auteurs de ces abus".

"Les rapports de la mission devraient être rendus publics", a déclaré HRW.

Les autres recommandations englobent un appel à tous les états voisins, en particulier la Guinée, à maintenir leurs frontières ouvertes à tous les civils fuyant le conflit dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire, y compris les ressortissants des pays de la CEDEAO tentant d'entrer via le Libéria. De nombreux ressortissants de pays tiers, principalement du Burkina Faso, sont allés par bateau au Ghana via le liberia après avoir fui la Côte d'Ivoire.

Le Conseil doit encourager les forces de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) "ainsi que les forces françaises qui les secondent à s'assurer que les civils sont protégés contre toute violence physique, selon la Résolution 1464 (2003) du Conseil de Sécurité", a recommandé HRW.

Cette résolution autorise les forces françaises et celles de la CEDEAO stationnées en Côte d'Ivoire à avoir recours à la force, si nécessaire, pour protéger les vies civiles.

D'autres instruments de l'ONU relatifs à la protection des civils dans les conflits armés incluent un aide-mémoire publié en mars 2002 (S/PRST/2002/6) accessible sur le site:
[http://www.reliefweb.int/library/documents/2002/Advocacy/SPRST20026%20aide%20memoire.htm]

Autres sites contenant des informations sur la protection des civils: http://www.reliefweb.int/ocha_ol/civilians/

http://www.irinnews.org/webspecials/civilprotect/default.asp]


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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