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REGION DU SAHEL: Dossier sur la sécheresse et les problèmes alimentaires

Les pluies inadéquates et imprévisibles assombrissent les perspectives agricoles dans plusieurs parties de la région du Sahel, en Afrique de l'Ouest, et il en résulte que plusieurs pays seront confrontés à de sérieux problèmes en matière de sécurité alimentaire dans les prochains mois.

Les organisations régionales responsables de la sécurité alimentaire, de même que les organisations non gouvernementales, notamment le Comité (permanent) inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), ont mis l' accent sur la nécessité d'élaborer des plans pour pallier aux déficits alimentaires des pays sahéliens pour l'année courante.

Dans le Sahel occidental, le CILSS relève que les "pays vivent dans la crainte d'une crise alimentaire", ajoutant qu' "il existe une nouvelle série de considérations écologiques qui entravent plus davantage efforts de surveillance de la sécurité alimentaire".

La zone de convergence interterritoriale climatique, qui apporte les pluies à la région, a freiné sa migration en direction du nord et a même reculé dans le sud en juin et juillet derniers, a rapporté le Réseau des systèmes d'alerte rapide contre la famine (FEWS Net) le 5 septembre dernier.

"Les pluies cessent avant que la saison pluviale ait pu démarrer ", a-t-il noté. "Il y a eu peu ou pas de pluie sur l'ensemble du Sénégal, de la Gambie, le sud de la Mauritanie et sur certaines parties du Mali tout au long de juillet et août".

Le 12 août, l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) avait rapporté que "L'extension des conditions climatiques sèches sur la majeure partie de la Gambie, de la Guinée-Bissau, de la Mauritanie et du Sénégal, a assombri les perspectives agricoles et a suscité des inquiétudes sérieuses en matière de sécurité alimentaire.... au Cap-Vert, les perspectives de la production de maïs ne sont pas favorables".

La région du Sahel comprend les pays ouest-africains suivants: Burkina Faso, Cap-Vert, Tchad, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Niger et Sénégal.

La région est peuplée de 55 millions d'habitants au moins, dont 30 pour cent vivent dans les zones urbaines. Selon les prévisions, la population atteindra 100 millions d'habitants en 2025, dont la moitié vivra en milieu urbain, selon le CILSS.

Une région à pluviométrie imprévisible, le Sahel a connu ses plus graves pénuries alimentaires dues au climat en 1972-74 et en 1984-85. Quelque 250 000 personnes sont mortes de la sécheresse dans la région du Sahel entre 1968 et 1973.
Des sécheresses localisées ont également affectées plusieurs pays au fil des ans, le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie et le Niger ayant eu des crises alimentaires tous les trois ans depuis 1984. Les réponses à ces crises ont été variées et, dans une large mesure, tributaires des donateurs.

La persistance d'un climat sec dans l'ouest du Sahel au cours des mois écoulés a fait craindre une nouvelle fois une insécurité alimentaire dans des pays particuliers, voire même dans la sous-région.

Les agences de secours comme le Programme alimentaire mondial de l' ONU (PAM) craignent que si la sécheresse et la situation alimentaire deviennent incontrôlables, leur riposte serait entravée par des problèmes financiers.

"Nous avons sollicité 7,4 millions de dollars pour les urgences régionales. Pour l' instant, nous n' avons reçu que 1,6 million de dollars (de la Suisse, des Pays-Bas, de la Suède et de l'Italie", a déclaré vendredi à IRIN, à Abidjan, Côte d'Ivoire, le porte-parole régional du PAM en Afrique de l'Ouest, Ramin Rafirasme. "Nous avons encore un déficit budgétaire de 78 pour cent".

La Mauritanie est en butte à un déficit en céréales de 205 000 tonnes, ce qui équivaut à cinq mois des besoins de la consommation céréalière, a rapporté FEWS Net vendredi dernier. Les pluies torrentielles du 9 au 11 janvier dernier ont provoqué la mort de 120 000 têtes de bovins, d'ovins et chèvres, la destruction de 25 pour cent des cultures déjà récoltées, et des pertes humaines et matérielles.

Le 1er septembre de cette année, la Mauritanie a déclaré une urgence alimentaire majeure. D'après FEWS Net, pas moins d'un million sur 2,7 millions d'habitants sont en proie à une insécurité alimentaire, et au moins 60 000 sont immédiatement menacés par de graves pénuries alimentaires.

"La situation est vraiment mauvaise", a confié à IRIN ce lundi Philippe Guyon le Bouffy, le directeur du PAM en Mauritanie. Deux missions interagences sont actuellement sur place pour évaluaer la situation et une réponse sera déterminée dès leur retour, a-t-il informé.

Le Cap-Vert a fait savoir qu'au moins 30 000 de ses habitants sont déjà confrontés à de graves pénuries alimentaires. Le 6 septembre, ce pays a créé un comité interministériel dans le but d'examiner les stratégies susceptibles de pallier aux effets d'une mauvaise récolte anticipée.

Le ministère du Travail a indiqué qu'il était trop tôt pour procéder à une évaluation définitive mais que les données disponibles font augurer un très faible rendement, surtout à cause des précipitations, bien inférieures à la moyenne annuelle.

Le PAM a lancé en juin dernier au Cap-Vert une opération de secours alimentaires d'urgence, d'un coût de 1,3 million de dollars, notamment à Santiago et Santo Antao, les îles les plus grandes et les plus peuplées de l'archipel.

Il a indiqué que la chaîne aride de l'île, qui se trouve à 600 km à l'ouest du Sénégal, était un "pays souffrant d'une insécurité alimentaire structurelle", qui ne peut produire que 10 pour cent environ de ses besoins alimentaires annuels.

La récolte de riz de la Gambie a été sévèrement affectée, tandis que 60 pour cent de la récolte de millet et 40 pour cent de celle du maïs risque d'être perdus cette année. Des organisations non gouvernementales actives dans le pays ont signalé que le bétail a péri du fait de la sécheresse.

La vice-présidente gambienne Isatou Njie-Saidy a déclaré devant le Forum ouest-africain sur la nutrition, qui s'est déroulé le 3 septembre à Banjul, la capitale, que les pays ouest-africains doivent se préparer à pallier aux effets d'une mauvaise saisons des pluies cette année.

"Aucun développement véritable ne peut être réalisé lorsque la population est affamée et malnourrie", a-t-elle averti..

Au Sénégal, le gouvernement a récemment minimisé les informations faisant état de pénuries alimentaires imminentes. Le 29 août, le président Abdoulaye Wade a limogé son conseiller à la Communication et s'est excusé auprès des donateurs pour ce qu'il a qualifié comme un appel à une aide alimentaire, injustifié.

M. Wade a expliqué que le gouvernement avait été induit en erreur et a cru que cinq millions de personnes étaient menacées par la famine à cause de la sécheresse et que ceci l'avait incité à lancer un appel aux donateurs internationaux pour un montant de 23 millions de dollars et à l'établissement d'une unité nationale de secours d'urgence.

A l'issue d'une visite présidentielle dans les régions affectées, le président a insisté:: "Strictement parlant, il n'existe pas de famine au Sénégal".

Mais les inquiétudes demeurent néanmoins. "Outre l'absence de pluie, une chaleur torride a brûlé une bonne partie du Sénégal et de la région avoisinante", a rapporté FEWS Net le 5 septembre dernier. "Depuis le 10 août, les pluies saisonnières [sont revenues] au Sénégal [mais]... cela risque d'être trop peu et trop tard pour beaucoup de cultures".

La récolte de l'arachide et du millet pourrait être particulièrement affectée. L'agriculture, notamment la culture de l'arachide, est cruciale pour l'économie du Sénégal et emploie 60 pour cent de la population. A la date du 9 août, le bassin d'arachide du Sénégal n'avait reçu que 30 pour cent des pluies par rapport à la normale de la saison à ce jour (23 mm sur 171 mm).

"Il est trop tôt pour connaître l'importance des besoins à venir, mais il y aura certainement un déficit alimentaire", a déclaré le 6 septembre Torrey Olsen, directeur national de World Vision Sénégal..

En Guinée-Bissau, la situation est préoccupante dans les régions de Quinara (Tite et Empada), Gabu (Pitche et Pirada) et Biombo, mais le gouvernement tente de prendre des mesures pour fournir des vivres et aider les agriculteurs, avec l'aide des partenaires du développement.
La situation agricole et en matière de sécurité alimentaire au Burkina Faso, au Tchad, au Mali et au Niger
est globalement meilleure cette année, d'après les agences humanitaires, qui estiment que l'apport accumulé des céréales dans ces pays pourrait être de 24 pour cent supérieur à la moyenne des cinq années précédentes.

La FAO a indiqué en août que les "conditions de croissance des cultures s'étaient améliorées dans les parties centrale et orientale du Sahel, avec des pluies plus abondantes et mieux distribuées dans la majorité des régions agricoles... les pâturages se régénèrent graduellement".

Le Centre régional du CILSS de formation appliquée à l'agrométéorologie et aux ressources en eau (AGRHYMET), a informé dans son bulletin du mois d'août 2002, que l'amélioration de la sécurité alimentaire au Burkina Faso, au Tchad, au Mali et au Niger avait déjà conduit à une baisse des prix de céréales tels que le millet .


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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