Les soldats appréhendés comprennent 235 des casernes de Ngourti, N’Guigmi et de la localité de Diffa – toutes situées dans la région de Diffa, au sud-est du pays – où se sont produites les mutineries. Trente-trois autres sont d’une garnison de Niamey, où une une mutinerie a été avortée dans la nuit du 4 au 5 août, selon les autorités. M. Hama a déploré la mort de deux soldats, tués durant les affrontements à Diffa entre les mutins et les troupes loyalistes dépêchées de Niamey pour mettre fin au soulèvement.
La mutinerie a éclaté le 31 juillet, lorsque des mutins ont pris en otage des responsables civils et militaires. Ils ont exigé la démission du chef de l’état-major des forces armées, le colonel Moumouni Boureima, et ont demandé que M. Hama se déplace à Diffa.
Le premier ministre a indiqué qu’il ne s’agissait ni plus ni moins que d’une tentative de déstabilisation des institutions démocratiques du Niger. Le gouvernement, a-t-il poursuivi, était persuadé que les actes posés par les mutins n’étaient « que la partie visible de l’iceberg », c’est-à-dire « une sorte de diversion tactique » visant à détourner l’attention de Niamey. La tentative d’insurrection dans la capitale a été déjouée grâce aux précautions prises par le gouvernement, a-t-il expliqué, ajoutant que les mutins voulaient libérer des officiers arrêtés dans le contexte des événements de Diffa et leur confier la direction des opérations. Ce qui laisse entrevoir, selon M. Hama, « une remise en cause de la légitimité des institutions démocratiques ».
Au moins quatre officiers ont été arrêtés car ils seraient compromis dans la mutinerie. Auparavant, ils avaient été accusés de l’enlèvement, en juin 2000, du commandant Djibrilla Hima, l’ancien porte-parole de la junte militaire qui s’était emparée du pouvoir en avril 1999, à l’issue de l’assassinat du président Ibrahim Baré Mainassara.
Les ravisseurs avaient été des proches du défunt président. Eux aussi avaient demandé la démission du colonel Boureima de son poste de chef de l’état-major.
M. Hama a annoncé que le gouvernement ne va pas recourir à la cour martiale pour juger les auteurs et complices des mutineries.
"La cour martiale existe dans nos textes, mais nous ne les ferons pas comparaître devant elle et il n'est pas question pour nous de couper la tête à qui que ce soit, car nous sommes des démocrates et, personnellement, je suis contre la peine de mort" a-t-il encore déclaré.
Il a indiqué que des textes en matière de justice militaire sont entrain d’être élaborés par un comité composé de cadres des ministères de la Justice et de la Défense nationale et, dès leur finition et approbation, ils seront soumis à la prochaine session du parlement pour adoption. Le comité travaille à partir des textes existant en France, au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, au Togo, au Bénin et en Côte d'Ivoire.
Les partis pro-gouvernementaux ont demandé que les mutins comparaissent devant une cour martiale, alors que les associations des droits de l’homme se sont opposées à cette idée et ont réclamé l’ouverture d’une enquête internationale.
M. Hama a par ailleurs confirmé que l'enquête sur les évènements est diligentée par la gendarmerie nationale, mais il a manifesté son hostilité à toute implication extérieure sous quelque forme que ce soit. "Dans une affaire militaire, la justice ne prend en considération qu'une enquête de gendarmerie; alors qu'on ne nous parle pas d'enquête internationale, et laissons la gendarmerie faire son travail sans aucune immixtion politique ou autre, car nous avons le devoir de lui faire confiance".
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