Des renforts lourdement armés ont été dépêchés à Diffa, une localité située à environ 1500 km à l’est de la capitale Niamey, pour rétablir l’ordre dans les garnisons de Diffa et de N’Gourti. Les mutins ont fait savoir qu'ils iraient jusqu'au bout de leurs revendications. Ils réclament une amélioration de leurs conditions de vie et le paiement de leurs indemnités.
" Sils veulent négocier, on va négocier, mais comme ils ont dit qu'ils veulent utiliser la manière forte pour libérer les otages, ils n'ont qu' à venir”, a déclaré sur une station de radio internationale un porte-parole des mutins. “Nous sommes prêts pour les recevoir ; nous avons tout l’ arsenal de guerre, et on a reçu une formation militaire, on a l'expérience du combat ".
Les habitants de la région estiment que le pire est à craindre en cas d’affrontements violents entre les mutins et l’armée loyaliste
" S'ils interviennent contre la compagnie dans la ville, ce sera un carnage et les populations risquent de payer un lourd tribut ; et dans le cas où les mutins prennent la brousse, ce sera mieux ainsi, ils vont se rencontrer là-bas et se canarder et tout le monde sera tranquille ", a commenté un habitant de la ville.
" La meilleure façon de temporiser c'est de prévoir une négociation au plus vite, pour écouter les doléances des militaires ", préconise un autre habitant de Diffa.
La mutinerie a éclaté mercredi, lorsque des soldats ont saisi leurs casernes et détenus plusieurs fonctionnaires civils, de la défense et de la sécurité, notamment un préfet, un député de la région et le maire de Diffa.
Le gouvernement du Niger a décrété l’état d’alerte dans la région dans la nuit de mercredi. Jeudi, des gendarmes à Niamey ont appréhendés trois officiers supérieurs de l’armée qui étaient proches du défunt président Ibrahima Baré Mainassara, assassiné en 1999, soupçonnés par le gouvernement d’être de mèche avec les mutins.
Le gouvernement a déclaré que la mutinerie s’était transformée en une véritable rébellion contre l’autorité de l’Etat. Il a ajouté que les mutins ont demandé la démission du chef de l’état major, Moumouni Boureima, et ont exigé que le premier ministre Hama Amadou se rende à Diffa. Cependant, les mutins ont démenti l’information, ajoutant qu’ils n’ont rien à voir avec les officiers arrêtés à Niamey et qu’ils n’ont jamais revendiqué le départ de M. Boureima.
Une première réaction de la société civile a été enregistrée jeudi après-midi à Niamey avec une déclaration de la principale centrale syndicale, l'Union syndicale des travailleurs du Niger (USTN), publiée dans un communiqué demandant au gouvernement de créer les conditions d’apaisement de la situation et de retour de la sérénité dans la région.
Le bureau exécutif de l'USTN a condamné la mutinerie militaire suivie d'enlèvement et de séquestration en cours dans la région de Diffa, et "dénonce toute remise en cause de l'ordre républicain du processus démocratique et de l'intégrité territoriale d'où qu'elle vienne ", souligne le communiqué.
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