"Ce qui s'est passé à Sun City n'est pas une affaire conclue," a indiqué l'ambassadeur du Royaume-Uni à l'ONU, Jeremy Greenstock, à des journalistes à Kinshasa. "Il [M. Kabila] est prêt à inclure le RCD dans l'accord en cours de discussion avec le MLC."
M. Greenstock a expliqué que la délégation de l'ONU focalisait son attention sur trois problèmes interdépendants: le dialogue intercongolais qui vient de s'achever à Sun City, en Afrique du Sud; le retrait des troupes étrangères de la RDC; et la démobilisation et le désarmement des groupes armés.
A propos de ces trois points, M. Greenstock a précisé que les termes du dialogue intercongolais n'étaient pas la première préoccupation du Conseil de sécurité, indiquant que la délégation "était plutôt à la recherche d'un résultat, car sans cela il ne peut y avoir de véritable retrait des forces étrangères." Il a ajouté que M. Kabila avait choisi l'option non militaire, comme le prouvait le départ de la RDC d'environ 12 000 à 13 000 troupes alliées (Angolais, Namibiens et Zimbabwéens), depuis qu'il avait succédé à son père, le défunt Laurent-Désiré Kabila, assassiné en janvier 2001.
Interrogé sur le soutien de Kinshasa en faveur des groupes armés à l'est de la RDC, M. Greenstock a répondu que M. Kabila "n'était pas absolument sûr" si son gouvernement approvisionnait toujours les anciens soldats des FAR et les Interahamwe (Forces armées rwandaises, l'armée exilée, et les milices hutues, principaux coupables du génocide au Rwanda en 1994) ainsi que les soldats burundais des Forces pour la défense de la démocratie (FDD, l'un des deux principaux groupes rebelles hutus combattant le gouvernement de transition du Burundi). Toutefois, M. Greenstock a indiqué que M. Kabila "avait clairement opté pour la voie non militaire."
Le désarmement des ex-FAR et des Interahamwe convaincra le Rwanda que la sécurité de sa frontière commune avec la RDC n'est plus menacée, a ajouté M. Greenstock, et que "pour entamer le processus de désarmement, le gouvernement de Kinshasa doit se rendre compte qu'il n'est pas dans son intérêt de les soutenir".
"Le président Kabila a garanti à trois reprises que le soutien militaire aux groupes armés à l'est du pays, notamment aux Interahamwe, cesserait," a poursuivi M. Greenstock. "Le président nous a confirmé aujourd'hui que ces groupes armés ne seraient plus approvisionnés. Nous soumettrons cette confirmation au gouvernement de Kigali."
"Il faut aussi que le RCD-Goma se rende compte que la motivation pour poursuivre l'action militaire va diminuer, et qu'il ferait donc mieux de conclure un accord pendant qu'il est encore temps."
Lors de sa visite prévue le 6 mai dans la capitale rwandaise Kigali, la délégation soulignera la nécessité pour le gouvernement rwandais de rejoindre le processus de paix, a indiqué M. Greenstock. "Les factions rebelles n'adhéreront pas à un accord si leurs alliés ne voient pas que cela est dans leur intérêt", a-t-il dit.
En ce qui concerne l'aide apportée aux FDD, M. Greenstock a indiqué que les FDD sur le sol congolais "se désintègrent et perdent de leur capacité militaire". Et d'ajouter: "Je suis convaincu que le président Kabila a l'intention de leur couper aussi les vivres."
Au sujet de la possibilité d'un retour à la violence dû à l'exclusion du RCD de l'accord de Sun City, M. Greenstock a cité les récents combats de Moliro comme preuve que "les gens ont choisi l'option militaire". Cependant, il a averti que le Conseil de sécurité "réagirait plus fortement si une partie quelconque revenait à l'usage de la force".
La délégation du Conseil de sécurité qui se trouvait mercredi dans la ville de Kisangani, au nord-est de la RDC, partira jeudi pour l'Angola, où elle rencontrera le président Jose Eduardo dos Santos et le Comité politique pour l'accord de cessez-le-feu de Lusaka. Vendredi, l'équipe onusienne se rendra en Ouganda pour s'entretenir avec le président Yoweri Museveni et le chef de file de l'ancienne rébellion du Mouvement de libération du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba, qui sera premier ministre dans le nouveau gouvernement congolais. Samedi, la mission continuera son voyage en Tanzanie où elle sera reçue par le président Benjamin Mkapa. Dimanche, elle fera une halte au Burundi pour y rencontrer le président Pierre Buyoya, le vice-président Domitien Ndayizeye et les présidents du sénat et l'assemblée nationale. Lundi, les délégués poursuivront leur tournée au Rwanda afin de rencontrer le président Paul Kagamé et les autorités rwandaises. Une réunion est également prévue avec une délégation d'anciens groupes armés rwandais. Mardi, la délégation rentrera au siège des Nations Unies, à New York.
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