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Le gouvernement cherche à interdire les groupes et milices ethniques

//L'article ci-après ne reflète pas nécessairement le point de vue des Nations Unies//

Au fil des trois années écoulées, le Nigéria a subi un grand nombre de pertes humaines du fait des conflits internes. Au moins dix mille personnes sont mortes dans des vagues de troubles ethniques et religieux sans précédent, qui « ont menacé de faire exploser depuis 1999 le pays le plus peuplé d'Afrique », a déclaré Uche Nwokike, un spécialiste en sciences politiques. "Ce chiffre est approximatif et est basé sur les bilans établis à partir des cas rapportés par les médias », a expliqué à IRIN M. Nwokike, un chercheur à l'Université du Nigéria. « Un nombre significatif d'incidents ne fait pas l'objet d'information ou n'est révélé que plus tard, et de nombreux décès ne sont pas pris en compte ». Au coeur de la violence se trouvent plusieurs groupes de milices ethniques et religieuses qui ont émergé dans le pays depuis l'élection du président Olusegun Obasanjo en 1999, qui a mis fin à plus de quinze années de régime militaire. Si le parlement passe un projet de loi dont il a été récemment saisi par M. Obasanjo, les groupes qui ont vu le jour dans tout le pays, et qui proclament qu'ils représentent des
intérêts de classe, religieux et ethniques rivaux, seront interdits. La Loi 2002 d'interdiction de certaines associations
[Prohibition of Certain Associations Act 2002] vise à pouvoir interdire toute "association d'individus ou de groupes quasi militaires » formé « dans le seul objectif de faire avancer les intérêts politiques, religieux, ethniques, tribaux, culturels et sociaux d'un groupe » d'une manière contraire à la paix et à l'ordre dans le pays.

Les cibles visées par cette définition sont évidentes. L'une d'elles est le Congrès du Peuple Oodoua (CPO), qui se pose en défenseur des intérêts du peuple Yorouba, l'une des plus grandes ethnies du Nigéria. Elle a été impliquée dans la plus grande partie des violences dans la capitale économique, Lagos, et dans d'autres régions du sud-ouest entre la communauté Yorouba et celle de langue haoussa, qui sont originairement du Nord.

Il y a également le Mouvement pour l'actualisation de l'Etat souverain du Biafra (MASSOB), qui veut faire revivre l'état sécessioniste créé en 1967 dans le sud-est, à Igbo, une autre ethnie importante, et a été battu à l'issue de trois ans de guerre civile en 1970.

Un autre groupe dans le sud-est, dont les activités ont causé bien des inquiétudes est celui des Bakassi Boys, une unité de lutte contre le crime qui a procédé à des exécutions extrajudiciaires de criminels présumés. Ce groupe jouit de l'appui d'un certain nombre de gouvernements dans le sud-est. Autre cible potentielle du projet loi: la milice connue comme les 'Egbesu Boys of Africa », qui comprend des membres du peuple Ijaw du Delta du fleuve Niger.
Les Egbesu Boys ont participé à la violence qui a secoué ces dernières années la région du sud, productrice de pétrole. Plusieurs autres groupes armés, affiliés à de nombreuses minorités ethniques du Delta, ont pris part à des guerres du pouvoir qui se sont soldées par de nombreux morts ces dernières années et ont perturbé les activités pétrolières dans la région.

Le gouvernement est tout aussi préoccupé par les activités de plusieurs milices impliquées dans les violences qui ont ravagé une grande partie du centre du Nigéria l'an dernier. L'un des incidents les plus marquants a mis aux prises les communautés tiv et jukun et a fait plusieurs centaines de morts. L'armée nigériane a été compromise lorsque dix neuf soldats ont été tués par une milice tiv et que des soldats, en guise de représailles, ont saccagé plusieurs villages tiv, tuant près de 200 civils. L'autre motif d'inquiétude pour le gouvernement de M.Obasanjo réside dans les activités des miliciens islamistes dans les Etats du nord à prédominance musulmane, qui ont adopté le code pénal musulman au cours des deux années écoulées. Ces groupes ont souvent déclenché des conflits violents avec les chrétiens et avec d'autres non musulmans, qui se sont produits dans plusieurs villes du nord.

A part les militants, le projet de loi vise également à neutraliser d'autres organisations dont les membres incluent des personnalités politiques importantes et qui ont pour but de représenter les intérêts d'une classe ou d'une ethnie.
Parmi celles-ci figurent la Yoruba Afenifere, la Igbo Ohaneze et le Forum consultatif Arewa, qui proclament représenter les intérêts du nord.

Egalement dans le même panier, une série de groupes créés par des minorités ethniques comme le Mouvement pour la survie du peuple Ogoni (MOSOP) et le Congrès national ijaw [Ijaw National Congress-INC].

M. Obasanjo a accusé ces groupes d'être l'inspiration derrière les militants, et a déclaré qu'il était nécessaire d'interdire leurs activités si l'on veut effectivement résoudre les conflits religieux et ethniques au Nigéria.

"Le président pourrait avoir raison, mais en proposant de bannir ces groupes, il ne traitera que les symptômes sans toucher à la maladie même », a commenté à IRIN Bola Oyeneye, un analyste politique. "Le problème avec le Nigéria est que c'est une création coloniale britannique et qu'après plus de 40 ans d'existence en tant que nation, de nombreux groupes qui la compose, qui n'ont rien retiré de leur appartenance à l'union après des décennies de mauvaise administration, remette en question sa fondation même ».

En effet, beaucoup de ces groupes ethniques et de classe ont été en première ligne pour revendiquer une restructuration politique et la dévolution du pouvoir loin du centre des groupes composants. Des organisations comme le MOSOP et l'INC considèrent que la décentralisation leur donnerait plus d'accès et de contrôle de la richesse pétrolière produite dans leur région. D'autres, comme les organisations yorouba et igbo, estiment qu'elle leur offrirait un espace politique pour réaliser une auto-détermination totale.

Or M. Obasanjo n'a jamais caché sa réticence devant les demandes de changement de la structure politique au Nigéria. Il est de notoriété publique que sa prise de position politique lui a valu l'appui d'acteurs politiques clé dans le nord (la région qui a produit les dirigeants nigérians pendant 30 des 40 années d'indépendance du pays du Royaume-Uni. Leur appui lui a permis de remporter les élections présidentielles de 1999, bien qu'il ait été vaincu dans la région yorouba dont il est originaire.

Beaucoup de ses détracteurs estiment que sa démarche d'interdire les groupes de milices et ethniques vise à renforcer son assise durant son deuxième mandat présidentiel s'il remporte les élections de l'an prochain. Cependant, tout porte à croire que si le projet de loi surmonte un processus difficile au parlement, son application suscitera un ressentiment accru.

Un groupe se décrivant comme la Coalition des groupes d'auto-détermination Oodoua, qui comprend le CPO et d'autres groupes pro-Yorouba plus petits, a publié un communiqué provoquant en réaction au projet de loi proposé. « Nous avons toujours soutenu que notre agenda minimal est la restructuration du Nigéria aux fins de réaliser un fédéralisme réel… notre agenda optimal étant d'atteindre le statut d'une république », stipule le communiqué.
Et d'ajouter: "En ce qui nous concerne… nous sommes des organisations politiques qui luttent pour la libération des Yorouba des griffes des impérialistes de l'anglo-Caliphat [britannique et Nigérian du nord] et non des milices ethniques ».



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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