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Au moins 15 000 déplacés à l'intérieur et 50 000 déplacés dans la capitale

Au moins 15 000 personnes étaient encore déplacées mercredi dans la région de Pool et sans doute 50 000 autres à Brazzaville, la capitale de la République du Congo (ROC), à la suite de la panique provoquée par des combats continus dans plusieurs localités à l'intérieur de la région de Pool et dans le quartier de Kinsoundi de Brazzaville, ont rapporté des agences de l'ONU ce jeudi. Elles ont néanmoins prévenu que, comme la plupart des sites de déplacement ne peuvent être atteint à cause de l'insécurité, ces nombres risquaient d'être supérieurs.

"En dépit du haut degré de liaison de l'ONU, il demeure encore très difficile d'obtenir des informations fiables, en particulier sur les conditions de sécurité, et d'assurer l'accès aux populations qui nécessitent une assistance humanitaire », a indiqué à IRIN, William Paton, le Coordonnateur humanitaire et résident de l'ONU.

A Brazzaville, des dizaines de milliers de personnes ont fui des parties au sud de la ville (Bacongo, Kinsoundi, Makelekele) dans la nuit de mercredi, après les bombardements de faible intensité à Kinsoundi au cours de l'après-midi. Bien qu'il soit fait état du retour d'un grand nombre d'habitants jeudi, la population à Kinsoundi reste piégée, selon des sources humanitaires, car l'armée a restreint le mouvement à l'intérieur et à l'extérieur de la zone.

"Tandis que les déplacés trouvent actuellement refuge auprès de leurs familles étendues, ceci crée un fardeau significatif pour des populations qui vivent déjà, pour la plupart, avec le strict minimum », a déclaré M. Paton. "Il est inquiétant de savoir que les familles ne sont pas en mesure d'absorber les déplacés pendant une période de temps prolongée ».

L'essence serait disponible dans la capitale, mais en quantités très limitées, avec de longues queues dans les stations d'essence de la ville. Les prix des produits locaux (fruits, manioc et légumes) ont grimpé, et dans certains cas, ils ont quasiment doublé. De nombreux incidents de pillage ont été signalés, et des barrages ont été érigés à Brazzaville dans la nuit de mercredi par l'armée, la police, les forces spéciales et les milices.

Même si M. Paton a noté que « des efforts considérables ont été déployés par les autorités pour assurer les habitants que la situation est maîtrisée », l'équipe de l'ONU d'administration de la sécurité a recommandé la suspension jusqu'à nouvel ordre de toutes les missions à Brazzaville.

Les groupes humanitaires ont exprimé leur inquiétude devant le fait que le gouvernement ait adopté une approche agressive face à la situation actuelle, en favorisant le recours vigoureux à des solutions militaires au lieu de négociations ; et l'arrivée d'une unité spéciale de soldats angolais dans la région de Pool et à Brazzaville a suscité de nouvelles inquiétudes au sein de certaines de ces organisations.

Le porte-parole militaire, le colonel Jean-Robert Obargui aurait déclaré à l'Associated Press: "Nous avons décidé de rétablir l'ordre à Pool, quel qu'en soit le prix ».

Dans un communiqué paru mercredi, le Coordinateur de l'ONU pour les secours humanitaires, Kenzo Oshima, s'est dit "alarmé par des informations évoquant une aggravation de la situation humanitaire » dans la République du Congo. Il a invité toutes les parties "à respecter les principes humanitaires, en particulier ceux recommandant la protection des civils dans les conflits armés, et à permettre aux travailleurs humanitaires l'accès à ceux qui sont dans le besoin ». M. Oshima a rapporté que des équipes d'évaluation sont dépêchées dans les zones où l'accès est possible pour s'enquérir du nombre et des conditions des personnes déplacées à l'intérieur, tandis qu'à Brazzaville, les agences de l'ONU mettent sur pied des équipes interagences pour préparer une réponse coordonnée aux besoins humanitaires croissants.

La France, ancienne puissance coloniale du Congo-Brazzaville, a publié un communiqué jeudi dans lequel elle a exprimé son inquiétude devant la situation - quelques jours seulement après l'élection paisible, le 10 mars, de Denis Sassou-Nguesso comme président qui, a-t-elle affirmé «a montré le désir de paix des Congolais ». La France a souhaité que des mesures soient prises par les autorités congolaises pour que la situation aboutisse à une conclusion pacifique.

Les hostilités ont éclaté au Congo à la fin mars lorsque plusieurs postes militaires dans la région de Pool ont été attaqués par les milices dites « Ninja », aux dires des sources officielles. Les représentants des Ninjas ont raconté que les affrontements ont été provoqués quand ils ont découvert les projets du gouvernement d'arrêter leur chef, le Rév. Frédéric Bitsangou (alias Ntoumi).

Le gouvernement de la République du Congo proclame que la section de Kingouari à Makelekele est une région ayant une grande concentration d'ex-miliciens Ninjas, qui avaient été démobilisés après les accords de paix de 1999, qui ont marqué la fin de longues années de guerres civiles répétées.

Dans l'après-midi du mardi 9 avril, la police de Brazzaville a effectué des descentes dans ces quartiers du sud pour recherche des armes illégales et des ex-Ninjas qui, craignait-elle, pourraient être entrain d'attendre le signal de M. Ntoumi pour lancer une offensive dans la capitale. La police a tiré des coups de feu - des « tirs inoffensifs de sommation » , si l'on en croit les officiels, qui ont suscité une grande panique parmi la population urbaine d'ores et déjà alarmée par des informations mentionnant une importante activité des rebelles dans des régions de l'ouest et du nord-ouest de la capitale.

Le mois dernier, le colonel Michel Ngakala, Haut Commissaire pour la réinsertion des ex-combattants dans la République du Congo, a accusé M. Ntoumi de s'opposer à la démobilisation de ses hommes et de constituer, par conséquent, une menace pour la paix. Bien que M. Ntoumi ait exprimé au Programme des Nations Unies pour le développement et à l'Organisation pour les migrations internationales (OIM) sa volonté que ses hommes soient réinsérés, les négociations entre celui-ci et le gouvernement ont échoué pour l'instant.

A l'issue des accords de cessez-le-feu de 1999, le processus de démobilisation d'un nombre total estimé à 25 000 combattants de la milice s'est déroulé en Congo. Il englobe les membres des Cobras (fidèles à l'actuel président Denis Sassou-Nguesso), les Cocoyes (fidèles à l'ex-président Pascal Lissouba), et les Ninjas (fidèles à l'ancien chef de gouvernement, Bernard Kolelas).

Depuis la fin de la guerre civile, de nombreux miliciens ont rendu leurs armes en échange d'emplois civils. A travers un programme PNUD/OIM intitulé "Réinsertion des ex-combattants et récupération des armes légères'', exécuté depuis novembre 2000, plus de 7 500 ex-combattants ont été assistés dans la transition à la vie civile grâce à des financements et à une formation leur permettant de lancer de petites entreprises, tandis que quelque 1 800 ont été réinsérés par le gouvernement, surtout dans l'armée. L'initiative a aussi récupéré et détruit 12 000 armes de petit calibre.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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