"Nous sommes inquiets devant le fait que la politique des réformes menée en Afrique, et qui commence à porter fruit, soit mise en péril par ce qui adviendra durant les prochains mois et les années à venir », a indiqué le ministre des Finances du Niger, Ali Gamatie, lors d'une conférence de presse à Washington DC (Etats-Unis). "Ce n'est certainement pas le moment pour que les institutions de Bretton Woods [la Banque mondial et le FMI) et la communauté des donateurs effacent l'Afrique de leur écran radar ».
Les délégués africains se sont réunis mardi avec de hauts responsables de la Banque mondiale et du FMI, à qui ils ont présenté leurs revendications, notamment un accès équitable aux marchés mondiaux, une annulation plus rapide et plus substantielle de la dette, et le besoin de l'Afrique en investissements de capitaux, entre autres questions.
Vingt-trois pays au total ont atteint le point de décision sur la qualification pour l'allégement de la dette dans le cadre de l'initiative en faveur des pays pauvres les plus lourdement endettés (HIPC), parmi eux 19 de l'Afrique, a informé Gerald Ssendaula, le ministre Ougandais des Finances, de la Planification et du Développement éonomique, qui est également le directeur du Bureau africain auprès du FMI et de la Banque mondiale, que l'Ouganda préside jusqu'en 2003.
"Sur ces dix-neuf pays, [seuls] deux ont atteint le point de réalisation: l'Ouganda et le Mozambique... Notre demande consistait à accélérer l'allégement de la dette, à savoir de combler le fossé entre le point de décision et celui de la réalisation", a précisé M. Ssendaula. Le pays africains considèrent également que "le processus devrait être assorti d'allocations ou de prêts à des conditions libérales" de façon à ce qu'ils ne contractent pas d'autres dettes dans le futur, a-t-il ajouté.
Les ministres africains des Finances ont exhorté à un accès équitable aux marchés internationaux, qui ont souvent des barrières d'entrée favorisant les nations développées.
"Les Africains réalisent qu'ils ne peuvent dépendre de l'aide ; que bien que l'aide soit importante, la question de l'accès au marché est encore plus fondamentale. En conséquence, dans nos discussions... l'importance d'avoir un accès au marché a été très bien mise en relief", a commenté Jean-Baptiste Compaoré, le ministre des Finances du Burkina Faso.
"Le problème est que sur la plupart des marchés où l'Afrique vend ses produits, les produits agricoles du monde développés sont subventionnés", a noté M. Ssendaula. "Notre préoccupation est que nos marchandises, qui sont essentiellement des matières premières, et des produits agricoles, ne bénéficient pas d'une part équitable du marché ».
Le Bureau africain auprès de la Banque mondiale et du FMI a aussi fait part de son désir de voir des africains recrutés et employés dans des postes de responsabilité au sein de la banque ; des financements supplémentaires pour la recherche de remèdes contre le VIH/Sida et de voir le prix des médicaments essentiels baisser ; et davantage d'investissements directs étrangers en Afrique.
Au Fonds monétaire international (FMI), les ministres africains ont présenté des questions relatives à la quote-part des pays au sein celui-ci et aux Programmes de stratégie de réduction de la pauvreté qu'il encourage dans les pays en développement, a indiqué M. Ssendaula.
L'Afrique "accueillera assurément plus d'allocations et d'aide » que l'allégement de la dette et les prêts, et les prêts devraient être concédés à des conditions de faveur, avec un taux d'intérêt inférieur à un pour cent, une période de grâce de dix ans et un remboursement échelonné sur 40 ans, a-t-il spécifié.
"Je ne pense pas qu'il y ait eu aucun autre continent où il y a eu autant de réformes que celles que nous avons en Afrique depuis cinq ans, mais en même temps, nous observons un déclin dans le flux de l'aide », a remarqué M. Gamatie.
"Il y a la question de la part de la communauté internationale d'être crédible en honorant l'engagement quand ils disent que vous devez avoir une bonne gouvernance, vous devez combattre la corruption, avoir une bonne politique économique, alors vous pourrez être qualifiés pour l'HIPC. Mais une fois que vous avez tout cela, alors parfois la réponse ne vient pas », a-t-il poursuivi.
"Nous allons être plus coordonnés en Afrique afin de faire davantage pression dans le sens de ces réclamations. Nous allons les répéter jusqu'à ce que nous arrivions à une solution », a ajouté M. Ssendaula.
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