Des milliers de manifestants ont envahi les rues à la sortie des mosquées après la prière du vendredi dans la plus grande ville du nord du Nigeria, dénonçant les raids aériens contre l'Afghanistan et brandissant des portraits du dissident saoudien, Ossama bin Laden, soupçonné d'être derrière les attaques terroristes à New York et Washington DC.
La marche était paisible jusqu'à ce qu'une rixe avec un groupe de chrétiens ait dégénéré en violence d'envergure. Des voitures incendiées couvraient les rues lundi et plusieurs bâtiments brûlés fumaient encore. Le quartier de Sabon Gari, habité par des chrétiens et par des non musulmans, a été le plus secoué par les violences.
Le bilan officiel de 13 morts est considéré bien en dessous de la réalité et vise à prévenir une escalade de la crise. Beaucoup d'habitants avancent des chiffres bien plus lourds concernant le nombre de morts et de blessés.
« Il y a eu pas moins de 150 morts, notamment dans la nuit de samedi lorsque de nombreux chrétiens et des originaires du sud vivant dans les zones où ils sont minoritaires furent attaqués alors que la police était concentrée à Sabon Gari", a expliqué à IRIN Johnson Okosun, un habitant. "J'ai eu de la chance de m'être échappé lorsque mon domicile dans la zone de Naibawa a été attaqué".
« Des cadavres jonchent encore les rues de la ville, tandis que les troupes de renfort ont été envoyées à la demande du président Olusegun Obasanjo, avec l'ordre de tirer à vue sur les émeutiers. Un couvre-feu du crépuscule à l'aube a été imposé à Kano par le gouverneur de l'Etat, Rabiu Kwankwaso, jusqu'à nouvel ordre.
Des milliers d'habitants ayant fui leurs foyers sont réfugiés dans les commissariats de police et les casernes de l'armée. Beaucoup d'autres, surtout du sud, fuient la ville en masse.
Cette situation suscite des craintes quant à des attaques imminentes de représailles contre les musulmans du nord qui vivent au sud du Nigeria, comme ce fut le cas durant le cycle récent de violences communautaires et religieuses dans le pays.
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