Selon le communiqué du gouvernement, les forces de sécurité et de défense ont arrêté mardi au moins deux officiers supérieurs impliqués dans cette tentative de coup d’état, mais plusieurs de leurs complices ont pu s’enfuir.
Sept officiers supérieurs ont été accusés d’être les instigateurs de ce coup d’état manqué qui visait à « abattre l’avion du Président » Déby à son retour du sommet de la CEMAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale) à Bata, en Guinée Equatoriale.
« Ayant été informés des intentions des auteurs de cette tentative de coup d’Etat, les forces de défense et de sécurité ont pris les devants pour stopper la marche des éléments engagés dans cette tentative sur N’djaména », a déclaré le ministre de la Communication, Hourmadji Moussa Doumgor.
Le communiqué indiqué également que le Président Déby a regagné mardi soir la capitale N’djaména.
La présumée tentative de coup d’Etat intervient à moins de deux mois de l’élection présidentielle pour la quelle M. Deby brigue un nouveau mandat grâce à un amendement très contesté de la Constitution, voté l’année dernière, et qui supprime la clause de limitation des mandats à deux quinquennats.
Selon plusieurs sources à N’djamena, la ville était calme et les gens vaquaient à leurs occupations, mais le réseau de téléphonie mobile avait été coupé mardi nuit et l’était encore une dans la matinée de jeudi. La tension est perceptible dans la capitale depuis quelques mois en raison la présence d’un mouvement rebelle implanté dans la région est du pays et déterminé à renverser le président Déby qui a déjà échappé à plusieurs autres tentatives de coup d’Etat.
Depuis octobre 2005, de nombreux soldats et officiers supérieurs ont déserté l’armée pour rejoindre la rébellion tchadienne installée dans la partie Est du Tchad à la frontière avec la région soudanaise du Darfour, secouée par un long conflit.
En décembre, plusieurs groupes de rebelles ont formé une Coalition à laquelle adhèrent le Socle pour le changement, l’union nationale et la démocratie (SCUD), un mouvement créé par des déserteurs de l’armée et dirigé par Yaya Dillo Djérou, et le Rassemblement pour la démocratie et la liberté, dirigé par Mahamat Nour.
Ancien commandant de l’armée, M. Déby est arrivé au pouvoir à la suite du coup d’Etat de 1990. Il a ensuite remporté deux élections présidentielles mais entretient depuis quelques temps des relations très tendues avec le Soudan, un pays voisin, qu’il accuse de soutenir la rébellion.
Selon le communiqué du gouvernement, les instigateurs de ce coup d’Etat manqué sont connus et vivent pour la plupart à l’étranger. Il s’agit notamment de Tom et Timan Erdimi, des proches de Deby et d’anciens hauts fonctionnaires du gouvernement. En décembre dernier, les frères Erdimi avaient publié un communiqué indiquant qu’ils conjuguaient leurs efforts pour renverser le Président Deby.
Le gouvernement tchadien a indiqué qu’un mandat d’arrêt international a été lancé contre les auteurs du coup d’Etat qui résident au Burkina Faso, au Cameroun, au Soudan et aux Etats-Unis, et qu’il a sollicité la coopération de ces pays.
A en croire un journaliste tchadien, qui a requis l’anonymat, il n’est pas sûr que Déby puisse tenir jusqu’aux élections du 3 mai prochain.
« Il échappe, il échappe, il échappe, mais jusqu’à quand », s’est-il exclamé.
Et malgré le mécontentement général que suscite le projet du gouvernement d’organiser les élections présidentielles en mai, alors que le pays fait face à une grave crise sociale et militaire, M. Déby est déterminé à aller de l’avant.
« Il veut aller aux élections, comme s’il n’y avait aucun problème. Mais la situation économique, sociale et militaire est tout à fait pourrie ».
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