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A défaut de travail, des jeunes se font soldats "volontaires"

[Guinea] Jean Tamba Koundoouno, 18, and 'commandante' of half a dozen volunteer soldiers in Nzerekore. One day they hope they will be offered a proper millitary job. [Date picture taken: 02/26/2006] Sarah Simpson/IRIN
soldiers in Guinea

Les opportunités d’emploi sont limitées pour les jeunes guinéens, en particulier dans la région forestière de Nzérékoré, au sud-est du pays, où depuis quelques années, des milliers de jeunes hommes travaillent comme soldats « volontaires » et se font faire des uniformes, dans l’espoir un jour d’intégrer l’armée régulière.

« Nous sommes des volontaires. Lorsque la Guinée a été agressée, nous avons décidé, en tant que patriotes, de défendre notre pays et notre peuple », a déclaré Jean Tamba Koundoouno, un jeune homme de 18 ans, surnommé « Commandante » par ses six subordonnés, dont le plus âgé a 23 ans. « Si nous avions le choix, nous préférerions intégrer l’armée régulière et avoir un salaire et un uniforme ».

Vêtu d’un tenue militaire dépareillée mais soigneusement repassée, cousue par le tailleur du coin, Koundoouno explique que les volontaires ont pris les armes en 2000 – alors qu’il n’avait que 13 ans -, quand des rebelles libériens et sierra léonais ont exporté leur guerre sur le territoire guinéen.

Dans la case branlante qui leur sert de poste de garde, l’équipement est sommaire : un fourneau à charbon, quelques verres et une petite tellière. Lorsqu’on leur demande s’ils ont déjà utilisé une arme, ils répondent invariablement qu’il s’agit d’une information « top secret », mais tous sans exception avouent avoir déjà manié une massue.

Selon les estimations de l’ONU, quelque 4 000 soldats volontaires vivent dans la région forestière de Guinée. Dans Nzérékoré, la capitale de la région, il n’est pas rare de rencontrer dans les rues des soldats volontaires employés comme agents de sécurité professionnels par des ONG et agences de l’ONU présentes dans la région, en échange d’un petit pécule leur permettant de s’acheter leurs uniformes.

A en croire le gouvernement, la Guinée a accueilli au cours des dix dernières années près d’un million de réfugiés des guerres du Liberia, de la Sierra Leone et de la Côte d’Ivoire. Et c’est dans la région forestière, où la Guinée possède une frontière avec ces trois pays, que la plupart des familles en fuite ont convergé, obligeant les agences humanitaires à y développer une multitude d’opérations.

Les élections organisées en 2002 en Sierra Leone et en 2005 au Liberia, ont permis de ramener la paix dans ces pays déchirés par plus de dix années de guerre civile. Les réfugiés ont donc été priés de rentrer chez eux, les agences humanitaires ayant décidé de mettre fin à leurs activités, faute de moyens financiers.

« Qu’ils partent ou qu’ils restent, nous ne bougerons pas d’ici », a déclaré Koundoouno, qui n’a jamais eu d’autre emploi que celui de soldat volontaire.

Chaque soldat volontaire s'est fait faire un uniforme militaire

Le Programme alimentaire mondial (PAM)) a lancé un projet pilote pour démobiliser 60 soldats volontaires. Ils suivent une formation assurée par des ONG locales et qui, espèrent-ils, leur permettra de trouver un autre emploi. En cas de succès du programme, il pourrait être prolongé.

Mais Koundoouno et ses hommes gardent l’espoir d’obtenir un poste au sein de l’armée.

« Le président a dit qu’il recrutera plus de soldats pour remplacer ceux qui partent à la retraite - nous sommes là pour ça », a-t-il expliqué, ignorant qu’au mois de novembre dernier, le gouvernement a mis à la retraite près de 2 000 militaires.

A deux jours de route de la capitale Conakry, Nzérékoré est une ville sans électricité où seuls les organisations humanitaires et les hôtels où logent leurs personnels sont dotés de générateurs.

Les conditions de vie sont si difficiles à Nzérékoré que certains Guinéens se font passer pour des réfugiés pour bénéficier notamment de la nourriture, des soins de santé et de la scolarité gratuite dans les camps, selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

D’après les statistiques de Médecins sans frontières-Suisse, 90 pour cent des enfants soignés pour malnutrition en 2005 dans le camp de Nonah où transitaient les réfugiés ivoiriens étaient en fait Guinéens.

Certains diplomates craignent que la baisse des activités des agences humanitaires n’ait un impact négatif sur la population locale, en ce sens qu’elle supprimerait de précieux emplois, ce qui pourrait créer un climat d’instabilité.

« Prenez l’exemple de la France », a indiqué un diplomate, en se référant aux récentes émeutes qui ont secoué les banlieues parisiennes. « Le manque d’emplois et de perspectives pour les jeunes suffit à créer des problèmes dans n’importe quel pays ».

Dans son rapport d’avril 2005, l’organisation Human Rights Watch considère que l’absence d’opportunités d’emploi est un obstacle majeur qui ne permet pas de briser le cycle des guerres en Afrique de l’ouest où les « combattants » peuvent offrir leurs services en échange de quelques dollars ou de promesses de pillage.

Nzérékoré est la capitale de la région forestière en Guinée

Selon Sarah Ward, la coordinatrice des programmes d’International Rescue Committee - un organisme qui gère 16 écoles dans cinq camps de réfugiés libériens de la région forestière et travaille également dans la protection des réfugiés -, il est important de fournir des opportunités d’emploi pour assurer la stabilité de la région à long terme.

« La création et les opportunités d’emploi sont un problème auquel la Sierra Leone doit actuellement faire face et je suis certaine que le même problème se posera au Liberia », a déclaré Mme Ward. « L’arrivée de ces réfugiés a eu un impact négatif sur ces communautés guinéennes et nous devons aussi les aider au moment où les réfugiés et le personnel humanitaire partent ».

Mais pour Koundoouno et ses hommes, qui attendent de prendre leurs verres de thé pour démarrer une nouvelle journée consacrée à la garde des bureaux de l’ONU quasi-vides, la seule aspiration est d’intégrer l’armée guinéenne.

« Nous aimons l’armée, mais nous ne combattrons pas pour de l’argent », a déclaré Koundoouno. « Nous le faisons par amour de notre pays, pour assurer la défense de nos familles ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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