"Il est candidat unique de l’opposition démocratique togolaise face à la dictature moribonde", a indiqué l’Union des forces du changement (UFC), le principal parti d’opposition, dans une déclaration publiée sur son site Web. "L’homme représente aujourd’hui l’espoir de tout un peuple".
Le décès en février dernier d’ Eyadema, un ancien lutteur qui a dirigé sans partage ce petit pays d’Afrique de l’ouest, a déclenché une crise politique.
Dans les heures qui ont suivi l’annonce du décès de son père, Faure Gnassingbe s’est emparé du pouvoir avec la complicité de l’armée, puis a modifié la constitution pour légitimer sa prise de pouvoir.
Face à la condamnation unanime de la communauté internationale, aux sanctions imposées par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA) et aux violentes manifestations qui se sont déroulées dans les rues de Lomé, Gnassingbe a finalement démissionné de son poste de président par intérim, indiquant qu’il se présentera aux élections du 24 avril comme le candidat du parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple togolais (RPT).
Après des semaines de discussion, la coalition des six partis de l’opposition démocratique togolaise a choisi lundi dernier Bob-Akitani comme son candidat aux prochaines élections présidentielles. Pendant ce temps, Gnassingbe bouclait une tournée des capitales de la sous-région pour rencontrer certains chefs d’Etat.
A 74 ans, Bob-Akitani, ingénieur des mines à la retraite et vice-président de l’Union des forces du changement (UFC) s’était déjà présenté aux élections présidentielles de 2003 et était arrivé deuxième derrière Eyadema en totalisant 34 pour cent des suffrages.
Mais à l’époque, la candidature de Bob-Akitani avait été enregistrée en retard, en raison de l’interdiction faite à Gilchrist Olympio, le chef de file de l’UFC, de se présenter à l’élection, et les autres partis de l’opposition ne s’étaient ralliés à lui qu’à la fin de la campagne.
Fils de Sylvanus Olympio, le premier président du Togo indépendant, Gilchrist vit en exil en France depuis plusieurs années et a manifesté son intention de se présenter à l’élection de 2005. Mais une disposition de la constitution qui stipule que tout candidat à l’élection présidentielle doit avoir vécu au Togo au moins 12 mois avant la date des élections pourrait invalider sa candidature.
Selon certains observateurs, le choix de Bob-Akitani présente plusieurs atouts. Il est resté au Togo pendant les années sombres de la répression politique. Son parti, l’UFC, est celui qui traditionnellement obtient le plus de voix au sein de la coalition de l’opposition et cette année il est le candidat unique de l’opposition démocratique togolaise.
"Je pense que l’important cette fois-ci n’est pas tant la personne choisie, que le consensus sur le choix d’un candidat unique. Nous ne devons pas sous-estimer l’importance de cet accord", a indiqué à IRIN un diplomate occidental. "Ce n’est pas un problème de personne. Les togolais savent déjà s’ils doivent voter pour le parti au pouvoir ou pour l’opposition".
Mais dans les rues de Lomé, certains sympathisants de l’opposition s’interrogent sur les capacités du septuagénaire Bob-Akitani à affronter le jeune Gnassingbe de 39 ans, dont le parti contrôle la quasi-totalité des rouages de l’Etat.
"Je ne comprends pas qu’on nous impose un vieux fatigué", s’étonne Gisèle, vendeuse au grand marché de Lomé.
La campagne officielle pour le scrutin du 24 avril débutera dans trois semaines. Mais lundi soir, certains membres de l’opposition avaient encore des doutes sur les possibilités réelles d’organiser des élections libres et justes dans un délai aussi court.
"Ce qu’il faut c’est que nous mettions en avant les problèmes qu’il reste à résoudre, et c’est en fonction de ces problèmes que la date finale sera annoncée" a indiqué Yawovi Agboyibo, le chef de file du deuxième plus important parti d’opposition, le Comité d’action pour le renouveau (CAR).
Selon l’opposition, près de 25 pour cent des noms figurant sur les listes électorales sont des noms fictifs. Le gouvernement s’est engagé à réviser les listes électorales entre le 28 mars et le 5 avril, mais certains critiques indiquent que ce laps de temps ne sera pas suffisant pour effectuer les révisions nécessaires.
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