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IRIN se penche sur les espoirs d'une réconciliation durable // Panorama de fin d'année//

[Cet article ne reflète pas nécessairement le point de vue des Nations Unies]

Durant les douze mois écoulés, la Côte d'Ivoire s'est débattue pour émerger de l'ombre de l'instabilité politique et économique qui a frappé le pays depuis un coup d'état il y a juste deux ans.

Le coup d'état du 24 décembre 1999 a déchu le président Henri Konan Bédié, chef du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), au pouvoir depuis l'indépendance de la France in 1960. Il a hissé à la magistrature suprême du pays le premier dirigeant militaire de la Côte d'Ivoire, le général Robert Gueï.

M. Gueï, ancien chef d'une junte militaire, a dirigé une période turbulente de l'histoire politique du pays. Au cours des neuf mois conduisant aux élections d'octobre 2000 et débordant sur le début de 2001, la Côte d'Ivoire a connu des mutineries, des informations faisant état d'assassinats et de tentatives de putsch, des manifestations contre les étrangers, des violences et des arrestations durant la période électorale, des atteintes aux droits de l'homme, une hausse du crime et une instabilité généralisée.

A la fin de l'an 2000 et au début de 2001, la division ethnique et religieuse s'est creusée. Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme ont fait état d'abus de la part des forces de l'ordre, ciblant principalement des personnes du nord de la Côte d'Ivoire, où le principal dirigeant de l'opposition, Alassane Dramane Ouattara, et son parti, le Rassemblement des Républicains (RDR), ont le plus d'appui.

Mais la dernière partie de l'année a marqué un revirement. Les points forts incluent un forum de réconciliation nationale qui a rassemblé des centaines de représentants des partis politiques, de la société civile et du corps universitaire, ainsi que les dirigeants des quatre grands partis politiques, Bédié, Gueï, Ouattara et le président Laurent Gbagbo. Le forum, qui a dominé les trois derniers mois de 2001, a été convoqué en réponse aux événements en Côte d'Ivoire depuis le coup de 1999.

La première flambée de violence électorale s'est produite lorsque M. Gueï s'est proclamé vainqueur aux élections présidentielles d'octobre 2000, après avoir suspendu la publication des résultats. Mais des manifestations massives dans les rues d'Abidjan l'ont forcées à abandonner le pouvoir. M. Gbagbo a été déclaré vainqueur et a officiellement prêté serment en tant que président le 26 octobre.

Des protestations du RDR exigeant l'annulation du scrutin, duquel M. Ouattara a été disqualifié par la Cour constitutionnelle, ont été suivies par des accrochages entre des sympathisants favorables et d'autres hostiles au gouvernement, ainsi que par des affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre.

Les troubles se sont soldés par la mort de 300 personnes environ, notamment 57 jeunes dont les corps criblés de balles ont été découverts le 27 octobre dans une forêt aux abords de Yopougon, un faubourg d'Abidjan. Des rapports d'organisations internationales des droits de l'homme telles que Human Rights Watch ont incriminé les gendarmes (forces de l'ordre) pour le meurtre des hommes. Cependant, huit gendarmes accusés de ces meurtres ont été acquittés par un tribunal militaire puis relâchés.

La réouverture de l'enquête sur le massacre d'Yopougon figurait en bonne place dans les recommandations du comité directeur du forum, qui a achevé ses travaux le 18 décembre 2001, et soumises à M. Gbagbo.

Lors de son discours de clôture du forum, M. Gbagbo a répondu à chacune des recommandations, notamment celle suggérant l'octroi d'un certificat de nationalité à M. Ouattara. "Laissons cela aux mains du système judiciaire", a indiqué M. Gbagbo.

La nationalité de M. Ouattara a été la pomme de discorde au sein de la classe politique ivoirienne pendant plusieurs années, et a atteint son comble lorsque les autorités lui ont refusé le droit d'entrer en lice aux élections présidentielles et législatives. Dans les deux cas, il a été déclaré inéligible car il n'a pas été en mesure de prouver que ses deux parents sont Ivoiriens.

La constitution stipule que pour être éligibles, les candidats doivent être des ressortissants nés de parents ivoiriens et ne doivent pas s'être prévalus d'une autre nationalité. Les détracteurs de M. Ouattara prétendent que ses parents sont du Burkina Faso et qu'il a utilisé la nationalité Burkinabè par le passé, chose qu'il dément.

Le RDR a boycotté les élections présidentielles et législatives afin de protester contre la disqualification de son chef de file.

Des analystes ont indiqué qu'alors que la recommandation concernant l'octroi d'un certificat de nationalité à M. Ouattara constituait un pas positif, il n'en reste pas moins qu'elle ne résoudra le problème qu'en partie. Le noeud du problème, ont-ils relevé, réside dans l'éligibilité de M. Ouattara à une fonction politique, ce qui ne suit pas automatiquement une reconnaissance de citoyenneté.

Le commentateur politique, Constant Zeze, a déclaré à IRIN que le forum et ses conclusions étaient positifs et qu'ils ne manqueront pas d'avoir un effet bénéfique sur le pays.

En dépit de l'impasse continue de l'éligibilité de M. Ouattara, le porte-parole du RDR, Aly Coulibaly a indiqué à IRIN que, globalement, le parti souscrivait aux résolutions et aux recommandations avancées durant le forum. "Le forum était une étape dans le processus de réconciliation", a-t-il opiné. "Il était nécessaire de l'organiser. Nous pensons que les résolutions ramèneront la paix".

Au chapitre des autres événements de l'année indiquant un apaisement de la tension, il y a lieu de citer la libération des prisonniers politiques et le déroulement pacifiques des élections municipales.

Plusieurs membres de l'opposition, détenus depuis l'agitation politique de l'an 2000 et le putsch avorté de janvier 2001, ont été remis en liberté au cours de l'année. Ceux-ci incluaient M. Coulibaly.

Les élections municipales qui ont eu lieu en mars ont été saluées par les chefs d'état de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui ont loué "l'esprit de concorde qui a prévalu durant les récentes élections municipales en Côte d'Ivoire". Des observateurs ont indiqué que les élections avaient été équitables, d'une manière générale, bien que marquées par la violence dans quelques régions du sud-ouest du pays entre des indigènes et des migrants d'autres parties du pays qui soutenaient des candidats opposés.

Alors que le coup d'état a exacerbé les relations avec les pays voisins et la communauté internationale, et a aggravé la situation économique, certaines indications laissent augurer des jours plus heureux.

En effet, la France a repris son aide en février 2001, au terme de quatorze mois de suspension, afin d'aider son ancienne colonie à regagner "stabilité et démocratie", selon son ministère des Relations extérieures.

Lors d'une visite d'une délégation de l'Union européenne (UE), qui avait interrompue sa coopération après le coup d'état, celle-ci a déclaré en novembre 2001 qu'à la suite des "évolutions signicatives", une reprise totale de l'aide économique et de la coopération pourrait intervenir au début de 2002. Une aide partielle avait été rétablie vers le milieu de 2001.

Le Fonds monétaire international, qui avait aussi suspendu sa coopération, a accepté récemment de discuter avec le gouvernement un programme de trois ans visant à réduire la pauvreté et à encourager la croissance économique.

Toutefois, 2001 a également était le témoin d'événements négatifs, notamment un putsch avorté le 7 janvier, lorsque des hommes armés avaient simultanément attaqué les stations de la radiodiffusion et de la télévision publiques, une caserne de gendarmes à Abidjan et la résidence du président Gbagbo.

Le gouvernement a accusé les pays voisins d'appuyer les protagonistes du coup de force qui, a-t-il affirmé, incluaient des étrangers (non Ivoiriens). Avant la tentative de putsch, M. Gbagbo avait accusé le gouvernement du Libéria de permettre à M. Gueï de recruter des mercenaires au Libéria, une accusation qui a été réfutée. La Côte d'Ivoire a aussi accusé "des éléments armés venus du territoire malien" d'avoir perpétrer des violences dans le nord du pays durant les élections législatives en décembre.

Des abus continus contre les droits de l'homme des étrangers, en particulier contre des Burkinabè et des originaires du nord, ont aussi été confirmés durant la première partie de l'année. En février, la Ligue ivoirienne des droits de l'homme (LIDHO), a publié un communiqué déplorant les abus commis par les agents de la sécurité contre les étrangers, les accusant de leur extorquer de l'argent, de saisir et parfois de détruire leurs documents d'identité. Le forum de réconciliation nationale, qui vient de s'achever, a recommandé un renforcement des lois sur l'immigration et une réforme du système judiciaire.

Des litiges fonciers ont provoqué la mort et le déplacement. En mai, six personnes ont été tuées et un millier d'autres déplacées à la suite d'une dispute entre un autochtone et un Burbinabè dans le village de Goya, à 450 km à l'ouest d'Abidjan, a rapporté la Croix-Rouge ivoirienne.

Que réserve 2002 à la Côte d'Ivoire ? D'après M. Zeze, si les politiciens du pays se battent dans les limites du droit et de la démocratie, la Côte d'Ivoire pourrait devenir pour d'autres pays africains un exemple de coexistence démocratique entre les partis d'opposition et le gouvernement.




This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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