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tentative de coup d’état/accord intérimaire

SOMMAIRE :

Les dirigeants régionaux menacent Buyoya de sanctions s'il viole les conditions
Des soldats de maintien de la paix pour surveiller le cessez -le-feu
Les réactions aux accords de transition
Les accords intérimaires: une "façade"
Accalmie à Bujumbura après la tentative de coup d’état, Buyoya retourne au pays
Le ministre de la défense condamne les politiciens


Les dirigeants régionaux menacent Buyoya de sanctions s'il viole les conditions

Les dirigeants régionaux ont approuvé lundi la nomination du Président Pierre Buyoya à la tête de la première moitié de la période de transition, mais l’ont menacé de sanctions s’il ne respectait pas l'ensemble des conditions de l’accord, a indiqué l’agence de presse Hirondelle. "Dans le cas où le président du gouvernement de transition ne remplirait pas ses conditions, les dirigeants régionaux prendraient toutes les mesures nécessaires, notamment des sanctions pour l’obliger à s’y conformer," est-il stipulé dans un communiqué publié par le sommet régional à Arusha, en Tanzanie. Les dirigeants régionaux approcheront également le Conseil de Sécurité de l’ONU et la communauté internationale pour soutenir ces mesures.

Buyoya, un Tutsi, dirigera la première moitié de la période de transition de trois ans, qui commencera le 1er novembre, avec comme vice- président, Domitien Ndayizeye, un Hutu qui est secrétaire-général du principal parti d’opposition FRODEBU. Le gouvernement de transition comprendra d’autres signataires des accords de paix d’Arusha, signés en août dernier.

Le communiqué rappelle que M. Buyoya a accepté d’assumer ses engagements pour s’assurer de la pleine application des accords de paix d’Arusha, notamment de réformer l’armée, d'inviter une force internationale de maintien de la paix, d'assurer la protection aux exilés rapatriés et de quitter le pouvoir à l’issue des 18 mois.

Des soldats de maintien de la paix pour faire respecter le cessez le feu Le communiqué du sommet a aussi noté que le Ghana, le Nigeria, le Sénégal et l’Afrique du Sud sont prêts à envoyer des soldats pour participer à la force de maintien de la paix au Burundi, et que la Belgique a offert un soutien logistique. Il a indiqué que leur mandat serait d’assurer le respect du cessez-le-feu, de superviser l’intégration de l’armée, de fournir un soutien technique pour la démobilisation et la formation, d’assurer la protection des institutions et des personnalités publiques, et de contribuer à "l’établissement et à la formation d’une unité équilibrée du point de vue ethnique pour la protection des institutions".

Selon le communiqué, les soldats de maintien de la paix seraient déployés "au moment où des efforts seraient entrepris pour obtenir un mandat du Conseil de sécurité pour le déploiement d’une force des Nations Unies pour le maintien de la paix", comme prévu par les accords de paix d’Arusha. Toutefois aucun chiffre n’a été avancé sur le nombre de soldats de maintien de la paix nécessaires.

Réactions aux accords de transition

Domicien Ndayizebe, qui deviendra le nouveau vice-président du Burundi, a exprimé sa satisfaction devant le processus de paix. Au cours d’une entrevue sur les ondes de la radio du Burundi, il a démenti les déclarations selon lesquelles le gouvernement de transition échouera car il n’y a pas encore d’accord de cessez-le-feu conclu. "Vous êtes conscients du fait que les prochaines institutions seront partagées par tous les signataires", a-t-il indiqué. Cela veut dire que nous serons assez forts pour engager des pourparlers avec les rebelles qui n’ont pas signé les accords". Il a insisté sur le fait que le nouveau gouvernement était déterminé à engager des pourparlers avec les groupes rebelles. "J’espère qu’ils comprendront que nous n’allons pas permettre aux pays d’aller en arrière", a-t-il ajouté.

Parmi les autres réactions au sommet d’Arusha, le dirigeant exilé du FRODEBU Jean Minani a déclaré que son mouvement ne pourrait pas s’opposer à une décision internationale. "Nous allons continuer de négocier jusqu'au rétablissement de la paix", a-t-il déclaré à l’agence de presse Hirondelle. Mais la faction rebelle CNDD, dirigée par Leonard Nyangoma, a annoncé que les parties à Arusha ont juste confirmé l’association entre [l’actuel parti] UPRONA, FRODEBU et l’armée". M. Nyangoma a décrit le mouvement comme un "rafale de vent fatale" aux accords de paix.

Les parties de l’opposition Tutsi ont également condamné l’appui à M. Buyoya comme président. Leur porte-parole, Alphonse Rugambarara du parti INKINZO, a décrit M. Buyoya comme étant "un président très dangereux."et a affirmé qu’ils continueraient à travailler dans le cadre du Comité d’application et de surveillance (IMC) pour la pleine application des accords de paix, particulièrement la liberté politique. "Pour 18 mois, ne pas être au gouvernement n’est pas très important,"a indiqué Rugambarara à Hirondelle. Dix-huit mois passent très vite. Mais au moins nous serons dans une institution [IMC] qui nous permettra de continuer à revendiquer nos droits et nos libertés."

Un porte- parole des Nations Unies à New York a indiqué que le processus de paix semble avoir "franchi une autre étape" avec le soutien de M. Buyoya comme président et de M. Ndayizeye comme vice-président.

Les accords de transition: "une façade"

Selon l’Economist Intelligence Unit (EIU), plusieurs analystes croient toutefois que la "volonté soudaine de compromis" n’est qu’une façade. "C’est une guerre dure à laquelle il est difficile de mettre fin", a annoncé EIE. "Elle n'a pas de ligne de front ou deux groupes bien définis qui s’opposent. Elle a beaucoup de paradoxes et chassés-croisés". Aucun côté ne pourrait gagner. "Toute la région semble être installée dans une guerre d’usure entre les très critiqués mais bien armés Tutsis au pouvoir, et les Hutus, plus nombreux mais rancuniers", a déclaré EIU.

"Le nouvel accord, négocié par [le médiateur de paix ] M. Mandela, a les mêmes imperfections que tous les autres accords antérieurs qui ont échoué. En premier lieu, seuls les partis désarmés ont signé. L’accord ne comprend pas les deux groupes rebelles armés Hutus du pays: les Forces nationales de libération (FNL) et les Forces pour la défense et la démocratie", a ajouté EIU. "Le président Buyoya n’est pas réputé pour des compromis non plus. Cet accord le laisse au pouvoir pour le moment et lui ménage une sortie honorable."

L’EIU a aussi indiqué que l’accord n’a pas pris en compte les pays voisins - le Rwanda, la Tanzanie et la RDC. "Petit et enfermé, le Burundi dépend fortement d’eux, et sa guerre
civile s’est étendue à leurs territoires et à leurs politiques", a-t-il noté.

Le calme à Bujumbura après le coup d’état manqué, Buyoya retourne au pays

On annonce que Bujumbura est calme après le coup d’état manqué de dimanche soir. Le Président Pierre Buyoya, qui est revenu au pays lundi après le sommet d’Arusha, a déclaré que les coups d’état "ne mènent jamais nulle part". Dans tous les pays du monde, chaque fois que des changements sont imminents, comme c’est le cas maintenant, quelques personnes traînent derrière et ne comprennent pas", a-t-il dit selon la radio du Burundi. Sur la transition, M. Buyoya a réitéré qu’elle commencerait le 1er novembre bien qu’il aimerait la voir établie "aussi vite que possible". La question en suspens maintenant, a t -il dit, c’est le cessez-le-feu. Le vice-président sud-africain va tenter de continuer des pourparlers avec les groupes rebelles armés et d'assurer la médiation entre eux et le gouvernement.

Le ministre de la défense condamne les politiciens

Le ministre de la défense, Cyrille Ndayirukiye a annoncé lundi que la situation est normale et que le coup d’état a échoué. S’exprimant sur les ondes de la radio du Burundi, il a affirmé que les soldats loyalistes contrôlaient la situation. Selon la radio, les soldats rebelles - qui ont fui au nord de Bujumbura - se sont rendus aux autorités de la province de Ngozi, au nord, et que cinq officiers qui avaient été pris en otage ont été libérés. Le ministre a déclaré que 60 soldats - ou deux sections – étaient impliqués dans la tentative de coup d ’état. "Ils ont laissé leurs obligations qui sont celles d’assurer la sécurité de la ville de Bujumbura, a- t- il dit. Puis ils ont essayé de désorganiser le flux de la circulation dans la ville, ont essayé de libérer les détenus de la prison de Mpimba à Bujumbura, et de provoquer leurs supérieurs. Ndayirukiye a confirmé que le commandant du district de Bujumbura était blessé, mais que ses jours n’étaient pas en danger.

"Je crois que ce qui s’est arrivé aujourd’hui ressemble à ce qui s’est produit le 18 avril [date de la précédente tentative de coup d’état]", a déclaré le ministre. "En ce temps, il n’y avait pas de processus de paix en cours à Arusha, comme maintenant. Comme la dernière fois, il semble que quelques soldats soient impliqués dans les évènements à contre-cœur, tandis que d’autres semblent travailler pour les autres, mais pas pour eux-mêmes".

Il a affirmé que l’un des responsables de la tentative de coup d’état, le Lieutenant Kamenyero, a déjà été arrêté. Selon M. Ndayyirukiye, il y a "beaucoup de problèmes" au sein de l’armée. "Les Hutus et les Tutsis sont seulement à la recherche de postes et de rivalités, sans penser à la sécurité", a-t-il ajouté. "C’est pourquoi il est difficile de les satisfaire tous à la fois et c’est pourquoi la guerre actuelle, commencée depuis longtemps, a atteint une étape difficile et cruciale". Il a proclamé que certains politiciens essayaient d’exploiter la situation". "Le vrai motif n’est pas l’armée mais les politiciens", a-t-il déclaré.

[FIN]



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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