Les jeunes, cibles d’une campagne nationale de dépistage

Alléchés par un concert de rap sur une plage fréquentée de la capitale sénégalaise, une centaine de jeunes gens s’est fait dépister au VIH/SIDA à l’occasion du lancement d’une campagne nationale de dépistage volontaire. Organisée par le Projet promotion des jeunes (PPJ) du ministère de la Jeunesse, dans le cadre du programme multisectoriel (MAP) financé par la Banque mondiale, la 'Semaine jeunes sida' 2005 a pour thème 'Les jeunes optent pour le dépistage volontaire'. Selon le responsable de l’équipe de dépistage dépêchée sur place, les 11 régions du Sénégal recevront, jusqu’au 8 octobre, la visite des quatre agents de santé désignés par le ministère pour assister les hôpitaux locaux au cours de l’opération de dépistage. «Nous comptons dépister quelques 200 personnes dans chacun des 11 sites que nous visiterons», a expliqué Papa Amadou Niang Diallo, du laboratoire de bactériologie de l'hôpital Le Dantec de Dakar. Selon le directeur du PPJ, Demba Koné, 6 000 jeunes devraient être dépistés d'ici la fin de l'année. «Mais le plus important, c'est de donner aux jeunes l'information sur l'infection au VIH», a t-il expliqué. Sur la plage de Yoff, ce mardi, les jeunes gens venus s’amuser ont pourtant hésité à se rendre au centre de dépistage improvisé, installé dans une école à une centaine de mètres du podium. «Aujourd’hui, je ne suis pas prêt à me faire dépister et je doute que beaucoup le fasse, car ils ont peur», a confié Ibrahima Keita, un jeune homme du quartier populaire de Grand Dakar, qui arbore cependant le T-shirt de la campagne. Certains ont sauté le pas, comme Amy Ndiaye et ses deux amies. «Nous étions venus à la plage pour nous prélasser. Après, on a vu qu'il était possible de se faire dépister et on l'a fait», a dit la jeune fille. Selon M. Diallo, 50 pour cent des personnes infectées par le VIH au Sénégal ont entre 15 et 24 ans. «Cette population jeune est susceptible d'avoir des comportements à risque et propager le virus du sida», a t-il expliqué. Le taux national de prévalence du VIH/SIDA est d’environ 0,7 pour cent de la population adulte, selon les résultats préliminaires de la dernière étude de démographie et de santé (EDS), rendus publics en août dernier. Ce taux est relativement faible par rapport à la moyenne régionale, estimée par les Nations unies à cinq pour cent de la population. Afin de déterminer précisément le taux de séroprévalence de la population en âge d’avoir des rapports sexuels, l’âge légal pour se faire dépister est désormais de 15 ans, contre 18 ans pour la majorité légale.