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Les liens entre crise alimentaire et VIH/SIDA au centre d’une nouvelle étude

Insecticide-impregnated curtains over doorways help protect inhabitants, especially children, against mosquitos and so reduce the impact of malaria. WHO/TDR/S.Lindsay
When education becomes a luxury
Le lien entre VIH/SIDA et crise alimentaire dans les communautés rurales a fait l’objet de plusieurs études en Afrique australe, où l’épidémie semble avoir ajouté une autre dimension à la crise alimentaire que connaît la région depuis quatre ans. Un nouveau rapport affirme que si le VIH/SIDA constitue une catastrophe humanitaire, l’impact de l’épidémie n’est cependant pas la principale cause de la crise alimentaire qui affecte la région depuis 2001. L’étude, menée par le forum pour la sécurité alimentaire en Afrique australe de l’Institut de développement outre-mer (ODI), a estimé qu’au Zimbabwe, par exemple, la raison pour laquelle la crise alimentaire s’éternisait était principalement liée à la médiocrité des choix politiques. La pauvreté chronique, largement répandue, a aussi contribué à créer cette situation d’urgence. Au plus fort de la crise dans ce pays, 7,5 millions de personnes sur une population totale de 11,6 millions d’habitants ont eu besoin d’une aide alimentaire. Il est généralement accepté que le VIH/SIDA a contribué à l’insécurité alimentaire qui frappe la région en réduisant la production agricole et les revenus, tout en diminuant la capacité des ménages à faire face à cette crise. Mais il n’y avait pas assez d’éléments permettant de déterminer à quel point le VIH/SIDA a eu un impact sur les communautés rurales, a dit à PlusNews Steve Wiggins, l’auteur du rapport. Scott Drimie, spécialiste des questions agricoles en Afrique australe, a convenu qu’un “grand nombre d’études sur l’impact du sida [dans ce secteur] sont des snapshots et sont largement anecdotiques”, et qu’il y avait toujours besoin de davantage de preuves pour déterminer, à long terme, l’impact de la pandémie. Drimie a cependant mis en garde contre le danger de ‘sous-estimer’ le VIH/SIDA, qui demeure un facteur significatif parmi les multiples causes avancées pour expliquer la crise alimentaire, tout comme la sécheresse et l’impact des programmes de réformes économiques imposés par les bailleurs de fonds. Les Nations Unies ont aussi insisté sur la “triple menace” que représentent le VIH/SIDA, l’insécurité alimentaire et l’affaiblissement des Etats. Cet ensemble de facteurs a précipité la crise humanitaire, qui, à son plus fort, a menacé plus de 14 millions de personnes en Afrique australe. Ce n’est en aucun cas une tentative d’insinuer que le sida n’a pas d’impact, a précisé Wiggins. “Le VIH/SIDA tue près d’un demi-million de personnes chaque année dans les six pays [de la région] les plus affectés par la crise alimentaire, c’est une véritable tragédie”. Ces six pays sont le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, le Swaziland, la Zambie et le Zimbabwe. Malgré cela, l’épidémie n’a pas eu un “impact suffisamment important pour expliquer l’ampleur de la baisse des récoltes [dans la région]”, a-t-il expliqué. Pour évaluer l’impact de la pandémie sur la production agricole, l’étude de l’ODI s’est penchée sur le cas du Zimbabwe, qui affichait un taux de prévalence du VIH de 25 pour cent en 2003. L’étude s’est fondée sur l’estimation selon laquelle le VIH/SIDA prend en moyenne huit ans pour évoluer du stade initial de l’infection jusqu’à la mort. En considérant que pendant les deux dernières années, le patient est généralement affaibli ou invalide, et qu’à cela s’ajoute une année pendant laquelle le malade développe diverses infections, alors chaque année, l’épidémie devrait neutraliser neuf pour cent de la force de travail en même temps. “Partant du principe que cela se traduit par une perte identique de production agricole, alors l’épidémie serait responsable d’une baisse de production d’environ 10 pour cent”, d’après les calculs des auteurs du rapport. Or en 2002, la production de maïs au Zimbabwe a chuté de 75 pour cent par rapport à la production moyenne entre 1996 et 2000. “,L’épidémie ne peut pas compter pour plus d’une proportion mineure dans les pertes de production agricole constatées”, a conclu le rapport. Dans les autres pays de la région durement frappés par la diminution des récoltes et à l’exception du Swaziland, les taux de prévalence du VIH sont inférieurs à ceux du Zimbabwe, ce qui aurait dû limiter l’impact de l’épidémie sur la production, a ajouté le rapport. En 2002, la production agricole des six pays les plus affectés par la crise a chuté de plus d’un tiers par rapport à 96-2000. Selon Wiggins, le travail constitue un seul des éléments contribuant à plus de 50 pour cent du rendement. Dans un champs de maïs par exemple, d’autres facteurs de production doivent être pris en considération, tels que la qualité de la terre, des semences, l’utilisation de fertilisants et le mode de récolte, manuel ou non, a dit Wiggins. Un impact difficile à déterminer Les conséquences du poids du VIH/SIDA sont “graves”, a dit le rapport, mais cela concerne surtout les familles dont les membres sont malades, ce qui représente “peut-être neuf pour cent des ménages en même temps dans les pays les plus affectés”. Une étude de l’université du Michigan sur le VIH/SIDA et le secteur agricole en Afrique australe et de l’est est parvenue aux mêmes conclusions que le rapport de l’ODI. Elle a découvert que la richesse initiale du ménage, le sexe de la personne décédée et la capacité de la cellule familliale à remplacer ses membres disparus atténuaient l’impact du sida. Le professeur Thomas Jayne de l’université du Michigan a souligné durant une conférence internationale sur “le VIH/SIDA et la sécurité alimentaire” qui s’est tenue en début d’année en Afrique du Sud, qu’il était “difficile de distinguer l’impact du sida de tous les autres facteurs affectant l’agriculture”. Le “boom” du manioc en Afrique australe a constitué un cas d’étude: selon l’hypothèse de la ‘Nouvelle forme de famine’, c’est l’impact du VIH/SIDA qui aurait entraîné le remplacement de cultures à forte valeur nutritive, comme les céréales, par des cultures beaucoup moins riches sur le plan nutritionnel, comme le manioc. Mais cette hypothèse, soutenue par le docteur Alex de Waal, directeur des programmes de la Commission des Nations Unies sur le VIH/SIDA et la gouvernance en Afrique, CHGA, a omis de prendre en compte que “des changement majeurs de politiques agricoles ont été opérés, poussant des agriculteurs traditionnels de la région à se tourner vers la culture de tubercules”, selon Jayne. Les structures publiques qui fournissent à crédit les graines pour le maïs et achètent les récoltes au Malawi, en Zambie et au Zimbabwe ont été éliminées ou marginalisées de manière significative dès le début des années 90, dans le cadre des réformes économiques. Ces changements de politique ont réduit “l’intérêt économique de cultiver du maïs et ont redirigé les revenus de l’agriculture vers d’autres types de cultures, particulièrement celles sur lesquelles l’utilisation de fertilisants ont peu d’effet, comme le manioc”, a dit Jayne dans son étude. Cependant, le rapport de l’ODI reconnaît que le VIH/SIDA est “fortement” lié à la pauvreté – un fait confirmé par l’impact plus limité de l’épidémie sur des ménages ruraux relativement riches, ce qui intensifie la vulnérabilité des ménages les plus pauvres. “Si le VIH/SIDA n’est pas une cause première de la crise alimentaire, il est une crise en lui-même... Il n’est pas surprenant que certains se demandent pourquoi la crise alimentaire a fait l’objet d’un appel international à l’aide humanitaire, et pas le sida” a noté le rapport. Pour consulter le rapport de l’ODI (en anglais): www.sarpn.org.za pdf Format

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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