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Interview de Ruud Lubbers, directeur du HCR

Ruud Lubbers, le haut commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) a effectué une visite en Afrique Centrale. Lors de son passage en République Démocratique du Congo (RDC), il a accordé une interview à l'IRIN. "Le temps est venu de rapatrier les réfugiés congolais et les autres réfugiés de la région" d'Afrique Centrale, a affirmé Rudd Lubbers. Il a félicité le président Joseph Kabila des avancées du processus de paix en RDC en notant que le HCR a enregistré un nombre important de réfugiés, candidats au rapatriement volontaire depuis l'installation du gouvernement d'unité nationale et des institutions transitoires.

Il a parlé de la sécurité des réfugiés congolais qui seront rapatriés en Ituri, dans le Nord-est de la RDC où les combats et les massacres continuent.

Concernant les réfugiés basés en RDC, Ruud Lubbers a évoqué la possibilité de conjuguer les efforts en matière de rapatriement et le développement économique du pays, en faisant allusion à la capacité de production des réfugiés.

La RDC a été le premier pays visité par Ruud Lubbers. Sa tournée aurait dû se prolonger dans les Grands Lacs et en Angola, mais en raison de l'attentat contre le quartier général des Nations Unies à Baghdad, Ruub Lubbers ne s'est déplacé qu'en Angola avant de repartir, samedi, au siège du HCR à Genève.

QUESTION: Vous revenez en RDC en l’espace de moins d’une année, quel est sens de votre nouvelle visite à Kinshasa ?

REPONSE : Je voulais parler avec le président Joseph Kabila et le complimenter pour le résultat politique obtenu en RDC. Nous avons maintenant, pour le pays, un gouvernement basé sur le dialogue inter-congolais. Nous avons un parlement et des lois applicables aux réfugiés.

La deuxième raison de mon passage était d’expliquer au président nos efforts pour rapatrier les réfugiés qui ont bénéficié d'une protection temporaire en RDC comme par exemple, les Angolais, les Rwandais et, à l'avenir peut-être, le rapatriement des réfugiés ressortissants d’autres pays qui sont déjà ici, comme les Soudanais.

La situation qui prévaut aujourd'hui en RDC rend possible la mise en place d'un programme plus formel de rapatriement des Congolais qui ont fui vers des pays voisins. Leur nombre avoisine les 300.000 personnes. Ce chiffre correspond à celui des personnes réfugiées en RDC.

Nous avons finalement parlé avec le président Kabila de choses très pratiques. Nous avons, entre autres, évoqué le besoin de délivrer aux réfugiés en RDC des cartes d’identité. Ce genre de mesure est de nature à contribuer à la sécurité du pays, et à faciliter l’assistance.

Le président Kabila m’a aussi demandé dans quelle mesure il pouvait m’assister dans mes responsabilités concernant les déplacés internes, notamment ceux de Bunia dans Nord-est du pays et dans la région de l'Ituri.

Je lui ai dis que nous étions disposés à travailler en partenariat avec d’autres organismes pour assister ces gens qui sont restés en Ituri plutôt que de fuir en Ouganda.

Je lui ai fait remarquer, par ailleurs, qu’il y avait une possibilité de combiner maintenant les efforts humanitaires pour le rapatriement avec le développement du pays. Les réfugiés représentent, en effet, une capacité de production. Dans cette optique, nous allons travailler avec les organisations et agences gouvernementales et non gouvernementales pour le développement du pays.

Q : Au sujet des centaines de milliers de réfugiés congolais qui ont accepté d’être rapatriés, la plupart ont fui la région du Nord-est, en Ituri, et de l’Est, dans les Kivu, où des tueries et des affrontements se poursuivent. Pensez-vous que ces gens seront en sécurité une fois de retour dans ces régions?

R : Nous avons déjà enregistré, dans les pays voisins, beaucoup de réfugiés congolais, candidats au rapatriement volontaire. Il sera toutefois très difficile d’organiser leur rapatriement et ce d'autant plus que les tueries perdurent, notamment dans le Nord-est et dans les deux Kivu, comme vous venez de le dire. Les risques existent donc, or, il est nécessaire d'assurer préalablement la sécurité avant de procéder au rapatriement proprement dit. Je lance un appel aux autorités afin qu'elles sécurisent ces régions. Alors, le rapatriement deviendra un instrument de la paix.

Q : Le HCR a commencé le programme de rapatriement des réfugiés des pays environnants, notamment de l’Angola et du Rwanda. Où en est-on aujourd’hui?

R : Le programme poursuit son cours. Concernant l’Angola, je rencontrerai le président José Eduardo dos Santos cette après-midi. Des problèmes subsistent mais les perspectives sont positives. Au Rwanda, par exemple, nous avons déjà rapatrié 58.000 personnes. C’est un grand nombre. Alors je voudrais vous dire : tout n’est pas fait encore, mais nous sommes en bon progrès.
Ces 58.000 Rwandais ont été rapatriés depuis l’an 2000 et provenaient des régions voisines du Kivu.

Q : Sont-ils en sécurité dans leur pays ?

R : Tout pousse à le croire. Sinon, ils seraient revenus en RDC et ceux qui n'étaient pas encore retournés dans leur pays n'auraient pas continué à partir s'ils avaient eu écho d'une insécurité chez eux.

Q : Au sujet des 350 réfugiés du Congo-Brazzaville, rapatriés de Kinshasa et disparus au « Beach » (1) de Brazzaville, comment réagit le HCR?

R : La justice est en train de faire son travail et le HCR suit l'affaire. Malgré cet incident, de nombreux Congolais continuent à rentrer dans leur pays. C’est le cas, par exemple, de ceux qui sont dans le camp de Kimaza, dans la province du Bas-Congo. Récemment, 300 réfugiés sont repartis. Depuis cette affaire et même depuis quelques mois avant, plus de 50.000 personnes sont retournées à Brazzaville, ce qui n'est pas négligeable.


(1) Note de la rédaction : En mai 1999, des milliers de Congolais ayant fui les combats qui avaient affligé Brazzaville depuis 1997, avaient choisi de retourner dans la capitale en profitant d'un "corridor humanitaire" établi par le HCR.

Plusieurs sources présentes à l'époque ont convenu que plus de 350 individus "ont disparu" au Beach (nom du port de Brazzaville) à leur retour d'exil. On les a désignés "Les disparus du Beach".]



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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