Selon le système d'alerte précoce (SAP) gouvernemental, environ 258 000 personnes ont besoin d'aide d'urgence au Mali et 371 000 autres sont vulnérables, à cause de la faiblesse des précipitations dans la région du Sahel.
Selon Oxfam, on enregistre des taux de malnutrition aiguë globale de 19 pour cent dans le nord-est. Selon les analystes en sécurité alimentaire de FEWSNET, 40 pour cent du bétail est malade ou mort dans le nord et 30 pour cent risque de tomber malade ou de mourir.
Dans le nord du Mali, huit personnes sur 10 vivent de l'élevage du bétail.
« Ce sera une catastrophe si davantage de personnes ne réagissent pas », a dit M. Marion aux journalistes lors d'une conférence de presse dans la capitale sénégalaise, Dakar.
Le Programme alimentaire mondial (PAM), l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et Oxfam font partie des principaux acteurs qui ont répondu à la crise à Gao et Kidal.
Oxfam dispose de six millions de dollars – alloués par le gouvernement de Grande-Bretagne, la population britannique, l'Office d'aide humanitaire de la Commission européenne et l’Agence des États-Unis pour le développement international - pour aider les éleveurs du nord-est à nourrir leurs animaux ou pour leur distribuer des bons d'achat à dépenser, selon les priorités des ménages, pour payer des vivres, de l'eau, du fourrage pour les animaux ou des soins médicaux.
Le CICR a distribué de la nourriture et des céréales à 97 000 personnes dans le nord, achète des milliers de têtes de bétail aux tarifs en vigueur avant la crise et injecte des fonds dans l'économie pour essayer de stabiliser les prix.
Le gouvernement subventionne les céréales et le fourrage depuis avril et a distribué 7 000 tonnes de nourriture à 23 communautés, tandis que 2 600 tonnes de céréales supplémentaires sont sur le point de l'être. Il envoie également 1 100 tonnes d’aliments pour bétail à Gao, Kidal et Tombouctou, mais « c'est loin d'être suffisant pour répondre à la totalité des besoins du bétail et certaines communautés vulnérables ne recevront pas de céréales », a dit à IRIN Madeleine Diallo Ba, du ministère de l'Agriculture à Bamako, la capitale.
Elle a engagé des pourparlers en urgence avec le PAM, l'Union européenne et le Japon pour voir s'ils pouvaient débloquer rapidement des fonds afin de permettre au gouvernement d’élargir ses distributions.
La représentante du PAM, Alice-Martin Dahirou, a dit à IRIN qu'il y avait assez d'intervenants sur place, mais pas assez d'argent. « La région est bien couverte par plusieurs ONG [organisations non gouvernementales] et associations locales qui pourraient accomplir ce travail si les ressources nécessaires pour soutenir les services du gouvernement étaient mises à leur disposition », a-t-elle dit. « Il est difficile de déterminer à l'heure qu'il est le nombre de personnes supplémentaires qui ont besoin d'aide en l'absence d'une analyse détaillée de la situation », a-t-elle ajouté.
Une intervention fragmentée
La qualité de l'intervention humanitaire dans le nord est compromise, car elle n'est pas bien coordonnée, a dit M. Marion, qui a appelé le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à remplir cette fonction. Le commissaire à la sécurité alimentaire, Lansry Nana Yaya Haidara, est du même avis : « Les organisations interviennent, mais de façon fragmentée. Nous voulons que tous les partenaires commencent à travailler ensemble vers des objectifs communs – c'est la seule façon d'obtenir des résultats tangibles sur le terrain », a-t-il dit à IRIN.
Noel Tsekouras, chef adjoint d’OCHA en Afrique de l'Ouest et centrale, a dit à IRIN : « OCHA avait une présence au Mali depuis 2005, mais a été obligé de s'arrêter en 2008 en raison de contraintes financières... Comme l'a mentionné Oxfam, il pourrait y avoir un besoin que les Nations Unies renforcent la coopération entre les principales parties prenantes [à la réponse] ».
Dans le domaine financier, des progrès « encourageants » ont été faits, a-t-il dit : des actions d'urgence sont en cours et le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) a octroyé 1,5 million de dollars. Cependant, seulement 23 pour cent des 8,8 millions de dollars demandés par le Mali dans le cadre de l'appel pour l’Afrique de l'Ouest ont été versés. « Sans davantage de ressources, il sera difficile de faire face aux graves vulnérabilités qui sont signalées », a-t-il dit à IRIN.
« Actuellement, il est prioritaire... d'aider le gouvernement en matière de coordination et d’élargir la réponse. Cependant, cela reste de la responsabilité de l'État de favoriser une réponse à court terme et de s'attaquer aux causes structurelles à plus long terme », a dit M. Tsekouras.
Une crise « silencieuse » et « lente »
La lenteur de la réponse est en partie liée au fait qu'il s'agisse d'une crise qui se développe lentement, a dit M. Marion.
Un analyste humanitaire qui a souhaité garder l'anonymat a abondé dans le même sens en disant que les organismes des Nations Unies concentraient beaucoup leur attention sur le développement au Mali et qu'ils étaient donc lents lorsqu'ils intervenaient dans des crises humanitaires.
Le Mali a peut-être aussi été éclipsé par l'ampleur de la crise alimentaire au Niger et au Tchad voisins qui, à eux deux, totalisent neuf millions de personnes privées d’accès à une alimentation appropriée.
Mais le nombre de personnes et d'animaux à risque au Mali est important et ne peut pas être ignoré, a dit M. Marion. « Cette population est dynamique, créative et adaptable – nous devons leur venir en aide maintenant et les aider à éviter de futures crises par la suite ».
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