« Nous avons commencé à faire des cartes sur lesquelles sont représentées là [où] nous cultivons, faisons la chasse, la pêche, la cueillette, bref tout ce qui nous permet de vivre quotidiennement», a dit Denis Bongo, secrétaire général du village d’Assengue, dans le district d’Ollombo.
« Avec l’exploitation qui arrive, nous avons là un outil de discussion pour préserver ce que nous avons de plus précieux pour nous, nos enfants ».
L’initiative a démarré durant le premier semestre de cette année dans les villages d’Assengue, Ibangui, Epounou et Inga, dans le district d’Ollombo, avec pour objectif la protection de leurs moyens de subsistance face à la déforestation galopante et aux activités forestières.
Mis en place par l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) avec la Rainforest Foundation britannique (RFUK), le projet veut promouvoir les droits des communautés de la forêt à avoir accès, à contrôler et utiliser les forêts en accord avec les lois congolaises.
Ce projet a également été implanté dans deux autres pays du Bassin du Congo, le Gabon et la République centrafricaine. Le financement est venu du Département britannique pour le développement international.
« Son objectif, c’est que les agents des pouvoirs publics et les organisations de la société civile dans chacun des trois pays aient la capacité et les ressources de cartographier avec précision l’occupation et l’usage des forêts et de se servir des données ainsi obtenues pour éclairer les décisions relatives aux forêts et aux communautés forestières », a dit Georges Thierry Handja, coordonnateur du projet.
Les cartes montrent des zones où les habitants pratiquent la culture vivrière, la pêche, la cueillette des baies et d’autres ressources alimentaires, et les zones où ils chassent. Elles seront utilisées en tant qu’outil lors des négociations avec les compagnies forestières et les autorités.
« Ce qui fait un plus : les populations adhèrent au projet et font elles-mêmes les cartes et saisissent son intérêt », a dit Joseph Moumbouilou, chef des études et des projets au ministère de l’Economie forestière.
« Dans les processus d’aménagement des unités forestières d’exploitations, nous tiendrons désormais compte de ces données, qui permettent la prise en compte des intérêts des communautés locales et autochtones ».
En 2008, un projet identique dans la République démocratique du Congo voisine a formé des « Maîtres cartographes » afin d’aider plus de 500 villageois à utiliser la technologie du GPS pour cartographier leurs forêts.
Photo: Laudes Martial Mbon/IRIN |
Selon les habitants, les cartes représentent un outil de négociation important pour les discussions avec les compagnies d’exploitation forestières (photo d’archive) |
« On nous parle de l’exploitation forestière, qu’allons-nous gagner exactement ? », a demandé Parfait Ngianga, un villageois. « Mais nous savons ce que nous gagnerons toujours si nos forêts sont préservées ; déjà que ces forêts ne sont pas très giboyeuses et des rivières pas [aussi] poissonneuses [que] par le passé ».
Comme de nombreux autres villageois dans le district d’Ollombo, les habitants d’Assengue trouvent la plus grande partie de leur nourriture dans la forêt, y compris le manioc, la viande et le poisson. Les feuilles de manioc sont également importantes, car elles sont vendues sur les marchés à Ollombo et à Brazaville, la capitale du pays, fournissant un revenu qui est essentiel.
« Il y a une ruée vers les arbres », a dit René Ngongo, membre d’une organisation non-gouvernementale locale, l’Organisation Concertée des Ecologistes et Amis de la Nature, qui a travaillé avec le RFUK.
« Ce qui est en jeu est énorme », a-t-il ajouté. « Les deux tiers des habitants du Congo dépendent de la forêt pour leur fournir la nourriture, les remèdes médicinaux et les matériaux de construction. C’est critique pour la survie des gens et des animaux ».
Selon des données officielles, les forêts du Congo couvrent 22,5 millions d’hectares, soit 65 pour cent du territoire national. Dans les années 1970, l’exploitation forestière représentait la principale ressource économique du pays, avant d’être dépassée par le pétrole.
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