« Quelque 550 familles [3 300 personnes] sont arrivées à Abudwaq en provenance des régions rurales après avoir perdu leur bétail », a indiqué Abdirizak Abdullahi Warsame, médecin chez Hadia Medical Swiss-Somalia, une organisation non-gouvernementale (ONG) qui opère dans la ville d’Abudwaq, avec le soutien des Somaliens de la diaspora et du gouvernement suisse.
Selon le docteur Warsame, seul médecin de la ville, ce sont des pluies « peu abondantes et éparses » qui ont incité les populations à migrer.
Son organisme prodigue des soins médicaux et fournit de l’eau aux populations des camps, mais cela ne suffit pas, a-t-il expliqué ; les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) ont besoin de vivres, d’un moyen d’hébergement et d’eau en plus grandes quantités.
« Nous observons une recrudescence de la malnutrition chez les PDIP », a indiqué le docteur Warsame.
L’organisme a adressé des courriers à plusieurs organisations humanitaires, mais n’a reçu aucune aide à ce jour.
Dans un rapport publié le 15 avril, l’Unité d’analyse de la sécurité alimentaire-Somalie de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO/FSAU) a averti qu’en termes de sécurité alimentaire et de nutrition, la situation des populations touchées par la sécheresse dans le centre du pays continuait de s’aggraver, conséquence d’une saison sèche (Jilaal, de janvier à avril) exceptionnellement longue et difficile.
Selon Ali Sheikh Mahamud, préfet de Guri-Eil, plusieurs milliers de PDIP touchés par la sécheresse se sont installés dans des camps, dans la ville de Guri-Eil.
« Nous avons 11 camps en ville, qui sont habités par des PDIP, et près de 70 pour cent d’entre eux sont touchés par la sécheresse », a-t-il déclaré, ajoutant que la région comptait actuellement 10 000 familles (60 000 personnes) de PDIP, selon les estimations.
« Ceux qui viennent de Mogadiscio ont commencé à y retourner, mais ceux-là [les PDIP touchés par la sécheresse] ne sont pas près de partir », a expliqué M. Mahamud.
Plus de moyens de subsistance
Photo: SCDO |
Dans la région de Galgadud, les PDIP touchés par la sécheresse, qui ont perdu leur bétail, ont besoin de vivres, de moyens d’hébergement et d’eau (photo d’archives) |
En effet, selon Mme Ismail, l’économie de la région repose essentiellement sur le bétail, et « la perte du bétail des nomades touche l’économie de la région dans son ensemble ».
Mme Ismail recommande d’adopter une nouvelle approche pour résoudre ce problème. Parmi les principaux choix possibles, elle suggère de lancer un programme de renouvellement du bétail ou de former les populations pour les aider à acquérir des compétences et à gagner leur vie.
Mais un des principaux problèmes de Galgadud, d’après un travailleur humanitaire de la région, qui a requis l’anonymat, réside dans « l’absence d’autorités locales efficaces, avec lesquelles les organisations humanitaires pourraient s’associer ».
Selon M. Mahamud, toutefois, la situation de sécurité dans la région s’est améliorée et les organisations humanitaires prêtes à y travailler « y trouveront un environnement très réceptif ».
Dispersées, les personnes touchées par la sécheresse se trouvent pour la plupart dans les villes de Guri-Eil, Abudwaq, Adado, Balanbale et Dusamareb, le chef-lieu de la région, a expliqué le travailleur humanitaire.
Appel lancé par les organisations humanitaires américaines
Parallèlement, six organisations humanitaires américaines qui opèrent en Somalie ont appelé le président des Etats-Unis Barack Obama à intervenir face à cette crise humanitaire.
A l’heure où l’attention mondiale est tournée vers les derniers actes de piraterie perpétrés au large du littoral somalien, « le pays reste en proie à une crise humanitaire grave », et trois millions de personnes ont besoin d’aide, d’urgence, ont déclaré les organismes (l’American Friends Service Committee, l’International Rescue Committee, le Mercy Corps, Oxfam America, Refugees International et World Concern) dans un communiqué publié le 20 avril.
« La crise humanitaire exige une aide massive de la part de la communauté internationale, et en particulier des Etats-Unis », ont-ils également déclaré.
Selon ces organismes, seuls 251 millions de dollars ont été récoltés, malgré l’appel de fonds consolidé, lancé pour 2009 à hauteur de 918 millions de dollars.
Le peu de réponses reçues à la suite de l’appel pourrait contraindre les organisations humanitaires à réduire les programmes essentiels qu’elles mènent dans certaines régions du pays. « Le président Obama doit travailler avec les alliés des Etats-Unis pour assurer que le peuple somalien reçoive des vivres et de l’eau, et qu’il dispose de moyens d’hébergement, pour pouvoir survivre », ont déclaré les organismes.
Dans un autre communiqué, publié à l’approche de la conférence des bailleurs de fonds sur la Somalie, qui se tiendra à Bruxelles, le 23 avril, l’IRC a déclaré que les actes de piraterie ne devaient pas détourner l’attention internationale de la crise humanitaire.
« L’épidémie de piraterie n’est qu’un symptôme parmi tant d’autres des conditions humanitaires épouvantables et de l’instabilité chronique qui prévalent en Somalie », a estimé Bruce Hickling, qui supervise les programmes humanitaires de l’IRC en Somalie.
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