Un haut représentant des Nations Unies a appelé les agences humanitaires à tirer profit de la sécurité assurée par les forces de l’Union Africaine (UA) à Mogadiscio pour intensifier leurs opérations en faveur des dizaines de milliers de déplacés installés à la périphérie de la capitale.
« La réponse à [la crise] n’a pas été appropriée, en raison des difficultés d’accès et des très nombreux problèmes de sécurité », a déclaré Eric Laroche, représentant résident et coordinateur humanitaire des Nations Unies en Somalie, le 2 août, au lendemain de sa visite à Mogadiscio.
Les agences humanitaires devraient se mobiliser et renforcer leurs opérations dans la capitale somalienne, a-t-il affirmé, ajoutant que cela permettrait d’assurer une distribution de l’aide humanitaire en ville et dans ses zones périphériques.
Selon M. Laroche, sa visite à Mogadiscio et à Afgoce a été facilitée par la présente des escortes de sécurité de l’UA africaine.
« Des voies d’accès commencent à s’ouvrir et nous devons les utiliser », a-t-il affirmé. « Si nous arrivions à travailler depuis Mogadishu, nous parviendrions à atteindre un plus grand nombre de personnes ».
En outre, a-t-il ajouté, des dispositions vont être prises pour permettre aux travailleurs humanitaires expatriés en mission à Mogadiscio de séjourner plus longtemps dans la ville, plutôt que de faire des allers-retours quotidiens.
D’après M. Laroche, les principaux besoins humanitaires des personnes déplacées sont la nourriture, l’eau, les installations sanitaires, les abris et une assistance médicale. Après le départ du personnel médical de Mogadiscio, les hôpitaux de la ville ne pouvaient soigner que 250 patients, contre 800 avant le début du conflit actuel.
M. Laroche, qui est également le représentant résident du Programmes des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Somalie, s’est rendu dans un camp où quelque 4 000 personnes se partageaient quatre latrines, puis dans un autre, équipé d’une seule toilette pour 2 000 personnes.
L’insécurité a créé un « réel sentiment de désespoir » parmi les personnes qui ont fuit la violence à Mogadiscio, et bon nombre d’entre elles ont envisagé de quitter définitivement la ville, a-t-il ajouté.
Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a, pour sa part, souligné qu’au moins 20 enfants avaient été tués le mois dernier au cours des flambées de violences à Mogadiscio.
« Face aux meurtres aveugles d’enfants, il serait illusoire de parler de mouvement de réconciliation », a déclaré le 3 août Christian Balslev-Olesen, le représentant de l’UNICEF.
« Pour que la Somalie s’en sorte, elle doit assurer la protection des personnes les plus vulnérables. Dans le pays, aujourd’hui, beaucoup d’enfants ne peuvent plus jouer dehors ni se rendre à la mosquée sans craindre de se faire tuer », a-t-il affirmé.
Selon les Nations Unies, quelque 38 000 personnes vivent dans 23 camps éparpillés entre Mogadiscio et la ville d’Afgoye, à l’ouest de la capitale ; 21,5 pour cent des enfants sont malnutris, un taux bien supérieur à celui observé chez les populations les plus vulnérables dans des régions en proie à l’insécurité alimentaire telles que Gedo et Bay, où le taux de malnutrition est d’environ 17 pour cent.
Photo: UNDP |
Eric Laroche, représentant résident et coordinateur humanitaire des Nations Unies en Somalie |
Rien qu’au mois de juillet, quelque 21 000 personnes ont fui Mogadiscio pour échapper aux violences qui ont suivi l’ouverture de la conférence de réconciliation qui se tient dans la ville, a fait remarquer M. Laroche.
Les délégués présents à la conférence sont récemment parvenus à un accord appelant les clans à restituer à leurs rivaux les biens qu’ils se sont volés mutuellement pendant les 17 années de guerre civile. A cet effet, une commission sera créée pour mettre en place les demandes de réclamation et d’indemnisation, a expliqué le 2 août à IRIN, Abdulkadir Walayo, le porte-parole de la conférence.
La conférence a également réalisé des avancées notables sur le problème de la démobilisation et du désarmement, a-t-il affirmé.
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