Dans une intervention radiodiffusée, Toemoko Konaté, le ministre burkinabé des ressources animales, a confirmé lundi, que trois cas de grippe aviaire ont été détectés dans une ferme avicole du département de Saaba, dans la province de Kadiogo, à 10 km de la capitale Ouagadougou. Mardi, les autorités du pays en ont officiellement informé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation mondiale pour la santé animale (OIE).
Pour contenir l’épidémie, des mesures de contrôle dont la désinfection, le contrôle des mouvements d’animaux et l’abattage massif de volailles et d’oiseaux sauvages devraient être prises dans les 48 heures suivant la détection de l’épidémie. Mais la province de Kadiogo à elle seule couvre près de 3 000 km carrés et compte un million d’habitants.
Les autorités vétérinaires du Ghana voisin ont aussitôt été informées et alertées de la présence du virus de la grippe aviaire au Burkina Faso.
« La maladie est une réelle menace. Auparavant, la menace était à nos frontières. Désormais, elle est dans le pays. Nous devons continuer à être vigilants aussi bien à l’intérieur du pays qu’au niveau des frontières ».
Le gouvernement a délimité un périmètre de sécurité de trois km autour de la ferme concernée et ordonné l’abattage de toutes ses volailles. Officiellement, le Burkina Faso compte 32 millions de têtes de volailles, dont 24 pour cent sont élevées dans des fermes industrielles et 76 pour cent de manière traditionnelle.
A en croire M. Konaté, bien que de nombreuses morts de poulets et d’oiseaux ont été constatées en février dernier, ce n’est que le 13 mars que des prélèvement ont été envoyés aux laboratoires de référence de l’OMS et de la FAO à Padoue, en Italie.
« Lorsqu’il s’agit de la grippe aviaire, nous savons qu’une détection précoce et une réponse rapide sont cruciales pour endiguer la propagation de la maladie. Et lorsque nous parlons de réponse précoce, nous voulons dire que quelques heures peuvent faire la différence », a déclaré Maria Zampaglione, la porte-parole de l’OIE. « Pour cela, il faudrait une structure qui fonctionne à la perfection, capable de détecter la maladie rapidement et d’agir tout aussi rapidement par la suite ».
L’OIE a attiré l’attention de tous les pays africains et de la communauté internationale sur la nécessité d’adopter une stratégie commune de détection et de prévention en [Afrique de l’ouest], région dans laquelle « le Burkina est l’un des pays dont les infrastructures en la matière sont particulièrement déficientes », selon Mme Zampaglione.
Le mois dernier, une table ronde réunissant des experts de 46 pays africains et de l’ONU au Gabon, avait conclu que les faibles capacités institutionnelles des Etats africains «constituerait un sérieux frein à la mise en place de plans de contingence ».
L’épidémie de la grippe aviaire au Burkina Faso va peser lourdement sur les communautés déjà très vulnérables et le budget exsangue du gouvernement du Burkina Faso.
En février, le gouvernement avait estimé à 2,5 milliards de francs CFA (5,500 000 dollars américains) le montant du financement d’un plan de contingence national, mais à ce jour, le total des contributions s’élève à 725 025 420 de francs CFA.
L’Etat devra aussi indemniser certains propriétaires de têtes de volailles, comme Ferdinand Ouedraogo, le propriétaire de la ferme avicole de la province de Kadiogo.
« En moins de 48 heures, j’ai perdu beaucoup de mes volailles. Il m’est vraiment difficile d’évaluer ma perte, mais l’essentiel pour moi, c’est de pouvoir reprendre mes activités », a déclaré M. Ouedraogo. « Je ne pratique pas l’élevage pour le besoin d’argent, je n’avais pas le choix [de les abattre] lorsque les autorités ont dit que c’était la grippe aviaire qui avait tué tous mes volailles et mes oiseaux ».
Romuald Somda, le porte-parole du gouvernement, a déclaré à IRIN que le montant maximum de l’indemnisation sera de 1 500 francs CFA (soit 2,80 dollars américains) par tête de volaille.
L’épidémie de la méningite qui sévit actuellement dans le pays et qui a déjà fait près de 750 morts depuis le 1er avril, soit près du double des décès enregistrés l’année dernière à la même époque, rend plus difficile la réponse du gouvernement à la crise aviaire. En septembre 2005, une épidémie de fièvre jaune avait également tué quatre personnes.
Selon l’indice de développement humain de l’ONU, le Burkina Faso est le troisième pays le plus pauvre de la planète, et près de la moitié de ses 13 millions d’habitants vit avec moins d’un dollar par jour.
La FAO et l’OIE ont envoyé une mission conjointe pour évaluer l’impact de l’épidémie et apporter leurs conseils au gouvernement.
La FAO a également prévenu que la mise en quarantaine des zones infectées et l’efficacité de la réponse à l’épidémie pourraient aussi constituer un obstacle à la mise en quarantaine des zones infectées et à l’application du plan de contingence du gouvernement.
Après le Niger, le Nigeria et le Cameroun, le Burkina Faso est le quatrième pays d’Afrique sub-saharienne touché par l’épidémie de la grippe aviaire.
La grippe aviaire a également été transmise à cinq personnes en Egypte, malgré l’abattage de plus de 10 millions d’oiseaux.
Selon la FAO, la grippe aviaire a fait une centaine de morts à travers le monde, principalement en Asie.
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