La salle de classe est devenue un lieu stratégique dans la lutte contre le sida dans le Sud Soudan, où un grand nombre d’adolescents va à l’école pour la première fois depuis la fin de la guerre civile, qui a ravagé la région pendant 21 ans.
Les programmes de lutte contre le VIH/SIDA sont rares au Sud Soudan et la population a des connaissances très limitées sur l’épidémie. On estime à 2,6 pour cent le taux de prévalence du VIH/SIDA dans cette région – un taux bien en deçà de la réalité, selon les travailleurs sanitaires.
Samuel Ekai, un professeur de sciences à l’école primaire Ganyliel, dans la région de l’Unity State, sait que beaucoup de ses élèves sont déjà sexuellement actifs.
D’après les résultats d’une enquête menée en 2005 par le Programme national de lutte contre le sida et des agences onusiennes, moins de 10 pour cent des jeunes savent ce qu’est un préservatif et sont capables d’identifier les moyens de prévention du virus.
«Lorsque j’ai commencé à aborder le sujet avec eux, je leur ai donné des détails. Le VIH/SIDA est une maladie grave, qui a déjà fait beaucoup de victimes dans les pays [voisins] comme le Kenya et l’Ouganda. A présent, c’est au tour du Sud Soudan d’être touché par l’épidémie», a-t-il déclaré.
Des coutumes locales à risque
«Il arrive qu’un homme ait plus de 35 épouses différentes, cela n’est pas bien, car il ne peut satisfaire les 35 femmes à la fois», a expliqué M. Ekai. «L’homme est donc obligé d’aller d’une femme à l’autre et en attendant son tour, il se peut qu’une de ses épouses se réconforte auprès d’un autre homme», a-t-il ajouté.
Au début, les élèves de Samuel Ekai étaient septiques. «Ils me riaient au nez au début, ils ne savaient pas ce qu’était le sida», s’est souvenu M. Ekai. «Puis lorsque j’ai commencé à aller dans les détails, ils se sont intéressés au sujet.»
Martha Chuol, une adolescente de 15 ans, scolarisée en classe de sixième à l’école de Ganuliel, a confié que les cours dispensés par Samuel Ekai lui avaient ouvert les yeux sur les dangers du sida.
«Selon la tradition, les filles peuvent avoir plusieurs petits amis, et les garçons peuvent eux aussi avoir différentes copines. Mais je me suis rendue compte que dans la réalité cela ne se passait pas comme cela. Je ne fréquente qu’un seul garçon, et quand il veut que l’on se retrouve, je lui demande d’utiliser un préservatif», a-t-elle dit.
Une fois sensibilisés, les jeunes ont davantage conscience du poids des informations. «Je me fais du souci pour les garçons et les filles qui ne sont pas sensibilisés au VIH/SIDA. Selon moi, il est du devoir du gouvernement de faire en sorte que la population ait accès à l’information afin qu’elle puisse se protéger», a-t-elle estimé.
En outre, les jeunes se servent de leurs connaissances pour sensibiliser leur entourage. «Je parle du VIH/SIDA à mes amis, dans les différents lieux où je me rends. J’en parle à la maison comme à l’église», a indiqué James Maker, un jeune homme de 30 ans, camarade de classe de Martha Chuol.
«Je leur explique de le VIH est incurable, qu’il se transmet par voie sexuelle. C’est extrêmement important de parler de cela avec les hommes qui ont plusieurs femmes», a-t-il poursuivi.
Le gouvernement du Sud Soudan a mis en place une commission de lutte contre l’épidémie, qui dépend du bureau de la présidence. Cette commission est chargée de mettre en place une politique de lutte contre le virus et de coordonner les actions menées au niveau régional, mais faute de fonds, peu de choses ont jusqu’ici pu être accomplies.
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