« Nous sommes vraiment exaspérés par les grèves successives dans notre système éducatif », a déclaré à IRIN lundi Maria Da Costa, une lycéenne du lycée national Kwame Nkrumah, dans la capitale Bissau, en précisant que le gouvernement ne respectait aucun de ses engagements vis-à-vis des enseignants.
« Il faut que le gouvernement et les professeurs s’entendent pour sauver l’année scolaire », a-t-elle ajouté.
Le Syndicat national des professeurs (SINAPROF) a appelé à une grève de sept jours jeudi dernier, puis a décidé de suspendre le mouvement pour permettre au gouvernement d’honorer ses engagements.
La rentrée scolaire, qui a traditionnellement lieu au début du mois d’octobre en Guinée Bissau, a été repoussée au mois de décembre en raison d’une épidémie de choléra et de la grève décrétée par le SINAPROF pour exiger le paiement des arriérés de salaires des enseignants.
Le SINAPROF avait conditionné la reprise des cours au paiement d’arriérés de salaires accumulés depuis quatre ans et qui s’élèvent, selon les autorités, à 800 millions de francs CFA (1,5 millions de dollars américains), à l’augmentation des salaires des enseignants et à la titularisation des enseignants vacataires.
En décembre, un accord était intervenu entre le syndicat et le gouvernement, qui s’était engagé à payer immédiatement trois mois d’arriérés de salaires et à satisfaire les exigences des enseignants dans les deux semaines suivantes.
Les écoles publiques du pays avaient alors rouvert leurs portes, mais suite au non respect de tous les engagements pris par le gouvernement, les enseignants ont reconduit leur grève la semaine dernière.
« Nos arriérés de salaires qui remontent à 2001 n’ont toujours pas été payés, nos collègues vacataires n’ont pas été titularisés comme convenu et nous travaillons dans des conditions déplorables », a déclaré Vinça Mendes, le président de la SINAPROF, jeudi, en décrétant une grève de sept jours.
Dimanche, les deux parties sont parvenues à un accord qui stipule que le gouvernement du premier ministre Aristides Gomes satisfera les revendications des enseignants et institue un comité chargé du suivi des engagements.
Lundi matin, au lendemain de la note publiée par le syndicat et qui invite les enseignants à regagner leurs postes, les 160 000 élèves ont repris le chemin de l’école.
Mais les élèves craignent d’autres perturbations.
« L’année scolaire a commencé tard, mais il reste la possibilité de couvrir 60 pour cent du programme scolaire », a déclaré à IRIN Infali Cassama, un jeune lycéen de 20 ans.
« Il ne faut pas que l’année scolaire soit déclarée nulle comme en 2002-2003 », a-t-il ajouté.
Cette année-là, les professeurs n’avaient pas reçu leurs salaires et avaient organisé plusieurs grèves d’affilée. Ils avaient finalement couvert moins de dix pour cent du programme scolaire et le ministère de l’éducation avait invalidé l’année scolaire dans les écoles publiques.
De nombreux élèves d’établissements publics se plaignent de cette situation, car ceux des écoles privées ont repris les cours depuis le début du mois de septembre.
« Les enfants des ministres n’étudient pas dans les écoles publiques, ce sont seulement les enfants de gens pauvres comme moi qui y vont. C’est peut-être pour ça que le gouvernement ne respecte pas les accords », a déclaré la jeune élève, Maria da Costa.
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