Tafa Balogun a été arrêté mardi à Lagos, la capitale économique du pays, par des agents de police agissant sur ordre de l’EFCC, et il sera peut être présenté à la justice dès vendredi prochain, a indiqué à la presse son avocat, Tunji Abayomi.
Sous le couvert de l’anonymat, des hauts responsables de l’EFCC ont confirmé l’arrestation de Tafa Balogun, mais n’ont fait aucun commentaire.
A la demande de l’EFCC, la haute cour de justice de Lagos a ordonné le gel des 2,7 milliards de naira (20 millions de dollars américains) supposés détournés par Balogun et placés sur cinq comptes bancaires différents.
Balogun avait démissionné précipitamment de ses fonctions d’inspecteur général de la police en janvier dernier, au moment où l’EFCC annonçait avoir découvert d’importantes sommes de provenance douteuse sur 12 de ses comptes bancaires. Aucune action judiciaire n’avait alors été engagée à l’encontre Balogun.
Pour Abayomi, avocat de Balogun, l’arrestation de l’ancien chef de la police par l’EFCC est injustifiée et relève d’un abus de pouvoir.
«Le harcèlement dont M. Tafa Balogun fait l’objet cessera bientôt lorsque la preuve de son innocence sera établie par une cour de justice impartiale», a-t-il indiqué.
La comparution imminente de Balogun devant une cour de justice s’inscrit dans le cadre des dispositions de la nouvelle politique de lutte contre la corruption initiée par le président Olusegun Obasanjo ; le limogeage la semaine dernière du ministre de l’Education Fabian Osuji impliqué dans un scandale de corruption en est la parfaite illustration.
En annonçant le limogeage d’Osuji dans un discours à la radio nationale, Obansajo avait révélé qu’Osuji avait versé 55 millions de naira (410 000 dollars) de pots-de-vin au président du sénat, Adolphus Wabara, et à des députés pour faire adopter sans trop de difficultés le budget 2005 surévalué de son ministère.
Wabara a nié ces accusations et rejeté tous les appels à la démission.
Le sénat et l’assemblée nationale ont condamné l’action et les déclarations d’Obasanjo relatives au scandale de corruption, l’accusant de vouloir ridiculiser les députés et de mener une campagne anti-corruption sélective, alors que certains de ses proches collaborateurs sont suspectés de corruption.
Par ailleurs, l’absence de Nuhu Ribadu à l’assemblée nationale où il était convoqué par les députés pour s’expliquer sur ses récentes initiatives traduit bien le malaise qui existe entre le gouvernement d’Obasanjo et les parlementaires.
Dans une lettre adressée à l’assemblée nationale et expliquant les raisons de son absence, Ribadu a informé les députés que le compte rendu de ses investigations ne leur sera transmis que par des «voies autorisées».
Bien que Obasanjo ait fait de la lutte contre la corruption une des priorités de ses deux mandats, certaines rumeurs entendre que la corruption est une pratique très répandue au sein du gouvernement.
En janvier 2003, Obansajo avait limogé son ministre du Travail, Hussein Akwanga, pour avoir accepté des pots-de-vin de la Sagem, une société française, qui comptait remporter le contrat de fabrication des nouvelles cartes d’identité des 126 millions de Nigérians.
Akwanga et trois autres co-inculpés sont actuellement en liberté provisoire sous caution en attendant le verdict de leur procès.
En 2004, l’index de perception de la corruption de l’organisation non-gouvernementale Transparency international classait le Nigeria, le Bangladesh et Haïti parmi les pays les plus corrompus de la planète.
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