Douze personnes sont mortes le 22 février dernier au centre de détention de Bouaflé, une ville située à 300 km au nord-est de la capitale Abidjan, et une autre serait décédée à l’hôpital cinq jours plus tard, indique un communiqué de l’ONUCI. Ces 13 victimes avaient des blessures qui résultent de "mauvais traitement et de torture."
D’une superficie de mille km2, le parc national de Marohoue est une vaste zone de forêt dense et de savane où vivent 5 000 à 14 000 villageois.
L’année dernière, les autorités ivoiriennes avaient prévenu les familles occupant illégalement le parc qu’elles devaient le quitter avant la mi-janvier et les gardes forestiers présents sur les lieux étaient chargés d’évincer les occupants illégaux.
Bien que la plupart des habitants du parc appartiennent à l’ethnie baoulé, celle de l’ancien président Felix Houphouet Boigny, 11 des 13 victimes sont des ressortissants burkinabés, a indiqué à IRIN un représentant d’une organisation humanitaire de l’ONU.
Des centaines de milliers de Burkinabés ont émigré en Côte d’Ivoire pour travailler dans les plantations de cacao et de café. Depuis l’échec de la tentative de coup d’état de septembre 2002 qui a divisé le pays en deux, les Burkinabés sont accusés de soutenir la rébellion qui contrôle la moitié nord du pays et font l’objet de nombreuses tracasseries.
"Plusieurs témoins ont affirmé avoir subi des sévices", a déclaré le représentant en poste à Abidjan, sous le couvert de l’anonymat. "Ils ont été torturés par des gardes forestiers avant d’être emprisonnés".
Des douzaines de personnes ont été torturées depuis le 15 janvier. Les gardes demandaient jusqu’à 100 000 FCFA (205 dollars) aux villageois et arrêtaient ceux qui ne pouvaient pas s’acquitter cette somme, a ajouté le représentant.
D’après un journaliste local qui s’est rendu sur les lieux le mois dernier, certains gardes forestiers ont mis le feu aux plantations lorsque des villageois ont tenté de s’opposer à leur éviction. "Il ne veulent pas partir parce que le gouvernement ne les dédommagera pas et qu’ils ne savent pas où aller", a indiqué le journaliste.
La mission de l’ONU a demandé aux autorités ivoiriennes d’ouvrir une enquête sur la mort suspecte de ces 13 villageois.
"L’ONUCI déplore que ces événements se soient passés dans la prison de Bouaflé et exige qu’une enquête soit ouverte pour déterminer les circonstances de la mort de ces personnes et identifier les responsables de tels actes" a indiqué la mission de l’ONU dans un communiqué de presse.
Le gouvernement ivoirien n’a fait pour l’instant aucun commentaire.
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions