La Norvège a été le plus généreux des donateurs d’aide d’urgence en 2016. Les contribuables norvégiens ont financé 899 millions USD de dépenses humanitaires, soit environ 0,18 % du revenu national. Le Luxembourg et les Émirats arabes unis arrivent en deuxième et troisième position selon les mêmes critères. L'année dernière, la tête du classement était occupée par le Koweït.
L'Union européenne et ses pays membres ont dépensé près de 10 milliards USD en aide d'urgence cette année. Pour la première fois, une partie de cet argent a toutefois été dépensé au sein de l'Union, en Grèce, ce qui soulève la question de savoir comment définir et mesurer correctement l'aide humanitaire.
Les chiffres recueillis par les Nations unies et leur service de suivi financier (FTS) offrent la vision la plus complète des dépenses humanitaires internationales officielles.
Au total, quelque 22 milliards USD de dépenses humanitaires ont été enregistrés en 2016, ce qui est plus qu'en 2015 (20,9 milliards USD) mais moins qu'en 2014 (23,5 milliards USD). En 2015, l'aide d'urgence a pesé pour environ 16 pour cent du total des dépenses en aide à l'échelle internationale (131,6 milliards USD) d'après l'OCDE, qui suit l'évolution des dépenses des principaux bailleurs de fonds.
Les gros donateurs
Où l'argent va-t-il ?
Principaux pays donateurs
Les Norvégiens sont les plus généreux en part relative de leur richesse nationale. En chiffres absolus, les États-Unis arrivent toutefois en tête des pays donateurs les plus généreux avec 6 milliards USD dépensés en aide d'urgence. Si l'on tient compte de la taille de l'économie américaine, le pays chute à la 16e position, derrière des poids plumes comme la Finlande dont la générosité relative est plus importante.
En termes absolus, la Commission européenne arrive en deuxième position, avec un montant presque inférieur de moitié à celui des États-Unis (3,1 milliards USD).
Qui dépense cet argent ?
Et quelles organisations d'aide humanitaire ont obtenu le plus de financements cette année ? Les agences des Nations unies ont perçu 60 pour cent des financements enregistrés, contre 10 pour cent (environ 2,2 milliards USD) pour le Mouvement international de la Croix-Rouge. Les données du FTS reposent sur des déclarations volontaires, et échouent à restituer certains flux financiers. La base de données fait état de 4,3 milliards USD de financements pour les ONG. Ces dernières déclarant rarement leurs revenus issus du secteur public, il s'agit probablement d'une estimation basse. Le rapport annuel de GHA (Global Humanitarian Assistance) répertorie cinq à six milliards USD supplémentaires de dons d'entreprises ou d'organismes caritatifs destinés à des causes humanitaires, essentiellement dépensés par des canaux autres que les Nations unies.
L'Union européenne
Pour l’Union européenne, la taille a son importance. Sur son site Internet, elle déclare : « Collectivement, l'UE et ses pays membres sont les premiers donateurs d'aide humanitaire au monde. » Nous avons vérifié cette affirmation.
En additionnant les financements provenant directement des pays membres de l'UE, les fonds versés par le biais des institutions européennes, et la participation de l'UE au Fonds central d'intervention d'urgence, la contribution globale de « l'Europe politique » excède les 9,9 milliards USD – soit près de la moitié (47 pour cent) du total mondial. Nous avons également alloué les 324 millions USD de financements destinés au fonds commun des Nations Unies, le CERF, à leurs donateurs européens originaux.
Ces chiffres excluent la Norvège, la Suisse et autres pays non membres de l'UE. La Croatie est le seul pays membre de l'UE à n'avoir déclaré aucun financement humanitaire aux Nations Unies pour l'année 2016. Les autres pays membres ont contribué à hauteur de 6,8 milliards USD.
Mais... et la Grèce ?
Seulement voilà le problème : pour la première fois, l'Europe « s'aide » elle-même. La Grèce a reçu 422 millions USD, soit plus d'« aide humanitaire » que la République centrafricaine. L'UE a étendu le concept d'aide humanitaire pour y inclure les situations au sein de son territoire, et a décidé de verser 328 millions USD à la Grèce. C'est ainsi que s'achève cette étrange année pour l'économie humanitaire.