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Le programme humanitaire du président Trump

Camp seen behind wire Heba Aly/IRIN
On average, refugees remain displaced for 17 years

Politique étrangère, développement et aide humanitaire : ces sujets ont été peu médiatisés lors de la campagne présidentielle aux Etats-Unis, mais Donald J. Trump devra traiter ces questions dès le mois de janvier. Nous avons sélectionné certains des sujets les plus brûlants :

Syrie, Irak et Yémen

Concernant le Moyen-Orient, M. Trump revendique l’isolationnisme et promet d’écraser le prétendu Etat islamique, ce qui sème le doute quant à ses intentions.

Le président élu a soutenu qu’un engagement plus fort dans la guerre syrienne pourrait mener à la « Troisième Guerre mondiale » et entraîner les Etats-Unis dans un conflit direct avec l’Iran et la Russie, les alliés de M. Assad. « La première chose à faire, c’est de nous débarrasser de [l’EI] avant de nous concentrer sur la Syrie », a cependant dit M. Trump. Pour la Syrie et l’Irak, où la lutte contre l’EI fait rage à Mossoul, la situation est confuse, car le prochain président a indiqué que ses plans de lutte contre le groupe sont secrets. Dans des déclarations publiées sur son site Internet, il promet de travailler avec les alliés arabes et les amis des Etats-Unis au Moyen-Orient pour vaincre le groupe et de mettre en œuvre « des opérations militaires accrues de la coalition pour [l’]écraser et [le] détruire ».

Aucun des candidats n’a évoqué la troisième guerre majeure qui affecte le Moyen-Orient et dégénère en catastrophe humanitaire – le Yémen. La Maison-Blanche a indiqué qu’elle réexaminait son soutien à la campagne aérienne de la coalition menée par l’Arabie saoudite contre les rebelles houthis. M. Trump a laissé entendre qu’il s’inquiétait de l’influence qu’exerçait l’Iran dans la région et du soutien que le pays apporte aux Houthis, mais ces déclarations obscures ne laissent pas entrevoir ses intentions.

La guerre en Afghanistan

M. Trump va hériter de la guerre la plus longue jamais menée par les Etats-Unis – l’Afghanistan. Les Etats-Unis ont envahi le pays en 2001 pour soutenir les forces locales dans leur lutte contre les talibans. Quelque 10 000 soldats étasuniens sont toujours présents sur le sol afghan. M. Obama a promis de mettre un terme à cette guerre, mais l’armée afghane n’a pas été en mesure de repousser la charge des talibans et des autres groupes toute seule, et le gouvernement a souvent été fragile au point de s’effondrer.

En 15 ans, les Etats-Unis ont investi plus de 113 milliards de dollars dans l’aide à la reconstruction de l’Afghanistan. Les fonds ont permis de construire l’armée afghane, mais la somme n’inclut pas le coût de la mission militaire étasunienne qui ferait monter la facture à environ mille milliards de dollars. Malgré les investissements réalisés par les Etats-Unis en argent et en hommes, l’Afghanistan n’a pas été très présent dans la campagne présidentielle.

Aucun des candidats n’a présenté de plan pour l’Afghanistan. Cela s’explique peut-être par le fait que les représentants politiques étasuniens ne savent pas comment sortir leur pays d’une situation qui s’apparente de plus en plus à un bourbier, sans grande chance de succès. La stratégie de M. Obama – un renfort des troupes étasuniennes pour réprimer l’insurrection, suivi d’un retrait progressif pour laisser le gouvernement afghan gérer la situation seul – a échoué. M. Trump peut-il faire mieux ?

Changement climatique

Il est difficile de considérer l’élection de M. Trump comme autre chose qu’une mauvaise nouvelle pour l’environnement. Dans la section « Energie » de son site Internet, M. Trump dit qu’il veut favoriser « l’indépendance énergétique des Etats-Unis ». Il atteindrait cet objectif en relançant l’exploitation du charbon et du pétrole, une stratégie qui semble aller à l’encontre de son objectif de « protection de l’air pur et de l’eau potable ».

M. Trump s’est également engagé à « exploiter des gisements de gaz de schiste », ce qui pourrait offrir un accès accru au pétrole et au gaz naturel grâce à la « fracturation ». Cette technique relativement récente consiste à fissurer la roche en injectant un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques pour libérer le gaz ou le pétrole que recèle la roche. La fracturation est largement utilisée en Amérique du Nord, où elle a créé des emplois et réduit la dépendance aux importations de pétrole. Mais les écologistes pointent du doigt plusieurs problèmes : l’utilisation d’importantes quantités d’eau souvent détournée, le risque de pollution si les produits chimiques contaminent les nappes phréatiques, et un lien potentiel avec l’activité sismique. Ses détracteurs craignent que l’accroissement des investissements dans les sources d’énergie traditionnelles n’occulte les sources d’énergie renouvelables.

La question du changement climatique n’est pas évoquée sur le site de M. Trump. En fait, pendant la campagne, M. Trump a promis qu’il reviendrait sur l’accord de Paris sur le changement climatique. Le prochain cycle de négociations sur le changement climatique a commencé lundi au Maroc, mais le processus vient peut-être de perdre le soutien du dirigeant le plus puissant du monde.

Refugiés et immigration

Les divergences les plus importantes entre M. Trump et Mme Clinton apparaissent sur les questions de l’immigration et des réfugiés.

Alors que Mme Clinton s’était engagée à impulser des réformes progressistes sur l’immigration, ce qui aurait ouvert la voie vers la citoyenneté à une partie des 11 millions de sans-papiers installés aux Etats-Unis, M. Trump avait promis d’abroger le décret de M. Obama portant amnistie aux immigrés ayant franchi la frontière illégalement lorsqu’ils étaient enfants et aux parents de citoyens étasuniens.

Les partisans de M. Trump attendront de lui qu’il respecte ses promesses de campagne afin d’augmenter de manière significative le nombre de sans-papiers placés en détention ou déportés, et de mettre un frein à l’immigration légale (mais ils devront peut-être accepter que la promesse de M. Trump de construire un mur le long de la frontière avec le Mexique ne soit que largement symbolique).
 

Pendant la campagne, M. Trump a répondu aux attentats perpétrés par des extrémistes à San Bernardino et à Orlando en appelant à interdire l’entrée des musulmans sur le territoire des Etats-Unis. Les responsables de l’immigration et de la sécurité ont indiqué qu’il serait pratiquement impossible de mettre en œuvre une mesure d’interdiction fondée sur l’appartenance religieuse, car la majorité des pays délivrent des passeports qui ne font pas mention de la religion. Mais, en tant que président, M. Trump aura l’autorité pour fixer le nombre de réfugiés admis dans le cadre de la réinstallation. Lundi, il a levé toute ambiguïté en déclarant que, s’il était élu, il suspendrait la réinstallation des réfugiés syriens pour des raisons de sécurité. Il a en revanche préconisé la réinstallation des réfugiés dans « une partie sûre de leur pays ».

Les Etats-Unis sont aujourd’hui le principal bailleur de fonds du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR (en 2015, ils ont contribué à hauteur de 40 pour cent de son budget). Etant donnée la méfiance exprimée par M. Trump à l’égard des institutions multilatérales telles que les Nations Unies, il est difficile de déterminer le niveau de soutien et de participation des Etats-Unis aux négociations relatives aux pactes mondiaux sur la migration et les réfugiés qui ont débuté lors du sommet de septembre à New York.

Aide étrangère

Ceux qui se laissaient à penser à une extension de l’aide étrangère des Etats-Unis sous une présidence de Mme Clinton seront déçus par les résultats du vote d’aujourd’hui [mardi]. Pendant la campagne, M. Trump n’a eu cesse de répéter qu’il était important de reconstruire les infrastructures nationales avant d’aider les autres pays, en affirmant au mois de juin que les Etats-Unis devraient « arrêter d’envoyer de l’aide aux pays qui nous détestent ». Une augmentation du budget de l’aide étrangère semble donc peu probable, mais sa diminution reste une possibilité, surtout si l’on prend en compte le fait que les Républicains gardent le contrôle des deux chambres du Congrès. L’aversion de M. Trump à l’égard des accords commerciaux pourrait également menacer les pactes importants, tels que l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) qui prévoit une exonération des taxes et favorise ainsi les entreprises du continent.

Extrémisme

Selon les analystes de la sécurité, l’une des plus grandes questions qui se posent est de savoir si M. Trump, qui prendra ses fonctions de président au moins de janvier, continuera à défendre les positions dures et potentiellement dangereuses qu’il a adoptées pendant la campagne : de l’interdiction d’entrée sur le territoire aux musulmans à son soutien à la torture (il a déclaré : « J’adore ça. Je pense que l’on ne va pas assez loin », en référence à la torture par l’eau) et au maintien de Guantanamo. Tout cela fait le jeu des groupes extrémistes –   de l’Etat islamique à Boko Haram en passant par al-Shabab – qui élaborent une propagande qui leur apporte plus de recrues, ce qui a entraîné une aggravation des conflits et des crises humanitaires du nord du Nigeria jusqu’au nord de l’Irak.

as-ag-ks-jf/bp-mg/amz

(PHOTO DE COUVERTURE : Le camp de Za'atari accueille les réfugiés syriens dans le nord de la Jordanie. CREDIT PHOTO : Heba Aly/IRIN)

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