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La sélection d’IRIN : données, pauvreté et exode érythréen

Students attend classes inside school buildings damaged by the earthquake on 10 August 2015 in Sipa Pokhari, Nepal. This school in Sipa Pokhari VDC was badly damaged during the earthquake, but with only one tent provided by NGOs, the rest of the students Juliette Rousselot/IRIN
Une salle de classe d’une école détruite par le tremblement de terre au Népal
Voici la liste des lectures recommandées par IRIN. Chaque semaine, notre réseau mondial de correspondants spécialisés partage sa sélection d’articles de recherche, de podcasts, de rapports, de billets de blogues et d’articles de fond à ne pas manquer pour rester au fait de l’actualité mondiale en matière de crises. Nous signalons également les conférences importantes à venir, les publications de livres et les débats sur les politiques.

À lire : notre Top 5

Un aperçu de la vie en Érythrée

Cette année, l’odyssée des centaines de milliers de Syriens, d’Irakiens et d’Afghans qui entreprennent le voyage vers l’Europe a été bien documentée. On ne peut pas en dire autant de l’exode de plus en plus important des Érythréens vers l’Europe et l’Afrique du Nord. Il est difficile d’obtenir des informations précises sur cette mystérieuse nation d’Afrique de l’Est : le gouvernement totalitaire a entravé tous les efforts déployés par des organisations comme les Nations Unies et Amnesty pour y faire des recherches. Les reportages sur le pays sont encore plus rares. C’est pourquoi cet article du Guardian, rédigé par son correspondant en Afrique, David Smith, vaut la peine d’être lu. La perception populaire veut que de l’Érythrée soit la Corée du Nord de l’Afrique. M. Smith a pourtant découvert un pays en paix qui affiche un faible taux de criminalité et où les musulmans et les chrétiens vivent dans l’harmonie. Le déroulement de la vie quotidienne dans la capitale, Asmara, semble tout à fait normal. Les Érythréens ordinaires avec qui il a réussi à discuter entre ses visites aux bureaux du gouvernement lui ont cependant dit que peu d’entre eux pouvaient imaginer un avenir et que la plupart étaient conscrits dans l’armée pour un service national sans fin ayant toutes les apparences de l’esclavage. L’article décrit bien le sentiment de malaise constant qui règne sous la surface. « La plupart des Érythréens souffrent, mais c’est dans notre culture d’agir comme si tout va bien. Nous aimons faire semblant », lui a dit un commerçant.

Noël : un acte de défiance

La semaine dernière, dans le monde entier, des centaines de millions de personnes ont célébré Noël, y compris la blogueuse syrienne Marcell Shehwaro. Le plus récent billet de Mme Shehwaro décrit de quelle façon sa famille et elle ont tenté par tous les moyens de garder vivante cette fête de l’amour au beau milieu du tourbillon d’horreur de la guerre civile syrienne. Le conflit a fait de cette occasion de réjouissances un acte de résistance. Mme Shehwaro documente les terribles risques qu’elle a pris au cours des dernières années, notamment l’utilisation d’une fausse identité pour revenir célébrer Noël avec sa famille et ses amis dans son quartier d’Alep – après avoir fui les persécutions politiques – et l’introduction clandestine d’un arbre de Noël caché dans une valise à la frontière turco-syrienne. Avec un groupe d’amis et de proches de moins en moins nombreux, elle est déterminée à ne pas laisser la guerre lui enlever Noël. Lors de son dernier Noël à Alep, un ami appartenant à l’Armée syrienne libre lui a offert un pistolet pour mettre fin à ses jours au cas où elle serait capturée par des combattants du groupe autoproclamé État islamique (EI). Il est difficile de concilier l’idée d’une fête familiale avec celle d’un cadeau pour faciliter un suicide, mais, selon Mme Shehwaro, c’est la réalité d’un Noël syrien aujourd’hui. « C’est peut-être ça, Noël », écrit-elle. « Être naïf parmi les gens qu’on aime, défier la mort et la solitude. »

La pauvreté s’accroît chez les Syriens qui vivent au Liban

Le tableau est sombre pour les plus d’un million de réfugiés syriens qui vivent au Liban. Un document intitulé 2015 Vulnerability Assessment, qui vient tout juste d’être publié, résume les conclusions de recherches menées par trois agences des Nations Unies. Il confirme que les réfugiés syriens représentent désormais 25 pour cent de la population libanaise. Il s’agit du taux de réfugiés par habitant le plus élevé au monde. Depuis 2014, la vulnérabilité de ces réfugiés n’a fait qu’augmenter. La conclusion la plus saisissante, évoquée dans le titre du document, est que 70 pour cent d’entre eux vivent désormais sous le seuil de pauvreté libanais, qui est de 3,84 dollars par jour, contre 49 pour cent en 2014. Derrière ces chiffres se cachent les histoires des réfugiés dont les économies s’épuisent et les dettes s’accumulent, des réfugiés qui vivent à quatre dans une même pièce (en moyenne) et n’ont pas suffisamment à manger (89 pour cent). Ils sont de plus en plus nombreux à sembler s’installer à long terme : ils achètent des articles ménagers essentiels et des vêtements d’hiver. Les agences des Nations Unies disent qu’elles doivent modifier leur approche et considérer la situation non plus comme une urgence, mais comme une crise prolongée. La principale cause de la vulnérabilité financière des réfugiés est le manque d’opportunités d’emploi à long terme.

SHM : déjà des laissés pour compte ?

Il était inévitable que le Sommet humanitaire mondial (SHM) ne réponde pas aux attentes et aux préoccupations particulières de nombreuses personnes. La semaine dernière, toutefois, un groupe d’importantes organisations britanniques a manifesté de manière plus marquée son insatisfaction en adressant une lettre très forte au chef de l’humanitaire des Nations Unies Stephen O’Brien, dont le bureau supervise le processus du SHM. Les signataires de la lettre se sont dits préoccupés par sa plus récente déclaration, qui, selon eux, excluait certains groupes marginalisés qui doivent absolument être considérés dans le cadre du processus de réforme. Islamic Relief, Save the Children et Oxfam – trois des dix signataires – craignent que les conclusions claires du rapport synthèse du SHM ne soient diluées à l’approche du sommet qui aura lieu à Istanbul en mai. « La consultation a mis en évidence l’importance d’une aide humanitaire mieux adaptée afin de répondre aux besoins distincts des divers groupes vulnérables en prenant en considération le sexe, l’âge et le handicap », a dit HelpAge, l’une des organisations signataires de la lettre. « Les organisations sont consternées de constater que les priorités identifiées dans la déclaration émise par le chef de l’humanitaire des Nations Unies, Stephen O’Brien, ne tiennent pas compte de ces éléments. » La lettre n’a pas été partagée en entier, car deux organisations signataires souhaitent garder l’anonymat, mais préparez-vous à davantage de lobbying en ce sens dans les mois à venir.

Une milice privée pour lutter contre Boko Haram

L’échec des efforts déployés par les forces de sécurité nigérianes pour enrayer ce qui est devenu le groupe terroriste le plus meurtrier au monde – Boko Haram – a contribué à la défaite du dernier président. Des citoyens frustrés ont par ailleurs créé la Civilian Joint Task Force, une milice privée qui compte désormais plus de 10 000 membres. Une cinquantaine seulement d’entre eux sont des femmes. La semaine dernière, le New Yorker a publié le profil de l’une d’elles : Fatima Muhammed. Mme Muhammed a rejoint la CJTF après qu’un homme dont elle était proche eut été tué par Boko Haram. Elle s’occupe de gérer un service de cantine et on lui demande parfois d’assumer certaines tâches que ses collègues de sexe masculin ne sont pas autorisés à faire pour des raisons religieuses et culturelles, notamment d’effectuer des fouilles corporelles de suspects terroristes féminins. Dans cet article qui suscite la réflexion, l’auteur décrit comment Mme Muhamed est devenue une combattante à temps plein et s’interroge à savoir ce qui adviendra des gens comme elle si la CJTF continue de se développer à l’extérieur des structures officielles. Comme l’a dit au magazine le gouverneur d’un État, la CJTF pourrait très bien devenir « un monstre ».

À écouter :

De la difficulté de gérer les données

Dans l’introduction du rapport sur le Liban, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) remercie avec beaucoup d’enthousiasme les agences qui ont recueilli les données, mais aussi les familles qui les ont fournies. À juste titre. Les difficultés liées à la collecte, l’analyse, la présentation et le partage des données au sujet des réfugiés, en particulier dans le contexte du travail de protection, sont le sujet du podcast Humanitarian Assistance de la semaine dernière. Un panel d’experts articulés et bien informés traite de façon captivante de ce sujet potentiellement aride. Ils abordent les défis émergents associés à la gestion des données numériques, à l’éthique et à la vie privée, mais aussi la capacité croissante des réfugiés de fournir et d’organiser eux-mêmes les données. « Les réfugiés sont désormais capables de faire des choses qui relevaient auparavant du rôle des humanitaires », y compris de créer et de maintenir des identités numériques, a dit Patrick Vink, directeur du programme sur la paix et les droits de l’homme de l’initiative humanitaire d’Harvard (Harvard Humanitarian Initiative). « Les gens peuvent désormais avoir accès à l’information et prendre des décisions par eux-mêmes. »

Une publication d’IRIN :

Un conflit politique en passe de se transformer en catastrophe humanitaire

L’attention dont a bénéficié Katmandou en avril dernier à la suite du puissant séisme qui a frappé le Népal s’est depuis longtemps estompée. Le pays est pourtant sur le point de sombrer dans une crise humanitaire en raison des blocus frontaliers qui restreint l’entrée de fournitures vitales sur le territoire. Dans cet article, IRIN se penche sur l’impasse politique à l’origine du problème – une dispute entre les gouvernements indien et népalais et les groupes marginalisés vivant de part et d’autre de la frontière au sujet de la nouvelle constitution népalaise – et attire l’attention sur les conséquences de plus en plus graves des blocus. Plus des deux tiers des médicaments de base sont en rupture de stock dans les établissements de santé primaire du pays. Les pénuries d’essence empêchent l’acheminement d’articles de premier secours, comme des bâches et des couvertures, vers les villages isolés des montagnes, où ils sont particulièrement nécessaires. Et le prix du gaz de cuisson a augmenté de 630 pour cent depuis le début des blocus. Pendant que les politiques continuent de se disputer, la vulnérabilité de millions de Népalais s’accroît : les risques associés aux conditions hivernales, aux pénuries extrêmes de nourriture et à l’émergence de maladies pourtant faciles à prévenir augmentent de jour en jour.

iw/ag-gd/amz 

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