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Ebola : les enfants sont-ils en sécurité à l’école ?

Frances Dumor, a third grade student at Banjor Central High School in Monrovia, Liberia, returns to school on 16 February 2015, for the first time in more than six months, after Ebola shut down schools nationwide. Ricci Shryock/IRIN
Plus de deux millions d’élèves reprennent lentement le chemin de l’école au Liberia et en Sierra Leone après six mois de fermeture, en raison de l’épidémie d’Ebola. Les autorités ont pris des mesures pour prévenir de nouvelles transmissions du virus, mais l’inquiétude demeure dans les deux pays.

« J’ai peur de retourner à l’école », a dit Sam Joekor, un garçon de 15 ans qui vit à Monrovia. « On entend encore parler d’Ebola dans certaines communautés. On ne sait pas avec qui on peut entrer en contact sur le campus, alors j’ai vraiment peur. Je ne veux pas mourir d’Ebola », a-t-il dit à IRIN.

D’après les autorités locales, les deux pays sont prêts. Certaines écoles du Liberia ont rouvert leurs portes le 16 février ; les autres devront rouvrir avant le 2 mars, sous peine d’amende. La Sierra Leone prévoit la réouverture de ses écoles pour la fin du mois de mars.

« Nous ne pensons pas que [la décision de rouvrir] est prématurée, car aujourd’hui nous avons les moyens d’intervenir de manière adéquate quand un cas est signalé, en particulier dans les écoles », a dit Abdulai Bayraytay, le porte-parole du gouvernement de la Sierra Leone.

Dans ce pays comme au Liberia, des centaines d’enseignants ont été formés sur la manière de limiter les transmissions.

Au Liberia, des stations de lavage des mains ont été installées dans bon nombre d’écoles et la Sierra Leone va bientôt faire de même. Avant d’entrer en classe, les élèves et les enseignants doivent se désinfecter les mains avec une solution chlorée. La température des élèves et des enseignants est contrôlée chaque matin.

Aux premiers signes de fièvre ou de maladie, l’élève est installé dans une chambre d’isolement d’urgence sur le campus avant d’être transféré vers une clinique de santé locale, conformément au nouveau système d’orientation des patients mis en place au Liberia.

Le ministre de l’Education du Liberia dit que les parents ont été prévenus qu’il ne fallait pas envoyer leur enfant à l’école s’il présentait des signes de maladie.

Des inquiétudes tenaces

Au Liberia, plus de la moitié des écoles ne disposent pas d’un approvisionnement en eau. De grandes quantités d’eau devront donc être acheminées des puits voisins jusqu’aux stations de lavage des mains chaque matin.

Certaines écoles situées dans les régions les plus isolées du Liberia - où les établissements scolaires devaient rouvrir le 2 février - n’ont pas encore reçu de fournitures de sécurité, comme les seaux, les solutions chlorées ou les thermomètres, en raison du mauvais état des routes.

« Imaginez 300 enfants qui doivent se laver les mains, chacun à leur tour … et qui doivent se faire prendre la température chaque matin », a dit Steve Morgan, directeur-pays de Save the Children au Liberia. « Il y a un facteur temps réel pour ces enfants qui ont toutes ces choses à faire avant de pouvoir aller en classe ».

Si les enseignants ont reçu une formation pour prévenir la transmission de la maladie, beaucoup se plaignent que ce rôle sanitaire viendra s’ajouter au fardeau des classes surchargées et du manque d’assistants.

« Il va y avoir beaucoup de défis à relever, nous en sommes conscients », a dit M. Morgan. « Mais malgré tout cela, c’est une très bonne chose que les enfants retournent à l’école ».

Peur et pauvreté

Au Liberia, Ramsey Kumbuyah, le ministre adjoint à l’Education en charge de l’administration, a dit que bon nombre d’enfants « ne retourneront pas à l’école cette année [car] ils n’ont pas les moyens » de payer les frais de scolarité, les uniformes et les autres fournitures.

Bon nombre d’enfants sont devenus orphelins et d’autres ont vu leurs parents perdre leur emploi en raison de l’épidémie d’Ebola.

« Mon père est mort du virus en août », a dit Elijah Toby, un lycéen de 26 ans. « C’était lui qui payait mes frais de scolarité. Aujourd’hui, je n’ai plus d’espoir…Je n’ai plus d’argent et ma mère ne travaille pas …. Ebola m’a fait perdre du temps ».

Les spécialistes consultés par IRIN ont dit que bon nombre de ces élèves plus âgés, comme M. Toby, risquaient d’abandonner leurs études. Certains, même parmi les plus jeunes, ont été contraints de trouver du travail pour aider leur famille pendant l’épidémie et ne retourneront pas à l’école.

D’autres familles refuseront que leurs enfants aillent à l’école, de peur qu’ils contractent le virus Ebola.
« Je m’inquiète vraiment pour la sécurité de mes enfants », a dit à IRIN Samuel Tar de Monrovia. « Je ne suis pas encore sûr qu’ils seront en sécurité. Je ne fais pas confiance à l’école ».

Il y a toujours des inquiétudes concernant les problèmes de stigmatisation qui pourraient empêcher le retour des enfants survivants d’Ebola à l’école.

Le retard dans l’éducation

Malgré la création de programmes d’« enseignement via la radio » au Liberia et en Sierra Leone, qui permettent aux élèves de ces deux pays de suivre des leçons et de faire des exercices chaque jour chez eux, tous n’ont pas participé. souvent, les cours dispensés étaient généraux pour être suivis par des élèves de différents niveaux.

« Ils ont probablement réussi à entretenir la soif d’apprendre et à garantir que les enfants ne sortent pas du système éducatif », a dit M. Morgan. « Ainsi, dans ce sens, ils on joué un rôle important. Mais cela ne sera jamais plus qu’un pont ».

Mohamed Sillah Sesay, de la direction de l’inspection du ministère de l’Education de la Sierra Leone, a dit à IRIN : « Le Ministre savait que ces programmes n’auraient pas un impact majeur. Mais nous devions faire quelque chose pour aider les étudiants ».

Les enseignants, eux aussi désœuvrés pendant de longs mois, disent craindre que l’important retard accusé dans la « vraie » éducation n’affecte les performances scolaires des élèves.

« A cause d’Ebola, nos enfants ont oublié beaucoup de choses qu’ils avaient apprises à l’école », a dit Mary Thomas, qui travaille au Liberia. « Certains ne savent plus faire les opérations mathématiques de base et ont des problèmes de compréhension. Je suis inquiète ».

jl/js/pc/am-mg/amz

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