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Inclusion de la liberté de la presse dans l’Agenda pour le développement post-2015

Journalist at work Edgar Mwakaba/IRIN
Dans le débat concernant l’inclusion de la liberté de la presse et de l’accès à l’information dans l’Agenda pour le développement post-2015, il n’est pas surprenant que tout soit une affaire de langage.

Une coalition internationale toujours croissante s’est rassemblée autour de l’idée qu’il est impossible de parvenir à un développement durable « sans que le public n’ait accès à des informations fiables concernant la santé, l’environnement et d’autres secteurs essentiels du développement – et cela nécessite un suivi indépendant de ces données par les médias et la société civile », a dit à IRIN William Orme, représentant des Nations Unies pour le Forum mondial pour le développement des médias, basé à Bruxelles. Mais cette notion sera-t-elle entérinée dans les objectifs de développement durable, actuellement en cours de discussion dans le cadre d’une série de réunions du Groupe de travail ouvert ? Et si tel est le cas, comment sera-t-elle formulée précisément ?

La question est controversée, a remarqué James Deane, directeur des politiques et de l’apprentissage à BBC Media Action, lors d’une table ronde organisée le 5 juin.

« Toute discussion relative à un quelconque objectif concernant la gouvernance prête déjà à controverse », a-t-il dit. « Une discussion mentionnant le terme média, spécialement s’il est associé à ce qu’on appelle la liberté, crée immédiatement une certaine dynamique dans les discussions sur le développement : de nombreux pays en développement – et plus particulièrement, je pense, les Chines de ce monde – deviennent de plus en plus mal à l’aise, voient cela comme un programme occidental, une excuse pour mettre en place des conditions pour les pays en développement et leurs valeurs, qui seront interprétées de manière préjudiciable à leurs intérêts et cela [...] extrait la discussion du contexte de développement et introduit des arguments et des discussions hautement plus politiques. »

« Ce n’est pas un débat Nord contre Sud, comme certains l’ont présenté à tort », a dit M. Orme. « De nombreux pays africains, asiatiques et latino-américains ont fortement soutenu l’inclusion d’objectifs [d’accès à l’information] dans les discussions des Nations Unies concernant le programme de développement pour l’après-2015. Contrairement aux Objectifs du Millénaire pour le développement, ce nouveau programme est censé s’appliquer à tous les pays, au Nord comme au Sud. Et il n’existe aucun pays où l’accès du public à des informations évaluées de manière indépendante concernant le développement ne peut pas être amélioré. »

L’année dernière, le rapport du Groupe de personnalités de haut niveau, coprésidé par Susilo Bambang Yudhoyono, président de l’Indonésie, Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria et David Cameron, premier ministre britannique, proposait cinq manières d’« assurer une bonne gouvernance et un cadre institutionnel efficace » dans le cadre de développement pour l’après-2015. L’une était de « garantir le droit à la liberté d’expression, à la liberté d’association et à la liberté de réunion pacifique ainsi que l’accès à des informations et des médias indépendants ». Un autre cherchait à « garantir le droit du public à l’information et l’accès aux données officielles ».

Parallèlement, le Groupe de travail ouvert (GTO), qui est composé de représentants de 69 États membres, a commencé à se réunir pour mettre au point ses propres recommandations pour les Objectifs de développement durable (ODD). En avril 2014, le GTO a publié un document sur les domaines d’intervention demandant notamment aux nations d’« améliorer la transparence dans la gestion des finances publiques, les marchés publics et la mise en œuvre des plans de développement nationaux ». Le document demandait également d’« éliminer toutes les restrictions inutiles sur la liberté de la presse, d’association et de parole ». De nombreux défenseurs de la liberté des médias considèrent ce document comme un recul par rapport au travail du groupe d’experts de haut niveau.

Une formulation plus forte

Toutefois, avec l’aide de plus de 200 organisations encadrées par le Forum mondial pour le développement des médias et Article 19 (une organisation non gouvernementale consacrée à la liberté de la presse), le GTO a publié le 2 juin un « avant-projet » (zero draft) proposant une formulation bien plus forte que le document sur les domaines d’intervention. Le GTO proposait notamment que l’objectif numéro 16 de favoriser la création de « sociétés pacifiques et inclusives, de l’État de droit et d’institutions compétentes et efficaces » comprenne des sous-objectifs visant à « améliorer l’accès du public à l’information et aux données des gouvernements » et « promouvoir la liberté de la presse, d’association et d’expression ».

Jan Lublinski, directeur de projet pour l’agence de développement des médias internationaux allemande DW Akademie, a dit qu’il était « ravi » que la première version de l’avant-projet inclue la liberté de la presse et l’accès à l’information.

« De plus en plus de gens prennent conscience que ces problèmes doivent être inclus dans le futur cadre des ODD », a-t-il dit à IRIN. « J’ai donc plutôt bon espoir de retrouver ces éléments importants dans le document final. »

Une nouvelle tournure

Le 2 juillet, le GTO a cependant publié une nouvelle version de l’avant-projet. Il y propose que l’ODD numéro 16 de « sociétés pacifiques et inclusives, d’accès à la justice pour tous et d’institutions compétentes et efficaces » inclue un sous-objectif visant à « promouvoir un accès libre et facile à l’information et la liberté d’expression, d’association et de rassemblement pacifique ». Toute mention de liberté de la presse et d’accès du public à l’information a été retirée.

M. Orme reproche au GTO d’avoir « édulcoré » l’avant-projet et a promis que le Forum mondial pour le développement des médias tenterait de le renforcer.

Le GTO se réunira de manière informelle cette semaine et entamera sa treizième et dernière session le 14 juillet. Une version définitive de l’avant-projet sera rendue officielle et soumise à l’Assemblée générale pour examen en août.

« Le processus est loin d’être terminé, mais l’UNESCO continue de plaider pour la liberté de la presse en tant que partie intégrante de la gouvernance », a dit Fackson Banda, qui enseigne à l’Université Rhodes en Afrique du Sud et travail sur les sujets de liberté d’expression et de développement des médias avec l’UNESCO.

« Nous comprenons que, dans une tentative d’économie et de simplicité, le GTO puisse perdre de vue certains éléments phares qui faisaient auparavant partie des objectifs et cibles proposés », a-t-il dit. « Nous continuons de croire que la question de la liberté de la presse est source de préoccupations pour de nombres États membres et qu’elle sera, comme dans le rapport du Groupe de personnalités de haut niveau, repoussé au programme de gouvernance des consultations de l’Agenda pour le développement post-2015. »

pd/cb-ld/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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