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Le problème ethnique au Sri Lanka

Recent arrivals from the north line up for relief assistance outside a government camp in Vavuniya. Thousands of Tamil civilians have fled the fighting in the north over the past month Save the Children
Selon les activistes, les législateurs et les Nations Unies, la perspective d’une amélioration des relations entre le gouvernement du Sri Lanka, à majorité cinghalaise, et l’ethnie tamoule n’est toujours pas d’actualité plus de trois ans après la fin de la guerre civile qui a opposé les deux ethnies. L’équilibre des pouvoirs du pays et la polarisation ethnique ressemblent de plus en plus à la situation antérieure symbolisée par la lutte séparatiste persistante menée par les rebelles tamouls, ce qui fait craindre un retour du conflit si le pays ne gère pas les relations ethniques différemment cette fois-ci.

Les experts pointent du doigt quelques exemples qui présentent le nationalisme ethnique comme une source de division : les efforts du gouvernement pour abroger un amendement constitutionnel qui prévoit le partage des pouvoirs ; une politique répressive ; un manque de reconnaissance généralisé de la langue tamoule ; et l’échec de l’état de droit. Tous ces aspects ont déclenché des violences dans le passé.

Qui sont les Tamouls ?

Les Tamouls sont une communauté ethnique minoritaire qui vit majoritairement dans les provinces du nord et de l’est du pays. Un groupe de Tamouls indiens vit au centre du pays ; ils ont émigré du Tamil Nadu, un État du sud de l’Inde au 18e siècle pour travailler dans les plantations de l’ancienne puissance coloniale britannique. Même si ce groupe est en grande partie bien assimilé, les Tamouls au nord et au nord-est se revendiquent d’une ethnie différente dont les racines remontent à des millénaires.

Les dirigeants politiques tamouls ont gagné en popularité dans ces régions en faisant campagne autour du clivage ethnique et ont, encore récemment, appelé à la création d’un État indépendant.

Il y a 2,2 millions de Tamouls au nord et au nord-est du Sri Lanka, soit 11 pour cent de la population, tandis que les Tamouls indiens du centre du Sri Lanka représentent 4 pour cent de la population, selon le dernier recensement national qui date de 2011.

Qui sont les Tigres de libération de l’Eelam tamoul ?

Les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (TLET) formaient un groupe rebelle qui est apparu au milieu des années 1970 ; ils accusaient notamment le gouvernement de faire preuve de discrimination à l’égard de l’ethnie tamoule et dénonçaient les violations des droits de l’homme. Leur objectif était la création d’un État indépendant par l’annexion du nord-est du pays.

Ce groupe était connu pour ses attentats-suicides contre des cibles militaires ou civiles et, depuis 1997, il est considéré au niveau international comme une organisation terroriste. Après avoir tué la plupart des membres du haut commandement des TLET, le gouvernement sri-lankais a proclamé sa victoire sur les rebelles en mai 2009.

Actuellement, les Tigres tamouls ont peu d’influence dans le pays, mais leur idéologie reste populaire chez les membres les plus radicaux de la diaspora tamoule présente principalement en Europe et en Amérique du Nord.

Depuis 2009, l’État a – officiellement et officieusement – fait barrage aux partis qui prônaient l’autodétermination. Les dirigeants tamouls ne revendiquent plus un État indépendant, mais préconisent à la place une décentralisation du pouvoir au sein de l’État existant.

Lors des dernières phases du conflit, des groupes non identifiés ont tué un certain nombre d’illustres législateurs tamouls, avec le soutien présumé de l’État, selon des associations de défense des droits de l’homme. Ces assassinats, ainsi que d’autres moyens de pression, ont forcé les législateurs tamouls à tempérer leur discours nationaliste pour adopter un ton plus conciliant et plus modéré politiquement.

État de l’Union

Le gouvernement à majorité singhalaise ne reconnait pas les demandes d’autodétermination des Tamouls.

Bien que les gouvernements précédents se soient montrés disposés à une décentralisation du pouvoir émanant de la capitale, Colombo, le parti de coalition en place – l’UPFA (United People’s Freedom Alliance) – ne va vraisemblablement pas accorder de prérogatives à la minorité tamoule. À la place, il tente d’abroger le 13e amendement qui leur accorde une décentralisation limitée.

Signé en 1987, le 13e amendement avait créé un système de neuf conseils provinciaux afin de transférer certains pouvoirs aux régions où vivent les Tamouls. Actuellement, tous les conseils à l’exception de celui de la province du nord – la seule province à domination tamoule du pays – fonctionnent.

Officieusement, les analystes affirment que le gouvernement a retardé les élections provinciales dans cette région de peur que les nationalistes tamouls n’accèdent au pouvoir. La position officielle de l’État est que « la gouvernance à l’échelle provinciale pour la province du nord pose un défi unique puisque les habitants de cette province n’ont pas fait l’expérience d’une représentation provinciale démocratique élue pendant de nombreuses années ». En attendant, les structures de gouvernance « sont renforcées progressivement ».

Les radicaux singhalais, représentés par les partis de Jathika Hela Urumaya et du Front de liberté nationale (National Freedom Front) sont opposés à toute décentralisation qui conférerait plus de pouvoir aux Tamouls. Ils font campagne pour un Sri Lanka unitaire dominé par les Singhalais.

Dans le même temps, l’État a été accusé lors des récentes attaques visant des locaux de médias ainsi que pour les assassinats, les disparitions et le harcèlement d’éminents journalistes (tamouls et singhalais). L’arrestation et la détention arbitraire de militants tamouls dans le nord, venant s’ajouter aux militaires singhalais toujours en poste dans la région, empêchent la réconciliation et le retour à la normale, selon les habitants du nord du pays.

Sentiments sur le terrain

Si les législateurs modérés des deux ethnies expriment la volonté d’une réconciliation, ils sont beaucoup moins nombreux que les radicaux qui bénéficient d’un large soutien en dehors des villes, notamment dans le sud rural, région d’origine du président. Les critiques visant le parti au pouvoir en matière de violation des droits de l’homme et d’absence de progrès réalisés pour la réconciliation ethnique ne sont pas répandues en dehors de Colombo et du cercle des citadins éduqués qui représente un faible pourcentage de la population.

Sri Lanka's paddy cultivation regions have shown a high prevalence of chronic kidney disease
Photo: Amantha Perera/IRIN
Le riz est la principale préoccupation
Environ 80 pour cent des Sri Lankais vivent en zone rurale et sont, généralement, plus préoccupés par la récolte du riz que par les droits civiques. Les subventions du gouvernement garantissent un prix fixe pour les engrais depuis 2005 et, suite à une récente sécheresse, les autorités se sont engagées à fournir des graines gratuites aux producteurs de riz qui préparent la récolte de l’année prochaine. Le programme agraire de l’État a contribué à consolider le soutien rural pour Colombo, d’après les analystes.

La pensée politique modérée « n’est pas présente au niveau des villages », a déclaré un militant. « Pour un villageois sans instruction, les discours du président [Mahinda Rajapaksa] évoquant des conspirations internationales sont très sensés. Les villageois le considèrent comme un héros et un roi, et croient religieusement en lui ».

Certains universitaires et radicaux singhalais ont le sentiment que les Tamouls de la diaspora, ainsi que les organisations non gouvernementales (ONG) internationales, les Nations Unies et un certain nombre de gouvernements veulent affaiblir le Sri Lanka en le divisant.

Les recommandations faites après la guerre par la Commission pour la réconciliation instaurée par le gouvernement (dénommée « Lessons Learnt and Reconciliation Commission » - LLRC) et rendues publiques il y a un an, ont été en grande partie ignorées par les radicaux qui les trouvaient trop « favorables aux Tamouls ».

Risques d’un retour à la violence

Les analystes pensent que le risque immédiat de retomber dans le conflit ethnique est faible, ce qui est largement dû à la destruction quasi totale des infrastructures civiles et militaires des TLET. Mais les modérés tamouls et singhalais affirment qu’il existe une menace à long terme de violences répétées si l’État ne répond pas aux problèmes des Tamouls qui ont été soulevés par la LLRC.

La LLRC a notamment évoqué l’assassinat présumé de chefs des TLET qui s’étaient rendus ; les exécutions sommaires courantes de membres de l’opposition et de journalistes ; et les enlèvements et les disparitions qui se poursuivent dans tout le pays (surtout au nord).

Cependant, dans une présentation de novembre 2012 faite au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies basé à Genève, le gouvernement a indiqué qu’il y avait eu des progrès concernant les recommandations de la LLRC, notamment : la traduction du rapport anglais en cinghalais et en tamoul ; la réinstallation de quelque 300 000 personnes déplacées par les combats ; le déminage ; et la réinsertion d’anciens combattants.

L’État a également approuvé un « plan d’action » en juillet 2012 pour appliquer les recommandations de la LLRC ainsi que la création d’une commission chargée d’enquêter sur les pertes civiles et les accusations de violation des droits. L’armée a récemment annoncé qu’elle allait mener sa propre enquête concernant les allégations rapportées par la LLRC.

Les défenseurs des droits de l’homme affirment que ces enquêtes doivent aboutir à des changements concrets pour les droits fondamentaux des Tamouls, y compris les libertés civiles et politiques.

Le gouvernement a indiqué que la stimulation de l’économie et l’amélioration des infrastructures dans le nord à majorité tamoule seront indispensables pour éviter un conflit futur.

Espoirs de paix

« Pour que les choses changent en ce qui concerne la réconciliation, il faut un changement au sein du gouvernement », a déclaré le député Jayalath Jayawardana du parti d’Unité nationale (United National Party), le plus important parti de l’opposition, à l’origine des accords de paix avec les TLET.

Mais les analystes affirment que ce changement est improbable compte tenu de l’immense soutien dont ont profité les radicaux lors des élections de 2010 ; le président avait recueilli 57 pour cent des votes, et son parti, 60 pour cent des votes.

Les prochaines élections – dont la date doit encore être approuvée par le président – devraient se tenir en 2015 ou en 2016.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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