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L’obésité maternelle menace la survie des enfants en Afrique subsaharienne

Pregnant woman's belly. For generic use Dogs and music/flickr
S’assurer que les femmes enceintes mangent à leur faim demeure la principale préoccupation des travailleurs de la santé, en particulier dans les zones rurales plus pauvres de l’Afrique subsaharienne. Or, cette préoccupation a masqué le fait que certaines femmes enceintes sont dangereusement en surpoids.

Au Swaziland, le pays africain où il y a le plus de problèmes de poids, les taux d’obésité et de surpoids maternels atteignent respectivement 27 et 32 pour cent – des niveaux comparables à ceux qu’on retrouve en Europe. Au Royaume-Uni par exemple, environ la moitié des femmes enceintes souffrent d’un surpoids ou d’obésité.

Les statistiques nationales varient beaucoup à l’intérieur d’un même pays. On estime en effet que les taux d’obésité sont trois fois plus élevés dans les zones urbaines que dans les régions rurales. Dans de nombreuses villes, l’épidémie d’obésité est visible, et les causes le sont aussi. Les artères principales des villes nigérianes sont maintenant bordées d’établissements de restauration rapide comme Mr Biggs et Chicken Republic. Les statistiques nationales concernant le surpoids et l’obésité maternels – 17 pour cent et 6 pour cent respectivement – cachent des taux beaucoup plus élevés parmi certains groupes de femmes.

Le surpoids est un facteur de risque connu pendant la grossesse. Jenny Cresswell, épidémiologiste auprès de l’École d'hygiène et de médecine tropicale de Londres (London School of Hygiene and Tropical Medicine), s’est intéressée aux conséquences de ces taux d’obésité croissants sur la survie des enfants.

En utilisant les données collectées dans le cadre des enquêtes démographiques et de santé compilées par ORC Macro pour l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Mme Cresswell et ses collègues ont examiné les chiffres de 27 pays d’Afrique subsaharienne. Ils ont découvert que les bébés nés de mères souffrant d’un surpoids ou d’obésité présentaient beaucoup plus de risque de décès néonatal que ceux nés de mères ayant un poids optimal. Étonnamment, le risque de décès néonatal n’était pas plus élevé chez les bébés nés de mères présentant une insuffisance pondérale alors qu’il s’agit d’une source traditionnelle de préoccupations.

Besoin de plus de données

« Les données étaient surtout limitées par le fait que la taille et le poids des femmes étaient enregistrés après la grossesse. L’idéal aurait été de les mesurer avant ou au tout début de la grossesse, mais les données disponibles ne nous permettaient pas de le faire. Nous sommes malgré tout certains qu’il existe une véritable association », a dit Mme Cresswell à IRIN.

Si elle est claire, l’association avec un risque accru de décès néonatal est cependant moins marquée que dans les pays plus développés. Dans un article publié le 9 août dans le journal médical The Lancet, l’équipe de Mme Cresswell suggère que cela pourrait simplement être dû au fait que les femmes d’Afrique subsaharienne qui ont un surpoids important atteignent rarement les extrêmes de l’obésité morbide (indice de masse corporelle égal ou supérieur à 40 kg/m2) qu’on voit de plus en plus en Europe et en Amérique du Nord.

Les statistiques brutes enregistrent les décès des nouveau-nés et indiquent à quel moment ils sont survenus après la naissance, mais elles ne précisent pas la cause du décès. « Il nous faut des recherches plus poussées, en particulier en ce qui concerne les causes de la mort », a dit Mme Cresswell à IRIN. « Il est fort probable que cet effet soit dû en grande partie à la présence d’un diabète non contrôlé. Et si c’est vraiment le cas, alors nous savons comment traiter le diabète. »

Malgré les données imparfaites avec lesquelles travaillait l’équipe de Mme Cresswell, Ellen Nohr, épidémiologiste à l’université d’Aarhus, au Danemark, considère qu’il s’agit d’une découverte importante. Selon elle, des études plus complètes pourraient révéler des causes pouvant facilement être éliminées par le dépistage de certaines maladies chez les femmes enceintes obèses et l’accouchement dans des établissements équipés d’unités de soins obstétricaux et néonataux d’urgence. Or, a-t-elle ajouté, « on ne peut pas simplement attendre d’avoir des données plus fiables pour agir. »

Les résultats obtenus sont encourageants et montrent que les professionnels de la santé peuvent, lorsqu’ils sont conscients du problème, mettre en œuvre des interventions simples et peu coûteuses qui ont un impact important. L’indice de masse corporelle (IMC) peut être mesuré avec un pèse-personne et une toise. On peut par ailleurs conseiller aux femmes ayant un surpoids de perdre du poids pendant la grossesse et d’accoucher dans une clinique disposant des équipements et du personnel nécessaires.

« En général, ce sont les femmes les plus riches et les plus éduquées qui ont tendance à avoir un surpoids. On peut donc assumer qu’une grande partie d’entre elles auront la capacité d’agir si on leur donne ces conseils lors des visites prénatales », a dit Mme Cresswell.

« Les nutritionnistes parlent généralement de l’obésité en termes de problèmes cardiovasculaires qui surviennent plus tard dans la vie. Or, pour convaincre une femme de maintenir un poids sain, il est probablement plus efficace d’aborder les risques pour son bébé que de lui dire : ‘Vous risquez de tomber malade dans les 20 prochaines années.’»

eb/rz-gd/ag/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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