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La sélection d’IRIN : décès de journalistes, litiges fonciers au Burundi et président Kagamé

Syrian children among a group of refugees intercepted by Turkish coast guard and sent back to the coast city of Izmir Nicola Zolin/IRIN
Voici la liste des lectures recommandées par IRIN. Chaque semaine, notre réseau mondial de correspondants spécialisés partage sa sélection d’articles de recherche, de podcasts, de rapports, de billets de blogues et d’articles de fond à ne pas manquer pour rester au fait de l’actualité mondiale en matière de crises. Nous signalons également les conférences importantes à venir, les publications de livres et les débats sur les politiques.

À lire : notre Top 5

Un métier risqué

Au moins 1 175 journalistes ont été tués dans le cadre de leur travail depuis 1992. Ce chiffre, qui donne à réfléchir, nous vient du Comité pour la protection des journalistes (Committee to Protect Journalists, CPJ). En 2015, 69 noms ont été ajoutés à la liste (motif confirmé). Ce nombre pourrait cependant augmenter, car plusieurs autres cas font encore l’objet d’une enquête.

La répartition géographique des décès est frappante. La Syrie arrive encore en tête du classement avec 13 décès, mais l’écart n’est pas aussi important que les trois années précédentes. L’Irak, le Yémen, le Soudan du Sud et le Bangladesh ont été le théâtre d’au moins cinq décès chacun et six autres ont été enregistrés au Brésil. Il y a aussi quelques bizarreries : deux journalistes d’une chaîne de télévision de la Virginie ont été abattus en direct en août par un ancien employé mécontent ; et huit des neuf décès qui ont catapulté la France au deuxième rang de la liste ont eu lieu dans le cadre de l’attaque contre les locaux du magazine satyrique Charlie Hebdo.

Le nombre réel de journalistes tués pourrait être beaucoup plus élevé. On rapporte jusqu’à 35 cas non confirmés à Mossoul, en Irak, mais le CPJ n’a pas pu obtenir suffisamment de preuves. Un tiers des 90 enquêtes menées en Syrie ont été exclues parce que les journalistes tués appartenaient aussi à des groupes armés ou avaient été vus trop souvent avec des armes.

Dans une interview avec The Guardian, la directrice du plaidoyer au CPJ Courtney Radsch a attiré l’attention sur le caractère inquiétant de cette militarisation : « Il y a un vide d’information, il y a beaucoup moins de correspondant étrangers ; cela est laissé entre les mains d’acteurs nationaux, qui sont par ailleurs nombreux à fuir. Ceux qui sont laissés derrière font souvent du journalisme, mais ils jouent aussi ce double rôle. »

Une question de données

Avec des centaines de bailleurs de fonds et des milliers de départements gouvernementaux et d’organismes chargés de la mise en œuvre, la finance humanitaire internationale est, par nature, complexe.

La création d’une norme unique pour rendre compte des flux d’aide devrait donner un aperçu plus cohérent et transparent des 135 milliards de dollars de dépenses annuelles d’aide et offrir de meilleures perspectives aux pays bénéficiaires et aux contribuables des pays donateurs.

L’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (International Aid Transparency Initiative, IATI) s’est graduellement imposée comme un mécanisme d’échange de données fondamental. Plus de 25 000 entrées ont été enregistrées dans le format commun de donnée pour des activités en 2015 ou après.

Les données disponibles sont loin d’être exhaustives, car un certain nombre de bailleurs de fonds importants n’utilisent pas le format IATI, et elles sont quelque peu inquiétantes, c’est le moins qu’on puisse dire. Ce rapport annuel indique malgré tout que 80 milliards de dollars de flux d’aide ont été rapportés à l’IATI jusqu’en octobre de cette année.

Cette année, la structure de données d’IATI a été modifiée pour créer une distinction entre les dépenses humanitaires et l’aide au développement à long terme. Le suivi en temps réel du financement des opérations d’urgence pourrait bientôt devenir réalité : à surveiller en 2016.

La terre et le conflit burundais

Le glissement apparemment inexorable du Burundi vers la guerre civile a été identifié comme une crise émergente et il est actuellement suivi par des analystes des conflits, des spécialistes des Grands Lacs et des organisations humanitaires. Le magazine Foreign Policy a cependant adopté un point de vue complètement différent. L’auteur de l’article commence par démêler soigneusement un litige foncier complexe avant de raconter l’histoire de la terre au Burundi. Il s’intéresse aux pressions démographiques et aux systèmes culturel et juridique complexes qui en gouvernent la gestion et – de manière cruciale – la propriété. Il aborde les perturbations de l’époque coloniale, les tensions ethniques, aggravées par le génocide et insuffisamment prises en compte dans les accords d’Arusha, et les pressions exercés par une population croissante sur une ressource limitée et un système juridique en déclin. Il en conclut que les conflits les plus destructeurs vécus par les citoyens ordinaires du Burundi ne sont pas les luttes politiques intestines, mais les conflits fonciers. Ces derniers pourraient d’ailleurs accélérer la spirale descendante dans laquelle le pays est engagé.

Référendum rwandais : un président à vie ?

Le 18 décembre, 98 % des Rwandais ont voté pour modifier la constitution du pays afin de permettre au président actuel, Paul Kagamé, de briguer un troisième mandat. Les changements approuvés pourraient en fait lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2034. Si vous avez manquez toute cette histoire, et le chahut qui s’est ensuivi, pas de panique : Global Voices présente un excellent résumé de l’ensemble de la discussion. Le site présente une sélection des principales déclarations de politique, des réactions publiées sur Twitter et, en particulier, des réactions furieuses des commentateurs locaux qui remettent en doute une décision qui ne suit pas le modèle démocratique conventionnel et laisse croire que les Rwandais ne savent pas ce qu’ils veulent. D’autres y voient l’imposition flagrante d’un principe – celui du troisième mandat – qui a causé la perte de nombreux autres pays africains. Mieux vaut être informé sur le sujet, car c’est un débat qui risque de se poursuivre en 2016.

Retour à la case départ

Les photos de réfugiés arrivant traumatisés mais vivants sur les rives de l’Europe ont fait les manchettes des journaux du continent en 2015. Or, ceux qui échouent sont aussi nombreux parmi ceux qui tentent leur chance. Certains se noient, bien entendu, mais des milliers d’autres abandonnent, retournent chez eux ou épuisent simplement leurs économies avant d’arriver à destination. Qu’arrive-t-il aux aspirants migrants qui échouent ? Quelles sont leurs histoires ?

Le Wall Street Journal suit un jeune Malien tandis qu’il combat la faim, la fatigue et les fonctionnaires vénaux et corrompus. Son rêve s’effondre un peu plus chaque jour, à mesure qu’il engloutit ses économies, et même alors que sa détermination augmente. À un moment, Mahamadou Doukara, 25 ans, peut même voir la terre promise de l’autre côté de la Méditerranée. Il a cependant épuisé tout son argent pour faire le trajet jusqu’au Maroc et ne peut plus payer les tarifs exorbitants exigés par les passeurs. Il est contraint de loger dans un hôtel sordide de Rabat que l’on surnomme le Titanic parce que la grande majorité des migrants qui s’y trouvent ont très peu de chances d’atteindre leur destination.

Spoiler : M. Doukara ne finit pas sur une plage espagnole, mais dans la maison familiale au Mali auprès de son père, furieux – et désormais sans le sou.

À admirer :

Terre natale

Parmi tous ceux qui ont été déracinés et dispersés par la guerre en Syrie se trouvent les représentants de la riche scène artistique du pays. Nombre d’entre eux sont aujourd’hui incapables de travailler. Nizar Ali Badr trouve toutefois ce dont il a besoin partout où il va, car son art utilise littéralement la terre et les pierres qui se trouvent sous ses pieds. M. Badr crée des représentations du pouvoir et de l’humanité en arrangeant des pierres pour raconter des histoires au sujet de son pays et de sa vie. Entre ses mains, quelques bâtons et cailloux se transforment en scène de torture affligeante, une famille de réfugiés avançant courbés sous la lune ou un banc de poissons nageant entre les roseaux. Personne ne sait qui il est ni où il se trouve – la rumeur actuelle veut qu’il soit en Turquie – mais, selon M. Badr, son identité est moins importante que son art. Tout ce que vous devez savoir, dit-il, c’est que « j’aime la poussière et les pierres de la Syrie et que mon message est un message humanitaire ».

À regarder :

Réduit au silence

Le 28 décembre, dans la ville frontalière de Gaziantep, en Turquie, Naji Jerf a été abattu en plein jour avec un pistolet muni d’un silencieux. M. Jerf était le monteur de films du collectif de journalisme citoyen syrien appelé Raqqa Is Being Slaughtered Silently [Raqqa est massacrée en silence], qui a été récompensé récemment. Il est le second membre de cette organisation être assassiné en l’espace de deux semaines. Le reporter Ahmad Mohamed Almossa a en effet trouvé la mort le 16 décembre en Syrie. Les collègues de M. Jerf croient qu’il a été tué en partie à cause de son film, qu’il a récemment complété et qui inclut des séquences qu’il a filmées lors du kidnapping et du meurtre d’auxiliaires médicaux en 2013 et 2014. Les lecteurs polyglottes voudront peut-être noter que la vidéo est actuellement disponible en arabe seulement et aller lire la conversation sur sa page Facebook au sujet de la possibilité de créer des sous-titres en anglais et dans d’autres langues.

Une publication d’IRIN :

Un invité indésirable

El Niño et l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Est arrivent juste après la crise syrienne dans la liste des principales préoccupations des organisations humanitaires pour 2016. La semaine dernière, IRIN a identifié les impacts probables du phénomène météorologique pour le sud et l’est de l’Afrique, et, en particulier, pour la Corne de l’Afrique. À cause d’El Niño, des pays et des régions qui, en 2015, ont échappé de justesse à la sécheresse et à l’insécurité alimentaire qui y est associée seront confrontés à une autre année difficile en 2016. Certains pays, comme la Somalie, sont simultanément menacés par les inondations et les sécheresses. Il se peut ainsi qu’ils doivent ainsi composer avec l’émergence de maladies hydriques et la destruction d’infrastructures et de terres agricoles ainsi qu’avec le flétrissement des cultures et la désertification.

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