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Des attaques entravent le travail humanitaire dans le nord du Cameroun

Open air kitchens. Nigerian refugees preparing meals at the Minawao camp in the Far North Region of Cameroon. Thousands of Nigerians have been forced from their homes by the Boko Haram insurgency and the Nigerian military offensive against the Islamist re Otto Bakano/IRIN
Open air kitchens. Nigerian refugees preparing meals at the Minawao camp in the Far North Region of Cameroon.
Selon les travailleurs humanitaires, la recrudescence des attaques menées par Boko Haram, la milice islamiste radicale nigériane, limite les opérations d’aide humanitaire dans la région camerounaise de l’Extrême-Nord, où des milliers de Nigérians sont venus trouver refuge.

Les autorités locales de la région camerounaise de l’Extrême-Nord estiment que quelque 25 000 Nigérians se sont réfugiés dans la région. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a dit qu’il avait enregistré environ 11 000 réfugiés. Récemment, quelque 2 800 réfugiés ont été transférés au camp de Minawao, à 130 kilomètres de la frontière, portant la population totale du camp à environ 6 000.

De nombreux réfugiés ont choisi de rester dans les villages frontaliers des départements de Mayo-Tsanaga et du Logone-et-Chari, espérant retourner rapidement chez eux lorsque les violences s’apaiseront.

Les incursions de Boko Haram dans le nord du Cameroun sont récemment devenues plus fréquentes. En avril, des membres présumés du groupe ont enlevé puis relâché une sœur canadienne et deux prêtres italiens. En mai, 10 travailleurs de la construction chinois ont été enlevés par des hommes armés soupçonnés d’appartenir à Boko Haram. Les Chinois sont toujours en captivité.

À la fin juillet, des militants présumés de Boko Haram ont attaqué la ville de Kolofata et kidnappé l’épouse du premier ministre adjoint du Cameroun et deux autres personnes. Les résidents vivent maintenant dans la peur et leurs déplacements sont également limités par des mesures de sécurité plus strictes.

Les agences des Nations Unies au Cameroun se contentent, depuis, de poursuivre les activités prioritaires comme l’aide aux réfugiés et à certaines communautés hôtes, a dit Jacques Roy, représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) au Cameroun.

« Cela devient de plus en plus difficile. Nous ne voulons pas mettre en danger nos travailleurs [...] Les déplacements sont plus dangereux qu’avant. Ce qui nous inquiète, c’est que nous savons que la sécurité alimentaire de la population locale va se détériorer parce que le commerce transfrontalier a été perturbé et que les prix des denrées importées ont augmenté. L’agriculture pourrait être affectée et il est fort possible qu’il y ait un nouvel afflux de réfugiés, ce qui accentuera la pression exercée sur la population locale », a dit M. Roy à IRIN.

Il a expliqué que le PAM travaillait maintenant en collaboration avec des organisations humanitaires locales pour le transport et la distribution des vivres prépositionnés dans le camp de Minawao et dans des villages et des centres de santé de la région.

Les réserves de vivres stockées à Minawao permettront d’assurer les distributions pour les deux prochains mois. « D’ici novembre, nous nous attendons à ce qu’il y ait des interruptions dans l’approvisionnement alimentaire, à moins que nous réussissions à obtenir très rapidement des garanties de financement additionnel », a indiqué le PAM dans une réponse adressée par courriel à IRIN.

« Pour ce qui est du volet nutrition de notre intervention, on s’attend à ce que des interruptions d’approvisionnement surviennent plus tôt. Des centres de santé commencent déjà à manquer de certains produits nutritifs spécialisés. Il se peut donc que nous devions réduire temporairement le soutien nutritionnel spécialisé que nous offrons aux populations vulnérables de certaines régions. »

L’Extrême-Nord et le Nord sont les régions qui affichent les taux d’insécurité alimentaire les plus élevés du pays : 54 pour cent des ménages sont confrontés à des pénuries. Le PAM craint qu’ils ne soient encore plus nombreux à manquer de nourriture pendant la saison de soudure actuelle et jusqu’au début des récoltes, prévues en octobre-novembre.

Une évaluation nutritionnelle réalisée par le PAM et le HCR en juin a révélé des taux élevés de malnutrition chez les enfants réfugiés. Le taux de malnutrition aiguë global enregistré dans un des villages où se sont installés des réfugiés était de 25 pour cent, soit beaucoup plus élevé que le seuil d’urgence, qui est de 15 pour cent.

Contrer l’insécurité ambiante

Les autorités de la région de l’Extrême-Nord ont imposé un couvre-feu nocturne et interdit les déplacements en véhicule et en moto pendant la nuit pour tenter de contrer les attaques menées par les insurgés islamistes en dépit de l’accroissement de la présence militaire dans cette région isolée.

La détérioration de la situation sécuritaire a également aggravé l’épidémie de choléra qui sévit dans le nord du Cameroun. Plus de 1 400 personnes ont été infectées et plusieurs douzaines d’autres sont décédées. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a récemment exprimé ses préoccupations quant à l’impact de l’insécurité sur les efforts pour enrayer la propagation de la maladie dans le nord du Cameroun. Dans une interview récente, la représentante de l’UNICEF au Cameroun a dit à IRIN qu’elle craignait que l’insécurité n’empêche les travailleurs de la santé communautaires de venir en aide aux populations affectées.

« Les attaques de Boko Haram n’ont pas épargné l’Extrême-Nord camerounais et il est devenu difficile pour les organisations humanitaires de développer leurs activités », a dit Léonard Bello, le préfet du département du Mayo-Tsanaga, dans la région de l’Extrême-Nord.

Les réfugiés installés dans les villages frontaliers bénéficient d’une aide humanitaire limitée en raison de l’insécurité croissante. M. Roy, du PAM, a dit que l’organisation était incapable de venir en aide à ces réfugiés depuis l’attaque survenue à la fin juillet.

Les autorités de la région de l’Extrême-Nord ont, par le passé, exprimé leurs préoccupations au sujet des réfugiés qui choisissent de rester avec des parents camerounais plutôt que de s’installer dans le camp de Minawao. Elles craignent en effet que des éléments de Boko Haram ne s’infiltrent dans les villages sans être détectés, même si certaines des dernières attaques ont été plus hardies que furtives et qu’elles sont allées jusqu’à cibler des postes de gendarmerie.

L’Extrême-Nord camerounais et le nord-est du Nigeria abritent des groupes ethniques qui ont de la famille de part et d’autre de la frontière, parlent la même langue et partagent la même culture. Certains ne considèrent pas qu’ils vont chercher refuge dans un autre pays lorsqu’ils traversent la frontière pour s’installer avec des parents quand les temps sont durs. Les autorités s’inquiètent que de telles situations rendent plus faciles les déplacements transfrontaliers non détectables.

Les organisations humanitaires qui œuvrent au Cameroun estiment que quelque 50 000 Nigérians auront traversé la frontière d’ici la fin de l’année. Selon le HCR, quelque 650 000 habitants d’Adamawa, de Yobe et de Borno – des États du nord-est du Nigeria qui ont été ravagés par les attaques de Boko Haram – ont été déplacés, selon le HCR.

Les villages de l’est du Cameroun accueillent actuellement 107 000 réfugiés de la République centrafricaine (RCA). Nombre d’entre eux sont arrivés cette année à la suite de l’aggravation des hostilités en RCA. On s’attend par ailleurs à ce que leur nombre atteigne 180 000 d’ici la fin 2014.

mn/ob/cb-gd/ld



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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