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Promotion du traitement de la fistule au Liberia

Dr John Mulbah, lead surgeon with the Liberia Fistula Program, leads a patient to surgery in Monrovia Prince Collins/IRIN
La lutte contre la fistule gagne du terrain au Liberia. Les médecins et les infirmiers de 48 centres de santé du pays ont été formés au traitement de cette maladie. Grâce au Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), ce traitement est désormais entièrement gratuit.

Depuis le lancement en 2007 du programme du Liberia contre la fistule (Liberia Fistula Program, LFP), un projet mis en place par le gouvernement avec le soutien du réseau Zonta International et de l’UNFPA, les médecins ont soigné 1 026 cas de fistule.

Si le pays ne compte que six médecins capables d’effectuer cette opération, 65 infirmiers professionnels ont suivi une formation leur permettant de former à leur tour leurs collègues au traitement de la fistule dans les centres de santé ruraux. Quelque 300 infirmiers sont actuellement en formation.

La fistule obstétricale est une lésion qui peut avoir lieu lorsque le fœtus reste bloqué dans la filière pelvigénitale lors de l’accouchement, créant un trou entre le rectum et le vagin.

Selon le LFP, les femmes les plus à risque sont les adolescentes dont le corps n’est pas encore suffisamment développé pour donner naissance. La plupart des patientes soignées jusqu’à présent avaient entre 11 et 20 ans et provenaient de milieux défavorisés. Selon l’UNFPA, environ 75 pour cent des Libériennes accouchent sans l’aide d’un travailleur de santé qualifié, ce qui explique les taux élevés de mortalité et de morbidité et les nombreux cas de fistule.

La forte prévalence de fistules est également liée à la pratique largement répandue de l’excision, qui peut conduire à des complications ou un arrêt de l’accouchement. Le taux élevé de viol d’adolescentes peut également être mis en cause, selon le ministère de la Condition féminine, qui a rapporté 2 493 cas signalés de viol de mineurs en 2012.

Le LFP a également pour objectifs de sensibiliser la population à l’existence d’un traitement de la fistule, d’inciter les femmes à consulter, et de prévenir la fistule en encourageant les Libériens à avoir recours à la planification familiale et à demander l’aide d’un professionnel de santé lors de l’accouchement.

Des messages de santé publique ont été diffusés à ce sujet en 25 dialectes locaux. Selon John Mulbah, chirurgien en chef participant au LFP, ces messages tentent de briser certains mythes largement répandus, comme l’idée que la fistule serait le résultat d’un acte de sorcellerie et ne pourrait être traitée médicalement. Jusqu’à présent, de telles croyances ont empêché de nombreuses femmes de consulter un médecin. Rejetées par leur famille, « plusieurs ont tenté de se suicider », a dit M. Mulbah. « Elles pensent que leur situation est due à un mauvais sort jeté par leurs ancêtres ».

Augmentation constante du nombre de patientes

Selon l’analyse de la situation la plus récente concernant la fistule (qui date de 2006), 57 pour cent des patientes atteintes depuis longtemps sont abandonnées par leur mari ou leur partenaire.

De nombreuses patientes continuent en outre d’être rejetées par leur communauté, même après avoir été soignées. Les médecins et les autorités ont donc reconnu que le LFP devait également répondre aux problèmes de réadaptation et de réintégration.

Les patientes sont de plus en plus nombreuses à consulter pour une fistule et le LFP peine à faire face à cet afflux. Le personnel de santé a besoin de plus de véhicules pour amener les patientes dans des centres de santé parfois très éloignés et pour assurer le suivi de celles qui sont rentrées chez elles, a dit M. Mulbah.

Le médecin se réjouit cependant l’augmentation constante du nombre de patientes. « En tant que médecins, nous sommes fiers que ces femmes puissent commencer à se considérer comme importantes pour la société libérienne. Elles reprennent espoir [et] la lutte va se poursuivre pour sauver encore davantage de femmes. »

Hawa Soko, résidente de Monrovia âgée de 15 ans, a récemment été soignée et a suivi une formation pour devenir tailleuse. « Je suis très heureuse de ma nouvelle situation. Avant, je sentais mauvais et les gens me traitaient de tous les noms à cause de ma maladie. Je pleurais tous les soirs et me demandais pourquoi j’avais une telle vie [...] Aujourd’hui, ma vie est transformée. Je suis une nouvelle femme. Je suis très heureuse. »

Tenneh Jones, 19 ans, a elle aussi été soignée récemment. Elle a dit à IRIN qu’elle avait abandonné l’école à cause de sa maladie. Elle a maintenant repris sa scolarité. « Aujourd’hui, j’ai un nouvel amoureux et tout va bien pour nous », a-t-elle dit à IRIN.

L’UNFPA a lancé une campagne en 2003 pour éradiquer la fistule dans 45 pays en mettant l’accent sur le traitement et la prévention. Selon l’organisation, deux millions de femmes et de filles d’Afrique subsaharienne, d’Asie du Sud et du monde arabe vivent avec une fistule.

pc/aj/cb-ld


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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