Les résidents de Chókwè, l’un des districts les plus sérieusement touchés, ont dû trouver refuge sur les hauteurs lorsque le niveau des eaux du fleuve Limpopo a monté rapidement, le 22 janvier.
Des milliers de déplacés ont pris la fuite, la plupart à pied, pour rejoindre le camp de Chiaquelane, situé à 30 km, où ils ont attendu que le gouvernement et les agences d’aide humanitaire distribuent des rations alimentaires d’urgence et des tentes.
Ce n’est pas la première fois qu’Argentina Guamba, une résidente de la ville de Liondo, située à proximité de Chókwè, est allée à Chiaquelane. Elle et sa famille y sont restées deux mois après les inondations dévastatrices de 2000, qui avaient entraîné le déplacement de près d’un million de personnes. Elle a tout perdu lors de ces inondations et, aujourd’hui, elle craint de tout perdre une fois de plus.
Assise à l’ombre d’un manguier, entourée de femmes et d’enfants, Guamba prépare du riz et des haricots dans deux petites marmites installées au-dessus d’un feu. « Nous les avons achetés nous-mêmes au marché local, et cela ne sera pas suffisant pour nourrir tout le monde », a-t-elle dit. « Nous dormons ici, sous cet arbre ; nous n’avons même pas de moustiquaire ».
L’aide arrive lentement
Pendant les premiers jours de la crise, les tentes fournies par la Croix-Rouge du Mozambique n’ont permis d’abriter que 500 personnes environ. Les camions qui transportaient du riz et des kits d’urgence ont commencé à arriver le 24 janvier. Selon Lola Castro, la représentante des Nations Unies, l’aide était distribuée aussi vite que possible. Cependant, le 26 janvier, seule une partie des quelque 54 000 personnes installées dans le camp disposaient d’une tente ou d’une bâche.
« L’année dernière, il y a eu deux cyclones et nous avons utilisé tous les abris dont nous disposions. Cet équipement n’a pas été remplacé », a dit à IRIN Mme Castro. « Dès juin, nous avons commencé à alerter les principaux bailleurs de fonds et nous les avons prévenus que nous avions besoin de fonds supplémentaires pour cela, mais les bailleurs de fonds commencent juste à répondre à cette demande ».
Le 26 janvier, les déplacés continuaient à arriver à pied à Chiaquelane et dans d’autres petits camps de la région, tandis que des personnes réfugiées sur des toits et dans des arbres étaient secourues par hélicoptère.
« Ici, nous essayons de mettre de l’ordre dans le chaos », a dit Ana Cristina Joao Manuel, directrice nationale de l’Institut national pour la gestion des catastrophes (INGC) du Mozambique. « Les premières priorités sont les besoins de base, comme l’eau et l’hygiène. Nous réparons les pompes à eau et nous construisons des latrines. Le Programme alimentaire mondial [des Nations Unies] effectue des distributions alimentaires.
« Il est difficile d’aider tout le monde en même temps ... mais dès le début des inondations, le gouvernement s’est mis au travail. Il y aura toujours des griefs dans ce genre de situation. C’est normal », a ajouté Mme Manuel.
Mme Castro a noté que la communauté internationale répond à la crise, mais qu’ils attendaient une demande du gouvernement pour amplifier les opérations.
Augmentation des précipitations
Dans une déclaration du 28 janvier, Ignacio Leon-Garcia, directeur régional du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), a indiqué qu’il était nécessaire de renforcer l’aide, y compris en matière d’abri, de nourriture, d’eau, de santé, de protection et de logistique. Une pénurie de médicaments, de sels de réhydratation orale et de moustiquaires a été également été signalée, alors que des cas de paludisme et de diarrhées étaient déjà rapportés dans le camp de Chiaquelane.
Après plusieurs jours de temps sec, les eaux de crues ont commencé à se retirer à Chókwè et à Guija, un autre district gravement touché, mais le 28 janvier, les précipitations ont repris, ce qui a fait augmenter les besoins en matière d’abri. En outre, un système de tempête devrait apporter de fortes précipitations dans le nord du Mozambique entre le 29 janvier et le 4 février.
« Le Mozambique, qui doit faire face à des inondations dans le Sud, est déjà arrivé à la limite de ses capacités ; les inondations dans le Nord pourraient donc avoir de sérieuses implications humanitaires », a dit Mme Leon-Garcia.
Les déplacés de Chiaquelane interrogés par les journalistes d’IRIN souhaitaient, pour la plupart, repartir à Chókwè dès que les eaux de crûes se seraient retirées, au risque d’être à nouveau touchés par les inondations.
« Mes champs sont là-bas. Le sol est idéal pour faire pousser des tomates, du riz, des choux et tout ce que l’on veut », a dit Guamba. « Alors oui, je pense que j’y retournerai ».
Olga Chissano, une mère célibataire de quatre jeunes enfants, n’est pas aussi sûre. Elle a perdu sa maison lors des inondations de 2000 et a laissé tout ce qu’elle avait reconstruit derrière elle.
« Je ne sais pas si j’y retournerai. Je n’en suis pas sûre », a-t-elle dit.
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