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Un monde plus chaud de quatre degrés Celsius

Dry earth in the desert plains of the Danakil depression in northern Ethiopia. For generic use, keywords: drought, famine, dry Siegfried Modola/IRIN
Dry earth in the desert plains of the Danakil depression in northern Ethiopia
Un nouveau rapport publié quelques jours avant le début de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui doit se tenir à Doha, au Qatar, brosse un tableau déconcertant de ce à quoi ressemblerait la planète si un réchauffement de 4 °C se produisait d’ici la fin du siècle.

Selon le rapport, intitulé Turn Down the Heat, Why A Four Degree Celsius Warmer World Must Be Avoided [Baissez le chauffage : Pourquoi un monde plus chaud de 4 °C devrait être évité], nous pourrions connaître une « nouvelle catégorie de vagues de chaleur », d’une ampleur jamais connue auparavant.

D’ici quelques dizaines d’années, les vagues de chaleur qui sévissent actuellement en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient, avec des températures qui dépassent régulièrement les 40 °C, seront un souvenir agréable.

Une hausse des températures de 4 °C d’ici la fin du siècle pourrait entraîner une diminution des réserves alimentaires mondiales et une élévation du niveau des mers et affecter du même coup des centaines de millions de personnes.

Il n’y a par ailleurs aucune certitude que la planète puisse s’adapter à un tel scénario, indique le rapport, une synthèse des plus récentes connaissances en matière de climat préparée par l’Institut de recherche sur l’impact du changement climatique de Potsdam (PIK) et l’organisation non gouvernementale (ONG) allemande Climate Analytics pour la Banque mondiale.

L’adoption de mesures destinées à contrôler les températures mondiales en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES) est l’une des principales questions à l’ordre du jour de la Conférence de Doha.

Signes de réchauffement

Les signes de réchauffement de la planète sont de plus en plus apparents, selon le rapport. « La surface terrestre affectée par la sécheresse a probablement augmenté considérablement au cours des 50 dernières années, un peu plus rapidement que ne le prévoyaient les modèles climatiques. »

La sécheresse qui a frappé les États-Unis en 2012 a affecté environ 80 pour cent des terres agricoles, ce qui en fait la plus grave sécheresse depuis les années 1950. Selon le rapport, les températures qui ont été enregistrées sont sans précédent.

Depuis plusieurs années, des scientifiques tentent de convaincre les États de l’importance de contenir le réchauffement de la planète à moins de 2 °C d’ici la fin du siècle, sans quoi nous risquons une hausse de 4 °C. Or, même une augmentation de 2 °C des températures mondiales d’ici 2100 – inévitable selon plusieurs – aurait des effets catastrophiques, notamment l’aggravation du stress hydrique dans les pays arides et semi-arides, l’augmentation de la fréquence des inondations dans les zones côtières de faible altitude, l’érosion côtière dans les petits États insulaires et la disparition de jusqu’à 30 pour cent des espèces animales et végétales.

Prévisions du GIEC

Les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’autorité mondiale en matière de changements climatiques, montrent qu’une hausse de 2,2 °C pourrait survenir d’ici 2050 si les émissions mondiales de GES demeurent inchangées.

« D’après les données scientifiques disponibles, on peut chiffrer le risque d’un réchauffement climatique supérieur à 4 °C d’ici 2100 à environ 20 pour cent, et celui que ce seuil soit dépassé dès les années 2070 à 10 pour cent, et ce, même si les États respectent leurs promesses et leurs engagements actuels », indique le rapport de PIK/Climate Analytics.

« Le réchauffement ne s’arrêterait pas là », indique par ailleurs le rapport. « Vu la lenteur de la réponse du système climatique, les émissions et les concentrations de GES qui provoqueraient un réchauffement de 4 °C d’ici 2100 entraîneraient une hausse beaucoup plus importante des températures mondiales à long terme, soit 6 °C ou plus. Ce réchauffement donnerait lieu à une élévation de plusieurs mètres du niveau des mers. »

« Il apparaît que les réactions du système terrestre au changement climatique ne sont pas linéaires. Si nous dépassons le seuil du 2 °C pour nous approcher de celui du 4 °C, le risque de franchir le point de non-retour s’aggrave sérieusement. Le seul moyen d’éviter ce piège est de modifier nos modes actuels de production et de consommation », a dit John Schellnhuber, le directeur du PIK, dans une déclaration.

« Graves perturbations »

Le rapport a pour objectif de « nous pousser à agir », écrit Jim Yong Kim, le président de la Banque mondiale, dans la préface. « Dans un monde plus chaud de 4 °C, les communautés, les villes et les pays risquent d’être confrontés à de graves perturbations, dommages et bouleversements, et ces risques seront probablement répartis inégalement. On peut supposer que les pauvres souffriront davantage et que la communauté mondiale sera encore plus divisée et inégalitaire qu’elle ne l’est aujourd’hui. »

« Au cours des 30 à 90 prochaines années, le sud de l’Afrique, les États-Unis, le sud de l’Europe, le Brésil et l’Asie du Sud-Est pourraient être affectés par des sécheresses plus fréquentes et plus intenses »
La vie telle que nous la connaissons actuellement pourrait subir des changements considérables. Au cours des 30 à 90 prochaines années, le sud de l’Afrique, les États-Unis, le sud de l’Europe, le Brésil et l’Asie du Sud-Est pourraient être affectés par des sécheresses plus fréquentes et plus intenses, indique le rapport, citant de nouvelles études. D’ici la fin du siècle, 43 à 50 pour cent de la population mondiale vivra dans des pays qui souffrent de pénuries d’eau, contre 28 pour cent aujourd’hui.

Dans les pays tropicaux d’Amérique du Sud, en Afrique centrale et dans toutes les îles tropicales du Pacifique, « les températures extrêmes deviendront la norme pendant toute l’année », indique le rapport. En fait, les mois qui sont actuellement les plus frais dans ces pays pourraient devenir encore plus torrides que les mois les plus chauds d’ici 2100.

D’après les projections établies pour 31 pays en développement, les deux tiers des risques d’inondations extrêmes concernent 10 villes seulement.

Voici les principales conclusions du rapport :

- Les vagues de chaleur extrême, qui, dans un monde sans réchauffement climatique, ne devraient survenir qu’une fois toutes les quelques centaines d’années, séviront presque tous les étés dans de nombreuses régions. Leurs incidences ne seront pas réparties uniformément. Les hausses de température les plus importantes devraient survenir dans les zones terrestres et varier de 4 à 10 °C. On devrait s’attendre à des hausses de 6 °C ou plus des températures mensuelles estivales moyennes dans la région méditerranéenne, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans certaines parties des États-Unis.

- On observera vraisemblablement une élévation de 0,5 à 1 mètre du niveau moyen des mers d’ici 2100, et des niveaux plus élevés sont également possibles. Certaines des villes les plus vulnérables à ce phénomène sont situées au Mozambique, à Madagascar, au Mexique, au Venezuela, en Inde, au Bangladesh, en Indonésie, aux Philippines et au Vietnam.

- Les régions les plus vulnérables se trouvent en zones tropicales, subtropicales et polaires, où de multiples impacts risquent de s’additionner.

- L’agriculture, les ressources en eau, la santé humaine, la biodiversité et les services écosystémiques seront vraisemblablement gravement touchés. Ces répercussions pourraient engendrer de vastes déplacements de populations, réduire la sécurité et perturber les systèmes économiques et le commerce.

- De nombreux petits États insulaires risquent d’être incapables d’assurer la survie de leur population.

La Banque mondiale a exhorté les pays à entreprendre un virage vers une économie plus verte, à réduire leur consommation de combustibles fossiles et à investir dans des infrastructures capables de supporter des températures extrêmes et d’autres chocs climatiques.

jk/cb-gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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