1. Accueil
  2. West Africa
  3. Senegal

Vers un vaccin contre la dengue

The 'Aedes aegypti' mosquito which is the carrier of dengue fever WHO
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que la dengue est devenue un « sujet majeur de préoccupation pour la santé publique dans le monde ». Selon ses estimations, 50 à 100 millions de personnes sont infectées par le virus chaque année ; la dengue est la première cause de mortalité chez les enfants en Asie et en Amérique Latine, et elle se propage désormais à de nouvelles régions de l’Afrique et du Moyen-Orient.

Mais la lutte contre la dengue est difficile. Il n’existe aucun traitement contre cette maladie, seuls les symptômes peuvent être atténués. Et bien que des vaccins contre des virus apparentés, comme la fièvre jaune et l’encéphalite japonaise, aient prouvé leur efficacité, aucun vaccin sûr et efficace n’a pu être mis au point pour la dengue.

Une équipe de chercheurs du laboratoire pharmaceutique Sanofi Pasteur a effectué un essai randomisé de son candidat-vaccin auprès de 4 000 écoliers du nord de la Thaïlande et a obtenu des résultats intéressants. Le vaccin ne s’est révélé que partiellement efficace, mais les conclusions de l’équipe – publiées dans le journal scientifique britannique The Lancet – suggèrent que les scientifiques se rapprochent d’un vaccin efficace contre la dengue.

L’un des auteurs du rapport, Derek Wallace du laboratoire Sanofi-Pasteur, a indiqué que ces résultats constituaient une étape majeure. « Notre étude constitue la toute première démonstration qu’un vaccin sûr et efficace contre la dengue est possible », dit-il. « Des essais supplémentaires [du vaccin] sont en cours dans plusieurs pays, et nous espérons que les résultats positifs de cet essai seront confirmés par des études de plus grande ampleur ».

L’essai a été réalisé à l’hôpital de Muang, district de la province de Ratchaburi, par des chercheurs de l’université Mahidol de Bangkok. Il a porté sur des enfants âgés de 4 à 11 ans scolarisés dans 35 établissements locaux. Deux tiers d’entre eux ont reçu trois doses du vaccin baptisé « CYD-TDV » (un vaccin vivant tétravalent atténué recombinant, préparé à partir de la souche 17D de la fièvre jaune et cultivé sur cellules Vero). Le groupe de contrôle a reçu un vaccin antirabique ou un placebo.

Les enfants ont reçu trois injections à six mois d’intervalle ; les scientifiques ont recherché la présence d’anticorps anti-dengue dans le sang, ont recensé tous les cas de fièvre, modérée ou élevée, et relevé les cas de fièvre liés à la dengue.

Les résultats de l’essai clinique sont mitigés : le vaccin semble être sûr et bien toléré, mais il n’a qu’un effet limité. Il est capable de protéger les patients contre la maladie causée par trois types du virus de la dengue : DEN-1, DEN-3 et DEN-4. Bien que les enfants vaccinés aient produit des anticorps contre le sérotype DEN-2, le taux d’infection chez ces enfants était identique au taux d’infection chez les enfants du groupe de contrôle. Malheureusement, le sérotype DEN-2 est le plus répandu dans le nord de la Thaïlande.

Mise en garde

Scott Halstead de l’International Vaccine Institute (IVI) de Séoul note que les résultats enregistrés manquent de pertinence, car le vaccin n’a pas été testé sur les adolescents, qui ont un risque accru de contracter la forme sévère de la maladie. M. Halstead a dit : « Les résultats de l’essai clinique montre que le vaccin est efficace contre les types 1, 3 et 4 du virus de la dengue, mais les données sont insuffisantes pour mesurer le taux d’efficacité du vaccin contre la forme sévère de la maladie. Les prochains essais du vaccin contre la dengue devront faire la preuve de son efficacité contre la forme sévère : ils devront inclure un nombre suffisant d’enfants à risque ».

Bill Messer, professeur adjoint d’enseignement clinique au Département des maladies infectieuses de la faculté de médecine de Caroline du Nord, est plus direct : au cours de ces dix dernières années, Sanofi Pasteur a essayé d’améliorer le vaccin (le laboratoire a commencé à publier des rapports en 2001), mais celui-ci n’induit pas encore de « solide » réponse immunitaire.

« Cette [étude] est une première étape encourageante, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Elle n’a pas réussi à montrer que le vaccin était capable de protéger contre la forme sévère de la maladie. Il s’agit d’un indicateur de résultat important [pour un vaccin contre la dengue]. Il faut prouver aux populations concernées que le vaccin peut les protéger contre la forme sévère de la dengue pour favoriser [la vaccination] », a-t-il dit.

Alors que la majorité des personnes infectées par la dengue n’ont pas de symptômes ou ne présentent qu’une douleur modérée et un rash (éruption ctuanée), jusqu’à 10 pour cent d’entre elles développent une forme « sévère » mortelle de la maladie (autrefois appelée fièvre hémorragique dengue). Seuls cinq enfants ayant participé à l’essai clinique ont développé la forme sévère de la maladie, un nombre de cas trop peu élevé pour tirer des conclusions. Selon les auteurs, les essais actuellement réalisés auprès de 30 000 adultes et enfants vivant dans des pays où la dengue est endémique permettront de remédier à ce problème.

M. Messer a également indiqué que le nombre de personnes dépistées en Thaïlande était insuffisant pour conclure que le vaccin ne favorisait pas le développement de la forme sévère de la dengue. Des experts de la santé ont exprimé leur inquiétude quant aux complications liées au vaccin contre la dengue et qui pourraient provoquer une infection plutôt qu’offrir une protection.

Bien que les essais cliniques aient obtenu des résultats positifs, il semble qu’il faille encore attendre avant de trouver un vaccin contre la dengue.

eb/pt/cb-mg/


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join